Un navire bâti dans le Musée de la mer!
La salle Albert-1er du Musée océanographique est fermée au public. Derrière les bâches, le chantier d’un espace interactif dédié à la lutte de trois princes pour la préservation des océans
Non, les chantiers de Saint-Nazaire ne se sont pas délocalisés au Musée océanographique. L’Arche de Noé n’a pas non plus été mise en cale sèche pour rénovation. Mais alors, qu’est-ce donc que cette armature de bois qui s’érige actuellement, à l’abri des regards, à l’étage de l’Institut de la mer monégasque ? Immense, l’ouvrage tend à voler la vedette au célèbre squelette de sa voisine la baleine à laquelle il devrait, une fois son armature revêtue, « faire un clin d’oeil » d’après Patrick Piguet, directeur du patrimoine et conservateur de l’Institut océanographique. Un homme dans la confidence. Alors ce bateau, késako ? «Un nouvel espace intitulé “Monaco et l’Océan, de l’exploration à la protection” et consacré aux princes Albert-Ier, Rainier-III et Albert II. Les explorations et la protection des océans en seront le fil rouge car le prince Albert-1er, déjà en 1913, parlait de réserves naturelles dans le Wyoming. Il était très moderne et féru de nouvelles technologies. Il a embarqué les premiers appareils photos, les premières caméras Gaumont. Les premières images connues du Maroc sont d’ailleurs les siennes. » Ouvert au public dès juillet prochain, ce nouvel espace a nécessité un investissement de 3 millions d’euros en fonds propres du Musée océanographique – soutenu par la Fondation Paul Hamel. L’agence d’architecture et scénographie Koya, et Clémence Farrell, ont pris la charge du réaménagement ; la société de production Les films d’ici a été choisie comme prestataire de mini-films. Si les moulures, rambardes, vitrines et autres grandes fenêtres ouvertes sur la mer continueront d’assurer le charme de la salle Albert-1er, la modernité et l’interactivité feront du lieu un outil pédagogique révolutionnaire dans l’histoire du musée. Suivez le guide ! À tout seigneur, tout honneur. Le prince Albert-1er – à qui l’espace précédent était déjà dédié – occupera tout le rezde-chaussée. Sa vie, son oeuvre, étant déclinées en trois parties. La première, sous des alcôves. « Il y aura quatre théâtres optiques. On a engagé un acteur qui jouera le rôle du prince Albert 1er et interprétera ses textes.» Des illustrations et éléments de décoration, dont certains sortis des réserves, accompagnant son propos. Un cylindre contenant la voix du prince et de quelques collaborateurs, numérisé par les Archives audiovisuelles et le Palais princier, se nichera également dans une alcôve. Une mise en bouche historique et informative, avant de mettre la main à la patte. Exit le cachalot prêté à un musée chinois, mais le laboratoire du prince Albert-Ier, customisé, occupera toujours la seconde partie. Le visiteur pourra se nourrir des découvertes du prince explorateur, toucher et observer. La troisième partie sera entièrement interactive et conclue par une simulation. «Les gens pourront se prendre en selfie à la barre d’un bateau avec une tempête en fond. » La coque du navire franchie, au visiteur de découvrir l’influence du prince Rainier-III pour ériger un cadre réglementaire au service de la préservation des océans. Avec en fil rouge – et non le bonnet – le commandant Cousteau, mythique directeur du Musée océanographique dont la Calypso, en maquette, trônera à la proue du bateau avec un autre théâtre optique. Un tunnel immersif garni de 32 écrans HD offrira alors une drôle d’expérience. « Une plongée en direct d’une espèce de submersible. Une descente de 4 minutes avec un mix d’images virtuelles ou vraies ». De retour à la « surface », deux escaliers latéraux – et un ascenseur PMR – mèneront au pont du navire. Et là, surprise ! Le prince Albert II sera projeté sur un écran transparent épousant une fenêtre vue mer. « Il y aura des blocs de 6 écrans HD de part et d’autre, plus une table sous la fenêtre avec 6 autres écrans HD. Quand le souverain s’adressera au public, tous les écrans seront synchronisés sur son propos.» Un hologramme qui invitera ensuite les curieux à se diriger vers les coursives latérales. Genèse et actualités des Explorations de Monaco, ainsi que les engagements politiques du prince Albert II, jalonneront cette mezzanine, où il sera possible de réaliser des expériences scientifiques. Les combats de la Fondation Prince Albert II (acidification des océans, aires marines protégées, surpêche, espèces menacées, tortues…) seront aussi évoqués. Sur le pont central, en léger contrebas de la mezzanine, une table et un globe interactifs s’étireront jusqu’à la proue du navire. «Ce sera un serious game où les gens pourront jouer sur un scénario. Être par exemple le maire d’une ville et choisir les industries à privilégier. On pourra jouer en individuel ou en groupe, c’est modulable.» Le nouvel espace est prévu pour durer une dizaine d’années.
Un acteur jouera le rôle du prince Albert-er ” Une plongée en direct d’un submersible ”