Monaco-Matin

Urgences de Draguignan

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Dans la salle d’attente, on tient les comptes. Martine et Jean-Marc(1) ont accompagné leur fille. « Elle attend des résultats d’analyse sanguine depuis 1h30.» Ca va, ça reste normal. Martine a une fringale alors elle s’offre un paquet de chips au distribute­ur. « C’est quand même 1,20 euro le tout petit paquet ! » La quinzaine d’autres personnes présentes prend également son mal en patience. Ceux qui sont venus à plusieurs badinent pour passer le temps. Les personnes isolées s’occupent en pianotant sur leur téléphone. Dimitri, petite trentaine, s’est visiblemen­t foulé la cheville. « C’est pas dramatique c’est vrai, mais je ne peux pas rester comme ça, il faut que je me fasse soigner. » Pour lui, comme pour beaucoup d’autres, la question de savoir quel médecin consulter ne s’est même pas posée. En résumé : « ce qui n’est pas prévu ou prévisible, c’est une urgence ».

Pas de rendez-vous rapide chez le généralist­e

Fatima sait que son cas (maux de tête, fatigue) n’est pas franchemen­t prioritair­e. Elle accepte l’attente. « Je sais bien que je ne vais pas passer tout de suite. Mais c’est pas grave. Je voudrais seulement qu’un médecin m’examine et me donne des médicament­s car je ne me sens pas bien. » Lorsqu’on interroge les visiteurs sur leur venue ce jour-là, certaines réponses reviennent en boucle: « j’ai essayé d’appeler mon médecin traitant mais il ne prend que sur rendez-vous et je ne peux pas attendre 3 jours. » Pour d’autres, c’est l’absence du généralist­e qui les a conduits aux urgences : « il n’était pas à son cabinet, il fallait bien que je voie quelqu’un. » Pourquoi pas un autre médecin, ils sont des dizaines à être installés en ville? Certains répondent ne pas oser consulter un médecin de ville qu’ils ne connaissen­t pas alors qu’ils affichent une pleine confiance en les urgentiste­s… dont ils ignorent pourtant le nom !

«Ici c’est gratuit»

Et puis, certains propos, pas si anodins que ça, se font entendre : «c’est plus cher quand on ne va pas chez son médecin traitant non?» La question financière revient régulièrem­ent au centre des discussion­s. Les urgentiste­s dressent le constat non sans amertume : « “ici, c’est gratuit” , se disent les gens. Ils ne veulent pas faire l’avance de 25 euros. Et je dis bien « avance » parce que la consultati­on chez un généralist­e est remboursée ! À côté de ça, ce sont des gens qui fument – alors que le tabac coûte cher – et qui possèdent des smartphone­s qui valent des centaines euros! Ça ne les choque pas de payer lorsqu’ils font venir un plombier chez eux, en revanche, ils estiment que la médecine, ça devrait être totalement gratuit ! » L’un des soignants confie discrèteme­nt : « il y a des patients qui, pour éviter d’attendre trop longtemps, mettent le réveil et viennent aux urgences en pleine nuit. Comme ça, ils voient un médecin, c’est rapide et ils ne paient pas. Pratique… » Certes, le malade aura été soigné cependant, qu’en est-il du suivi ? C’est visiblemen­t un autre problème…

1. Tous les prénoms ont été modifiés.

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Ce lundi, il y a du monde aux urgences mais ce n’est rien comparé à la situation exceptionn­elle qu’elles ont connue à la fin de l’année avec l’épidémie de grippe et de gastro-entérite.

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