Leçon de pêche durable… et gourmande
« Comment choisir et consommer des produits de la mer durables pour un océan en bonne santé?» Voilà la grande question de la matinée du côté de la terrasse du Stars’N’Bars. Là, des enfants de cinq classes de CM1 et CM2 (deux de La Condamine, deux de FANB et une de l’Ecole internationale de Monaco) ont eu l’occasion de parfaire leurs connaissances au travers de huit ateliers pédagogiques. « Nous sommes déjà très concernés par la protection des espèces maritimes. Nous sommes partis en classe de mer à Sausset-les-Pins (13), nous avons aussi effectué de la sensibilisation à propos de la pollution des océans. Cet événement, est dans la continuité de ce qui est entrepris à Monaco, c’est une chance », estime Mélanie Fabre, institutrice des CM1 de FANB.
Le poisson et les saisons
Les scolaires ont aussi eu l’opportunité de goûter à de petits plats concoctés par de grands chefs. Pour une fois, ces derniers n’étaient pas aux commandes. Ils avaient pour mission de préparer des recettes imaginées par les élèves du Lycée technique et hôtelier. Fréderic Ramos, du Novotel, s’est par exemple essayé au « tartare de chinchard et coulis de betterave ». Benoit Witz, de l’Hermitage, a proposé à la dégustation un « filet de mulet snacké sur lit d’artichaut violet, tomate cerise, olives noires et espuma d’asperges ». Marcel Ravin, du Monte-Carlo Bay, s’est lancé sur un «maquereau brûlé au cannelloni de riz aux algues, concombre et radis ». Au-delà de l’étalage du savoir-faire de ces « toqués », l’idée était de mettre en lumière des poissons issus de la pêche méditerranéenne. Des espèces paradoxalement peu présentes dans les assiettes comme le pageot, le serran ou le grondin. Lancée par le Réseau mondial océan, l’opération « Mr Goodfish » cherche à éclairer les choix de la filière et des consommateurs en établissant des listes de poissons vers lesquels s’orienter, en fonction des saisons ou des façades maritimes. « Nous effectuons des recommandations positives, avec pour objectif de ne pas concentrer la pression sur une seule espèce. Six semaines avant le changement de saison, un comité composé de pêcheurs, de scientifiques et de mareyeurs se réunit pour mettre ces listes au point », détaille Justine Delettre, chargée du programme Mr Goodfish.
Une inspiration pour toutes les cantines monégasques ?
Pour la Méditerranée, c’est Auriane Pertuisot, de la Fondation Prince Albert II, qui est chargée de la coordination. « Ce programme suscite un engagement fort en France. Même certaines enseignes de la grande distribution travaillent avec nous. Et on espère convaincre de nouveaux adhérents.» Justement, hier, une convention de partenariat a été signée entre le Lycée technique et hôtelier et Mr Goodfish. L’établissement pourra utiliser le
logo « Bon pour la mer, pour vous » sur les menus de son restaurant d’application, qui feront la part
belle à la pêche locale. « Dans nos cours, nous avons déjà intégré le concept de préservation des espèces menacées. Il est important de semer la graine auprès de ceux qui seront les professionnels de demain. En collaborant avec les chefs invités pour cette journée à la Monaco Ocean Week, nos étudiants ont également découvert des produits qu’ils n’avaient jamais préparés, ou même goûté auparavant », se félicite le proviseur Jean-Marc Deoriti-Castelini. Pour ce qui est des assiettes dévorées quotidiennement dans les réfectoires monégasques, les éternels
colins, hokis et saumons ont encore droit de cité. Bientôt, ils devraient laisser plus de place à leurs
cousins méditérranéens. « On a l’intention de demander à notre prestataire de restauration collective d’appliquer cette démarche pour l’ensemble de nos cantines. C’est enclenché, on espère mettre tout cela en oeuvre rapidement. Peut-être dès la rentrée de septembre », glisse Marie-Cécile Moreno, directeur adjoint de l’Éducation nationale.