Un e Festival de Cannes en manque de stars ?
La sélection officielle, dévoilée hier, privilégie une cinéphilie exigeante et manque singulièrement de glamour. Beaucoup de grands noms manquent à l’appel...
Un fort renouvellement ». C’est ce qui caractérise, selon Thierry Frémaux, la sélection officielle du 71e Festival de Cannes, annoncée hier à Paris. Effectivement, beaucoup de grands noms attendus manquent à l’appel. C’est le cas notamment de Jacques Audiard, Xavier Dolan, Terry Gilliam, Nuri Bilge Ceylan, Terrence Malick, Brian de Palma, Lazlo Nemes, Damien Chazelle, Pablo Trapero, Naomi Kawase, Paolo Sorrentino, Olivier Assayas, Claire Denis, Yorgos Lanthimos, Woody Allen et quelques autres, dont les films étaient pourtant prêts. Sans eux et leurs castings étoilés, le tapis rouge risque d’être singulièrement dégarni cette année.
Films asiatiques, russes, brésiliens...
Au vu des films retenus en sélection, les stars se compteront même sur les doigts d’une main, ou deux. Javier Bardem et Penélope Cruz pour le film d’ouverture (Everybody Knows d’Asghar Farhadi), Vincent Lindon pour le film de Stephane Brizé En Guerre, Emmanuelle Bercot et Golshifteh Farahani pour Les Filles du soleil d’Eva Husson, Adam Driver et Topher Grace pour Under the Silver Lake de DR MItchell, Sergi Lopez pour Lazzaro Felice d’Alice Rohrwacher, Marion Cotillard pour Gueule d’ange de Vanessa Filho, Mads Mikkelsen pour Arctic de Joe Penna et... C’est tout, ou presque ! La montée des marches à ne surtout pas rater pour les chasseurs d’autographes sera celle du film de Gilles Lellouche, Le Grand Bain, qui réunit Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Virginie Efira, Leila Bekhti, Philippe Katerine et Marina Foïs. Sinon, il faudra faire avec des équipes de films asiatiques, russes, libanais, marocains, iraniens, africains et brésiliens aux acteurs inconnus. Les véritables stars de l’édition seront Jean-Luc Godard, dont le nouveau film expérimental Le Livre d’image, sera présenté en compétition. Spike Lee, qui fait un retour au Festival après presque 20 ans d’absence; et Jafar Panahi, si les autorités iraniennes permettent, cette fois, qu’il accompagne à Cannes son nouveau film (Three Faces)... Interrogé sur une possible « perte d’attractivité » du Festival, notamment vis-àvis des grosses productions, Thierry Frémaux rappelle que le nouveau spin off de Star Wars (Solo : A Star Wars Story), sera présenté en avant-première mondiale.
Peur du «bad buzz»
Mais le délégué général reconnaît que pour certains films, l’exposition cannoise « peut représenter un danger ». C’était, semble-t-il, le cas pour le premier film américain de Jacques Audiard (Les Frères Sisters avec Joaquin Phoenix, John C. Reilly et Jake Gyllenhaal), que la production n’a pas souhaité présenter à Cannes. Idem pour le prodige Québecquois Xavier Dolan, qui a choisi de refaire le montage de son prochain film (Ma vie avec John F. Donovan), plutôt que le jeter tel quel en pâture à la critique cannoise. Même s’il s’en défend, on comprend mieux les efforts du délégué général pour préserver la susceptibilité des studios, en refusant désormais de montrer les films de la compétition à la presse avant leur projection de gala. À l’heure des réseaux sociaux globalisés un « bad buzz» cannois peut vite se révéler dommageable, sinon mortel...