Harlan Coben tient en haleine
Tant pour les prix qu’il va remettre à Cannes, ce soir en tant que président du jury que pour la série Safe, dont il est le créateur, le romancier sait décidément maintenir le suspense
Il déploie sa haute carcasse, avec un appétit gargantuesque. Tant actif que créatif. S’il était luimême personnage de fiction, l’écrivain pourrait être un géant rabelaisien. Car sur son crâne lisse, Harlan Coben multiplie désormais les casquettes, comme d’autres enfilent des perles. Romancier papivore à succès, aux trente et un polars vendus par millions à travers le monde. Mais aussi créateur, coscénariste et producteur de Safe, la série projetée en avant-première mondiale ce soir, après la cérémonie de clôture. Tout ça dans le costume, forcément large, de Président du jury au premier Festival CanneSeries. Ouf ! « Je peux déjà vous dire que ce soir, je serai très fier de remettre des prix aux séries que j’ai pu voir durant cette semaine, annonce l’ami américain. C’est pour moi un réel honneur de présider CanneSéries, d’autant que la télé en est devenue géniale. Le genre vit son âge d’or ». Safe confirme la règle. Une réalisation musclée et léchée, un scénario dense, et des personnages fouillés : les ingrédients littéraires du maître du suspens font aussi recette à l’écran. « Moi-même, j’aime consommer une série avec excès, et je regarde tous les épisodes d’un coup comme on dévore les pages d’un bon bouquin, revendique ce fan absolu de Fargo. J’espère susciter la même attente impatiente après les deux premiers épisodes de Safe. Et je vous promets que la fin de la série sera surprenante ! ». Pari tenu. Surtout lorsque le casting réussit à ressusciter Dexter (Michael C. Hall) de Six feet under, tout en débauchant notre (Audrey) Fleurot nationale ! «Michael est un des plus grands acteurs à l’heure actuelle. Il était emballé par le script, et a tenu à jouer le rôle. Audrey est une belle actrice, très douée, que j’avais déjà remarquée dans Engrenages. Elle était parfaite pour jouer Zoé ». Soit un père veuf démuni face à la disparition de sa fille, et une prof soupçonnée d’abus sexuel sur mineur, dont le fils ne donne plus signe de vie non plus. Action trépidante, mais aussi casse-tête psychologique. Thriller et drame. « Une histoire à suspens, ça ne suffit pas. il faut aussi ressentir des émotions avec les personnages ». Lorsqu’il nous tient en haleine, Harlan Coben éprouve les coeurs. À tous les sens du terme.
Je peux vous manipuler par le suspense, mais il faut aussi vous émouvoir ! ”