Monaco-Matin

Le printemps du côté de Segra

Retrouvez comme chaque samedi, la rubrique d’art et d’histoire du pays Mentonnais. À l’occasion du 20e printemps des poètes, Maurice Naret propose un texte tout en poésie...

- MAURICE NARET

Quel vent amène-t-il à Segra cet aspirant troubaire en cet étrange jour de printemps ? Vent glacé et soleil fugitif mais pourtant cordial l’instant d’après. Sombre manteau de nuages bleu foncé qui laisse tomber quelques légers flocons. Ce visiteur longe le refuge de Pierre, à peine repéré par une jonquille et, une fois la porte franchie, le voici dans une ruche d’amis. Pourquoi une ruche ? Ce sont les conversati­ons qui s’entrecrois­ent qui m’y font penser. Le café, suivi du génépi maison, le somptueux feu de cheminée, tout cela donne du tonus. Quelques hôtes méditent, le dos tourné vers le feu. Maurice, quant à lui, bien emmitouflé, ferme les yeux comme pour s’isoler des conversati­ons qui lui parviennen­t.

«Une toile impression­niste»

J’imagine qu’il pense à ces beaux jours où, après le déjeuner, il peut aller s’asseoir contre le mur de son refuge. Là, il se régale de l’odeur de l’herbe et du goût de la brise légère. Je crois deviner qu’en pensée, il y est déjà !... N’a-t-il pas perçu cette branche qui ploie sous le poids du merle et le pas de ce visiteur qui ; sans doute, va lui conter des choses où se mêlent étroitemen­t le réel et l’imaginaire. L’herbe, alentour, est à peine froissée… Le troubadour est déjà reparti, aussi leste que la brume ! Avec en tête, cette belle poésie : « Le soleil frappait le sol en ce beau jour de printemps qui portait en lui les ardeurs de l’été. Cela faisait plusieurs fois que cet homme passait le long de cette pente habitée par des coquelicot­s. Tout de suite, Il pensa à une toile impression­niste mais pas alourdie par un cadre classique. Tout juste un frémisseme­nt délicat, coloré, bref, une sorte d’état d’âme ! De grands pans d’ombre vert sombre alternaien­t avec des herbes ensoleillé­es où les petites fées rouges oscillaien­t doucement dans leurs habits fragiles. L’homme n’était pas connu c’est pourquoi sans doute, Il effleura seulement ce domaine sauvage, le laissant se fondre lentement dans le silence en pensant secrètemen­t à la trop fugace éclosion du printemps. »

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(Photo M.Naret)

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