Dans nos assiettes et nos produits de beauté
Depuis quatre ans, les scientifiques sélectionnent les « espèces » pour les adapter aux conditions de culture industrielles. « On prépare l’agriculture de demain, résume Olivier Bernard. Quand on parle sélection, on pense “OGM”. Ce n’est pas la voie que nous avons choisie ici. » Il s’agit plutôt de « sélection naturelle ». Il entre dans l’une des salles de culture du laboratoire. Referme la porte derrière lui, car l’espace est climatisé. Au centre, dans un gros récipient transparent, hérissé de tuyaux et éclairé par une vive lumière, poussent des microalgues. Manon Gachelin, jeune doctorante, prélève avec une pipette stérile un peu de solution. Avant de passer au compteur à particules. « On soumet ici les algues à un stress, explique la scientifique, par exemple en baissant la température, ou en les carençant en éléments nutritifs, et seuls les individus qui ont les propriétés qu’on cherche vont résister. » Les expériences durent entre six mois et un an. « Au bout de ces tests, on arrive à une souche naturelle plus performante pour un usage industriel. Ce que l’agriculture a réalisé sur plusieurs siècles, comme pour le maïs, par exemple, on le fait en un an. » Demain, ces microalgues « sélectionnées » sur la Côte d’Azur se retrouveront dans nos assiettes, dans des boissons, des barres énergisantes… « C’est un marché qui se dessine. » On les utilisera aussi de plus en plus dans les produits de beauté. « On a été sollicité par des cosméticiens de la région qui veulent proposer des produits utilisant la biodiversité de la Méditerranée », affirme Antoine Sciandra. Des laboratoires font des recherches sur les principes actifs de ces algues microscopiques. « Ils ont notamment trouvé qu’elles avaient des vertus cicatrisantes. »