Saturation: le diagnostic ... et les traitements
«La saturation des urgences reflète la saturation de l’hôpital»
Le Pr Jacques Levraut, chef du département Hospitalouniversitaire médecine d’urgence du CHU de Nice, précise d’emblée que « lorsque l’on évoque la saturation des urgences, on fait référence aux patients présents dans le service, qui dépassent les capacités et les ressources disponibles. C’est un reflet du flux entrant mais aussi du flux sortant. » Si un afflux important peut être à l’origine d’une saturation des urgences, le Pr Levraut pointe surtout « un flux sortant défaillant parce que l’hôpital est saturé. » « La saturation des urgences reflète la saturation de l’hôpital. Le service des urgences n’est en réalité que le baromètre de l’hôpital.» Pour expliquer l’augmentation des passages dans les services d’urgences, il avance plusieurs hypothèses: « on peut regretter la faillite de la permanence des soins ambulatoires avec des médecins généralistes moins présents en première ligne. Les standards de soins ont également changé : beaucoup de patients se présentent pour lever un doute. Dès lors qu’ils ont des symptômes compatibles avec une pathologie grave, on réalise des examens qui vont permettre de dire : “ce n’était pas ça”. Alors certes, a posteriori, certains pourraient avancer : ces patients sont venus pour rien… Je ne suis pas d’accord. Il existe aussi une précarisation de la société avec un recours croissant aux urgences pour des problèmes sociaux. Enfin, on est confronté au vieillissement de la population ; de plus en plus en plus de personnes âgées sont accueillies aux urgences. » Des personnes âgées qui devront être, pour la moitié d’entre elles, hospitalisées (contre % pour le reste de la population). «Lorsque l’afflux de personnes âgées aux urgences est important – c’est le cas notamment pendant les périodes de grippe saisonnière –, on a besoin de ressources importantes en termes d’hospitalisation, et on va saturer les urgences parce que l’hôpital sera saturé par l’excès d’hospitalisation. Les patients vont attendre très longtemps aux urgences en attendant qu’un lit se libère.» « Le gros travail que l’on a à faire, c’est d’adapter l’offre de soins à la demande de soins. »