Monaco-Matin

Nice: violeur ou séducteur filou?

La justice abandonne les poursuites contre un retraité qui, se faisant passer pour un mannequin, avait eu des relations sexuelles avec des dizaines de femmes. La Cour de Cassation est saisie de l’affaire

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Gérard S., un Niçois de 70 ans, malgré le poids des années et un physique disgracieu­x, est parvenu à obtenir par divers stratagème­s des relations sexuelles avec des femmes contactées via Internet. Pour ses avocats, Me Laurent Poumarède, Me Laetizia Zeller et certains magistrats, Gérard S. est un as de la séduction qui a su profiter de la crédulité de femmes en quête du grand amour. Pour trois de ses victimes et un juge d’instructio­n niçois, c’est surtout un vulgaire prédateur sexuel qui doit comparaîtr­e devant une cour d’assises. La Chambre de l’Instructio­n de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence vient de trancher en faveur du prévenu. Il n’y a pas lieu, selon elle, à le renvoyer devant une juridictio­n criminelle, le viol n’étant pas au regard du Code pénal, constitué. Me Mohamed Maktouf, avocat de deux plaignante­s (une Azuréenne de 35 ans et une Ardéchoise de 37 ans) ne partage pas du tout l’avis des magistrats aixois. L’avocat niçois parle de « coup de théâtre ». « Je savais que le parquet était partagé sur ce dossier. Nous avons aussitôt décidé Me Maktouf a saisi la Cour de cassation.

(Photo F. Vignola) de nous pourvoir en cassation. »

En relation avec  femmes

Des dizaines de femmes auraient été piégées par le subterfuge de ce faux mannequin mais vrai retraité. Avec la création d’un profil Facebook où il utilisait la photo très avantageus­e d’un mannequin américain, un certain Anthony Laroche, Gérard S. se présentait comme designer à Monaco. Ce Don Juan d’Internet entamait des conversati­ons avec des inconnues et finissait par les séduire. Après quelques rendez-vous qu’il décommanda­it, il finissait par inviter sa dernière conquête à son domicile. Là, dans l’obscurité, il lui proposait un scénario inspiré du best-seler Cinquante nuances de Grey, yeux bandés, musique d’ambiance… Mais certaines se sont aperçues de la supercheri­e et ont déposé plainte. Cent cinquante femmes auraient échangé avec l’individu, selon les enquêteurs de la brigade criminelle. Ont-elles franchi le palier de Gérard S.? Certaines honteuses d’avoir été dupées, préfèrent-elles se taire ? Me Poumarède rappelle que son client est inconnu de la justice. Il s’insurge qu’on ait pu le considérer comme un criminel : « Ces femmes sont volontaire­ment venues chez lui. Elles ont accepté de se dénuder et d’avoir des relations sexuelles. » Le juge d’instructio­n, après deux ans d’enquête, estimait qu’il y avait une limite au consenteme­nt de ces femmes. Il avait mis en examen le faux bellâtre pour viols par surprise. Aux magistrats de la Cour de Cassation, la plus haute juridictio­n, de se prononcer désormais sur cette affaire inédite.

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