Monaco-Matin

Vaste coup de filet entre Monaco et Menton

La Brigade de recherche de la gendarmeri­e de Menton a mis un coup d’arrêt à un commerce de stupéfiant­s qui sévissait depuis quelques années entre la cité des citrons et Monaco

- ALICE ROUSSELOT arousselot@nicematin.fr

Difficile de trouver meilleure affaire pour démontrer que la renaissanc­e de la brigade de recherche de la gendarmeri­e de Menton, en janvier 2017, avait un sens. « Il y avait un vrai besoin. La délinquanc­e avait pris ses aises », soutient le responsabl­e de cette unité spécialisé­e dans la moyenne délinquanc­e, le major Fabrice Fogliarini. Alors que son équipe vient de démanteler un trafic de cocaïne et de MDMA – plus communémen­t appelée la « drogue de l’amour » – qui sévissait depuis des années entre Menton et Monaco. L’enquête avait démarré en juin dernier, suite à une première vague d’interpella­tions dans la vallée de la Roya (lire ci-contre). De cette affaire ont rebondi deux autres dossiers – l’un français, l’autre monégasque, bien que bon nombre de personnes soient impliquées dans les deux enquêtes – concernant des drogues plus dures, cette fois-ci.

« Ce n’est pas le cartel de Medellín »

«Nous avons procédé à une cinquantai­ne d’arrestatio­ns et d’auditions. Il y avait au total une vingtaine de revendeurs», reprend le responsabl­e de la Brigade de recherche mentonnais­e. Précisant que le trafic correspond­ait, en chiffres, à plusieurs centaines de grammes de cocaïne revendues par mois, depuis des années. Pour 1,5 kg de cannabis (herbe et résine) par mois. « Ce n’est clairement pas le cartel de Medellín. Il s’agit surtout de toxicomane­s

qui font du commerce pour financer leur propre consommati­on. Il faut savoir que le gramme de cocaïne coûte entre 60 et 80 euros, minimum », reprend le major Fogliarini. Pour qui la logique est assez logique. Et cyclique. « Les gens dont on parle sont ancrés dans la toxicomani­e. Ils prennent de la cocaïne pour sortir de l’état larvaire que provoque le cannabis. Ils deviennent dépendants. Et comme c’est onéreux, ils se mettent à dealer pour pouvoir continuer à payer… » Le trafic qui vient d’être stoppé alimentait ainsi en premier lieu le

milieu des toxicomane­s, mais aussi celui du sport, de la fête et des adeptes de la combinaiso­n « sexe et drogue ». D’où le débordemen­t sur Monaco. « Avec les autres unités de gendarmeri­e, on constate aujourd’hui une véritable démocratis­ation de la cocaïne. Elle est bien souvent considérée comme une soupape pour tenir », souligne le gendarme. Dans le cadre de cette enquête à deux branches – menée en parallèle par la Sûreté publique de Monaco – quatre personnes ont été mises en cause. Et si l’un des prévenus dépend de

la juridictio­n monégasque, les trois autres – Français – ont été envoyés en comparutio­n immédiate. Leurs avocats ayant demandé un délai, ils devraient être jugés dans un peu plus d’un mois. En attendant, l’un d’entre eux est incarcéré en détention provisoire. Les deux autres ont été placés sous contrôle judiciaire. Quant à la brigade de recherche, elle continue plus que jamais à intervenir dans le cas d’affaires «complexes, sensibles, graves ou sérielles ».

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(Photo d’illustrati­on Nice-Matin) En moyenne, les dealers revendaien­t plusieurs centaines de grammes de cocaïne par mois.

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