Nice: un abattoir et des dortoirs clandestins à l’Ariane
Les services de la Ville et de l’État ont découvert 855 m2 de constructions illégales à l’Est de Nice, avec suspicion d’activités de marchand de sommeil. Des PV ont été dressés et le pocureur a été saisi
C’est une impasse qui monte de la rue Général-Saramito, à l’Ariane. Avec un grand portail au bout. La rue des Coteaux, encombrée et défoncée. Une rue où règne l’anarchie. Voitures garées partout… Mais c’est surtout une rue avec deux numéros «4». Le légal : un immeuble en L protégé par un portail. Et l’illégal, situé un peu plus haut et qui abrite un îlot illicite. 855 m2 de constructions illégales, selon les services de l’État et de la Ville qui sont intervenus le 3 avril, (lire par ailleurs). Lorsque l’on passe le petit portillon au 4, écrit à la peinture blanche, pas âme qui vive. Pourtant, des vêtements sèchent sur le grillage, des jouets d’enfants jonchent la petite allée. Des paraboles ont été accrochées à la va-vite sur les grilles… Au «rez-de-chaussée», 8 logements. Fenêtres minuscules et toit «collé» à la dalle au dessus sur laquelle des camions sont garés et du matériel de construction entreposé. Danger!
«Je paie euros»
Un locataire entre-baille sa porte. «Oui j’habite ici, mais il faut que je trouve ailleurs, c’est pas facile», oset-il, en regardant furtivement à droite et à gauche. Le «locataire» finit par avouer: «Je paie 400 euros pour un tout petit truc.» «Environ 10 m2», avouera-t-il. Il s’éclipse rapidement: «Le propriétaire, il n’est pas là, mais il habite là.» Là? Pas vraiment. Les deux propriétaires, Ferid et Mohamed, un père et son fils, habite au «premier étage». On y trouve 5 autres logements illégaux, dont une villa, celle du père et un «grand appartement», celui du fils. Au premier étage, on passe au cran supérieur, le béton de l’allée est remplacé par des dalles carrées de couleur ocre et blanche. Impossible à vérifier, mais c’est peut-être la construction légalisée a posteriori, (lire par ailleurs).
Des familles avec enfants
Selon une source proche du dossier, une cinquantaine de personnes logeraient dans les 13 appartements. Dont des familles allant «de 2 à 5 enfants». Ferid, contacté, n’a pas souhaité s’exprimer. «Je suis face à l’État comment voulez-vous que je me défende. J’ai fait le con…», lâche-t-il dans un sanglot, avant de raccrocher. Le procureur de la République (Photo S. G.) a été saisi par Christian Estrosi notamment pour «suspicion d’activité de marchand de sommeil». La petite entreprise familiale était en tout cas légalement enregistrée. Une SCI, immatriculée le 26 novembre 2013, sans employés avec pour dénomination «Location de terrains et d’autres biens immobiliers». Domiciliée au 4, rue des Coteaux avec pour gérant: Mohamed, le fils, âgé de 33 ans. «Mais c’est le père qui prenait les sous», lâche un autre locataire. Mohamed est également gérant