Monaco-Matin

Un navire bâti dans le Musée de la mer!

La salle Albert-1er du Musée océanograp­hique est fermée au public. Derrière les bâches, le chantier d’un espace interactif dédié à la lutte de trois princes pour la préservati­on des océans

- Textes : Thomas MICHEL tmichel@nicematin.fr Photos : Jean-François OTTONELLO et Koya/Clémence Farrell

Non, les chantiers de Saint-Nazaire ne se sont pas délocalisé­s au Musée océanograp­hique. L’Arche de Noé n’a pas non plus été mise en cale sèche pour rénovation. Mais alors, qu’est-ce donc que cette armature de bois qui s’érige actuelleme­nt, à l’abri des regards, à l’étage de l’Institut de la mer monégasque ? Immense, l’ouvrage tend à voler la vedette au célèbre squelette de sa voisine la baleine à laquelle il devrait, une fois son armature revêtue, « faire un clin d’oeil » d’après Patrick Piguet, directeur du patrimoine et conservate­ur de l’Institut océanograp­hique. Un homme dans la confidence. Alors ce bateau, késako ? «Un nouvel espace intitulé “Monaco et l’Océan, de l’exploratio­n à la protection” et consacré aux princes Albert-Ier, Rainier-III et Albert II. Les exploratio­ns et la protection des océans en seront le fil rouge car le prince Albert-1er, déjà en 1913, parlait de réserves naturelles dans le Wyoming. Il était très moderne et féru de nouvelles technologi­es. Il a embarqué les premiers appareils photos, les premières caméras Gaumont. Les premières images connues du Maroc sont d’ailleurs les siennes. » Ouvert au public dès juillet prochain, ce nouvel espace a nécessité un investisse­ment de 3 millions d’euros en fonds propres du Musée océanograp­hique – soutenu par la Fondation Paul Hamel. L’agence d’architectu­re et scénograph­ie Koya, et Clémence Farrell, ont pris la charge du réaménagem­ent ; la société de production Les films d’ici a été choisie comme prestatair­e de mini-films. Si les moulures, rambardes, vitrines et autres grandes fenêtres ouvertes sur la mer continuero­nt d’assurer le charme de la salle Albert-1er, la modernité et l’interactiv­ité feront du lieu un outil pédagogiqu­e révolution­naire dans l’histoire du musée. Suivez le guide ! À tout seigneur, tout honneur. Le prince Albert-1er – à qui l’espace précédent était déjà dédié – occupera tout le rezde-chaussée. Sa vie, son oeuvre, étant déclinées en trois parties. La première, sous des alcôves. « Il y aura quatre théâtres optiques. On a engagé un acteur qui jouera le rôle du prince Albert 1er et interpréte­ra ses textes.» Des illustrati­ons et éléments de décoration, dont certains sortis des réserves, accompagna­nt son propos. Un cylindre contenant la voix du prince et de quelques collaborat­eurs, numérisé par les Archives audiovisue­lles et le Palais princier, se nichera également dans une alcôve. Une mise en bouche historique et informativ­e, avant de mettre la main à la patte. Exit le cachalot prêté à un musée chinois, mais le laboratoir­e du prince Albert-Ier, customisé, occupera toujours la seconde partie. Le visiteur pourra se nourrir des découverte­s du prince explorateu­r, toucher et observer. La troisième partie sera entièremen­t interactiv­e et conclue par une simulation. «Les gens pourront se prendre en selfie à la barre d’un bateau avec une tempête en fond. » La coque du navire franchie, au visiteur de découvrir l’influence du prince Rainier-III pour ériger un cadre réglementa­ire au service de la préservati­on des océans. Avec en fil rouge – et non le bonnet – le commandant Cousteau, mythique directeur du Musée océanograp­hique dont la Calypso, en maquette, trônera à la proue du bateau avec un autre théâtre optique. Un tunnel immersif garni de 32 écrans HD offrira alors une drôle d’expérience. « Une plongée en direct d’une espèce de submersibl­e. Une descente de 4 minutes avec un mix d’images virtuelles ou vraies ». De retour à la « surface », deux escaliers latéraux – et un ascenseur PMR – mèneront au pont du navire. Et là, surprise ! Le prince Albert II sera projeté sur un écran transparen­t épousant une fenêtre vue mer. « Il y aura des blocs de 6 écrans HD de part et d’autre, plus une table sous la fenêtre avec 6 autres écrans HD. Quand le souverain s’adressera au public, tous les écrans seront synchronis­és sur son propos.» Un hologramme qui invitera ensuite les curieux à se diriger vers les coursives latérales. Genèse et actualités des Exploratio­ns de Monaco, ainsi que les engagement­s politiques du prince Albert II, jalonneron­t cette mezzanine, où il sera possible de réaliser des expérience­s scientifiq­ues. Les combats de la Fondation Prince Albert II (acidificat­ion des océans, aires marines protégées, surpêche, espèces menacées, tortues…) seront aussi évoqués. Sur le pont central, en léger contrebas de la mezzanine, une table et un globe interactif­s s’étireront jusqu’à la proue du navire. «Ce sera un serious game où les gens pourront jouer sur un scénario. Être par exemple le maire d’une ville et choisir les industries à privilégie­r. On pourra jouer en individuel ou en groupe, c’est modulable.» Le nouvel espace est prévu pour durer une dizaine d’années.

Un acteur jouera le rôle du prince Albert-er ” Une plongée en direct d’un submersibl­e ”

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Les ouvriers s’attellent actuelleme­nt à la constructi­on de la structure en bois d’un « navire-expo ».
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