Monaco-Matin

EUROPEAN LE MANS SERIES -  HEURES DU CASTELLET « Apprendre et gagner »

Rangé des monoplaces depuis peu, Norman Nato vit ce week-end à domicile son baptême du feu en Endurance. A 25 ans, l’Antibois explore un autre monde. Avec l’ambition de grandir vite

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Il a tiré un trait sur la F et coché la case P. Après trois saisons dans l’antichambr­e de la Formule , Norman Nato l’Antibois change de cap. Le voilà qui découvre la planète Endurance. Nouveau départ fixé aujourd’hui aux  Heures du Castellet. Son « autoécole » ? Un prototype LMP ! Une Oreca  engagée par Racing Engineerin­g. La structure espagnole, avec laquelle il avait fait un bout de chemin fructueux en , se lance elle aussi sur la piste des épreuves longues distances à l’occasion de cette manche d’ouverture varoise de l’European Le Mans Series. Associé à Olivier Pla, un expert de la discipline, et Paul Petit, une valeur montante, l’Azuréen se verrait bien animer d’emblée la course au titre continenta­l. Une mission loin d’être impossible, à condition de convertir le chrono qualificat­if obtenu hier en gros points sous le drapeau à damier qui sera brandi à  heures. En Endurance,  ans, vous savez, c’est assez jeune... (Rires) À part ça, oui, en effet, là, je suis un débutant. À l’aube d’un nouveau challenge qui s’annonce très intéressan­t. Par rapport au karting et à la monoplace, il y a beaucoup de paramètres différents, que ce soit au niveau de la gestion des week-ends de course ou en matière de pilotage pur. Aujourd’hui, je suis en phase de découverte. Très content d’entamer cette expérience ici, au Castellet.

Quand avez-vous décidé de négocier le virage ? Fin , déjà, à l’issue de ma deuxième saison en GP, la meilleure ( victoires, du championna­t, ndlr), l’endurance constituai­t une option. Pour accéder en F, les bons résultats ne suffisent pas. Il faut un budget. Beaucoup d’argent. Finalement, l’opportunit­é s’est présentée de rempiler en F grâce à la filiale indonésien­ne de KFC.

L’an passé, ma mission première, c’était d’épauler mon coéquipier (l’Indonésien Sean Gelael). Impossible de participer à la course au titre quand vous n’êtes pas dans un top team. Encore une fois à la croisée des chemins cet hiver, j’ai franchi le pas en même temps que l’écurie Racing Engineerin­g. Depuis , nous avions gardé un bon contact. Ils ont décidé de faire une croix sur la F pour bifurquer vers l’ELMS. Très tard. Courant février ! Alors voilà, maintenant, on apprend ensemble.

Quelle a été la principale surprise lors de vos premiers tours d’essais à bord de l’Oreca  ? Le roulage initial s’est déroulé à Portimao, il y a trois semaines à peine. Bien sûr, il faut se familiaris­er avec un tout autre environnem­ent. D’abord, on évolue dans un habitacle, et la position n’est pas centrée. Vous ne voyez pas les roues, donc c’est plus difficile de gérer les blocages au freinage. La direction assistée change aussi pas mal de repères. Norman Nato : « Je ne suis pas encore à  % de mon potentiel même si le rythme s’avère déjà bon. » (Photos Eric Damagnez)

En F, on avait un bout de bois en guise de volant (Sourire). Pareil pour le « traction control » (l’antipatina­ge). Autant de petites choses dont on doit prendre la mesure. Entre le Portugal et le test collectif du Castellet accompli lundi et mardi sous la pluie, j’ai bouclé au total une cinquantai­ne de tours. Donc je ne suis pas à  % de mon potentiel, même si le rythme s’avère déjà bon. Difficile de comparer. Comme le « traction control » fait bien son boulot, il bouffe un peu de puissance. On a l’impression de manquer de couple. Cela dit, ces P

de dernière génération, elles envoient fort ! Regardez les chronos. Moi, franchemen­t, je suis bluffé par l’équilibre de l’auto, ses capacités de freinage, les vitesses de passage en courbe. Je ne m’attendais pas à ça. Le plaisir est au rendezvous. J’en prends beaucoup. Pas personnell­ement. Ni l’un, ni l’autre. Olivier (Pla) compte parmi les « grandes pointures » de la discipline. Un spécialist­e hors pair qui possède une expérience énorme, qui va très vite. En WEC (championna­t du monde), il roule pour un grand constructe­ur (Ford, en catégorie LMGTE). On peut s’appuyer sur ses connaissan­ces. Quant à Paul (Petit), à  ans, c’est déjà l’un des meilleurs pilotes « silver », même s’il a une marge de progressio­n. Le courant passe super bien entre nous trois. Tant mieux car l’entente au sein d’un équipage facilite les compromis dans les réglages, le dialogue à avec l’ingénieur... Oui. Vous savez, la saison dernière a été très formatrice à ce niveau. Côté box, je bossais plus pour mon coéquipier que pour moi. Là, à vrai dire, ce que je trouve un brin frustrant, pour l’instant, c’est de rouler beaucoup moins pendant les séances d’essais. Avec  engagés ce weekend, je mesure d’entrée son importance. Le plateau comprend différents types de voitures, des pilotes pros et des gentlemen-drivers. Alors il faut faire gaffe. Concentrat­ion extrême de rigueur lors de chaque dépassemen­t, même lorsqu’il s’agit d’un concurrent auquel vous mettez un tour. Si ces courses de quatre heures sont aussi des sprints, on prend moins de risques dans les bagarres, je pense.

 : saison pour apprendre ou pour gagner ? Les deux ! Apprendre et gagner. L’équipe Racing Engineerin­g espère grandir vite. Moi aussi. À court terme, d’accord, on doit prendre nos marques. Ce week-end, par exemple, nous le négocions sans pression excessive, compte tenu de notre vécu en commun pour le moins réduit. La priorité, c’est faire le mieux possible avec nos armes. Ne pas commettre d’erreurs, se donner à fond, aller au bout et glaner des gros points. Mais ensuite, lors des autres manches, bien sûr que l’équipe va viser haut. La victoire, et même le titre ! Le potentiel existe. Humain, technique. Sinon, Olivier n’aurait pas choisi de relever ce défi...

Le numéro , c’est un clin d’oeil au Mans ? Demandez à Alfonso (De Orleans Borbon, le propriétai­re de l’équipe). D’après ce que j’ai compris, oui. Si Racing Engineerin­g arrive en Endurance, c’est pour disputer régulièrem­ent les  Heures, l’épreuve reine. Concernant la prochaine édition (- juin), hélas, nous rongeons notre frein en liste d’attente. On occupe aujourd’hui la troisième position. Plus le temps passe, plus les chances s’amenuisent. J’ai vu quelques images à la télé. Rien de plus. En fait, jusqu’à maintenant, j’étais concentré pleinement sur la monoplace. Mais la page est tournée, désormais. Place à une autre aventure. On redémarre à zéro. Comme un vrai débutant, quoi ! Avec un fort désir d’explorer cet univers différent. Au Mans et ailleurs. 10 h 05-10 h 40 : Course 2 Formule Renault Eurocup 12 h-16 h : 4 Heures du Castellet ELMS

Le courant passe super bien entre nous trois ”

Entrée enceinte générale libre, 10 le pass paddock donnant accès à la grille de départ et à la fan zone (gratuit pour les moins de 16 ans et les abonnés 2018).

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