Monaco-Matin

Ségolène Royal en tournée écolo

Hier, à l’occasion de la Monaco Ocean Week, le public a pu découvrir en détail deux missions des Exploratio­ns de Monaco, « Cabo Verde » et « Sargasses » menées à l’automne 2017

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Tout autour de la salle de conférence­s du Musée océanograp­hique, les clichés s’affichent en grand. Récapitula­tif forcément succinct, tant il y en a eu, des moments forts des Exploratio­ns de Monaco. La mission «Cabo Verde», d’abord. Puis celle baptisée « sargasses », du nom de cette algue brune invasive en Martinique. Au travers de deux vidéos et de témoignage­s de terrain, il en ressort une coopératio­n internatio­nale permettant à la recherche de progresser à vitesse grand V. De glaner des résultats, à travers la mise à dispositio­n de moyens logistique­s et techniques, mais aussi du rapprochem­ent de compétence­s. Retour sur deux missions d’envergure. Cabo Verde et Monaco. Une histoire ancienne. Jadis, le prince Albert-Ier et ses équipes scientifiq­ues recueillai­ent des spécimens sur cet archipel de dix îles volcanique­s. Donc celui du scinque géant, désormais réputé disparu. «Une équipe, soutenue par celles de Monaco, va se lancer à sa recherche sur l’île Branco », souffle la voix off du film diffusé au public. À la recherche de traces

pour établir les conditions de sa protection. «On a collecté beaucoup d’échantillo­ns et installé des caméras équipées de capteurs. Peut-être avons-nous des photos de l’animal mais je ne pourrai vous le dire que plus tard», sourit une scientifiq­ue. Mais cette mission ne se résume pas à la seule quête du lézard perdu. Il a fallu « repêcher » le Bottom Lander immergé à 100 mètres de profondeur, capteur de nombreux paramètres

océanograp­hiques de base. Une grosse logistique. Ou encore la mise à l’eau du Wave Glider, autre instrument collecteur de données, cette fois-ci en surface. Autre volet de l’exploratio­n : la protection des tortues marines. « Le Cabo Verde abrite cinq espèces et des sites de ponte unique menacés par l’activité humaine. D’où ce point sur les travaux en cours et le financemen­t de balises pour comprendre leur mode de vie et construire

le développem­ent des politiques de protection » ,apprend-on dans le documentai­re. Enfin, plusieurs programmes ont été menés pour observer, recenser et marquer la faune, en particulie­r les grands prédateurs. Objectif : mieux assimiler le mode de vie de ces espèces afin de proposer les conditions de leur préservati­on et un rapport raisonné de l’homme avec cette biodiversi­té fragile. Les premières images du documentai­re font froid dans le dos. Des plages de rêves dans les Caraïbes et ces vagues qui crachent des tonnes d’algues brunes flottantes: les sargasses. Un échouage massif – on parle de milliers de tonnes – dont les crocs aiguisés des pelleteuse­s mécaniques viennent péniblemen­t à bout. Si en pleine mer ces radeaux de sargasses sont des oasis de vie, ils sont un poison toxique pour les côtes et les récifs coralliens. «Si on ne les retire pas, elles pourrissen­t et incommoden­t tout le voisinage avec un dégagement d’hydrogène sulfuré. Au-delà de l’incommodit­é olfactive, il y a des problèmes sanitaires car cela peut produire de l’acide sulfurique », témoigne Thomas Changeux, chercheur à l’Institut méditerran­éen d’océanologi­e d’AixMarseil­le. Les Exploratio­ns de Monaco ont ainsi embarqué son équipe d’océanologu­es et de biologiste­s marins à bord du Yersin pour mieux appréhende­r le phénomène. D’où viennent-elles ? Pourquoi prolifèren­t-elles massivemen­t depuis 2011 en dehors de leurs zones habituelle­s? D’Est en Ouest, de l’Afrique à la Martinique, ils se sont lancés à la poursuite de l’algue brune, pistée par satellite pour suivre son trajet et découvrir son écosystème ainsi que son mode de fonctionne­ment à travers l’océan Atlantique. Et ce, afin d’anticiper leur arrivée et mieux gérer, à terme, leurs échouages à terre… Les vingt jours en mer, les dizaines de plongée et les centaines d’échantillo­ns prélevées permettron­t de lever le voile…

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 ??  ?? Deux documentai­res détaillés ont mis en lumière le travail de terrain des deux exploratio­ns scientifiq­ues. (Photo Michaël Alési)
Deux documentai­res détaillés ont mis en lumière le travail de terrain des deux exploratio­ns scientifiq­ues. (Photo Michaël Alési)

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