Monaco-Matin

Sospel : organiser la vie des riverains après l’éboulement

Une trentaine d’habitants de Sainte-Sabine et de Béroulf sont isolés, reliés au village par un sentier pédestre accidenté. La maire est venue les voir afin de comprendre leurs besoins

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr AVEC JULIEN AVINENT PHOTOS : JULIEN AVINENT

Au pas de course. Comme si de rien n’était… Après une grosse demi-heure de marche, Marie-Christine Thouret, la maire de Sospel, distance tout le monde sur le bout de piste qui prend le relais de la voie d’accès pédestre qui « monte » à Béroulf et à Sainte-Sabine. C’est le seul lien avec le village depuis l’éboulement de samedi qui a emporté, à l’aube, l’unique route qui dessert ces deux quartiers de Sospel. Un glissement de terrain gigantesqu­e: entre 150000 et 200000 m3 de roches sont tombés sur la route (lire nos éditions de dimanche).

Une route d’urgence pas avant un mois et demi

Hier matin, avec le service des routes du conseil départemen­tal des Alpes-Maritimes, les services de la préfecture, des gendarmes et un officier des pompiers, le maire et son premier adjoint, Jean-Pierre Peglion, se sont rendus sur le plateau de Sainte-Sabine, à la rencontre de la trentaine de riverains coupés du monde. Une réunion calée pour évaluer la situation de ces personnes isolées et surtout organiser les… jours d’après. Ou plutôt… les mois d’après! Sans ambages, Marie-Christine Thouret prévient les habitants installés devant elle : « Nous allons créer un accès d’urgence, mais rien ne sera fait dans la précipitat­ion. Il faut prendre en compte le risque, prendre le temps de la réflexion, même si bien évidemment, on essaie de raccourcir les délais au maximum. » Silence. Certains habitants grimacent. La maire de Sospel hausse les épaules. « Je sais.

Mais il faut tout faire dans l’ordre, tout en ayant conscience de l’urgence. C’est une décision que l’on prendra de manière sage et réfléchie. » Cette route d’accès d’urgence, il faudra l’attendre « un mois et demi. Peut-être deux… » « J’espère moins, mais ce sera peutêtre encore davantage », lâche-t-elle. Mais sa priorité, hier matin, c’était de savoir combien de personnes vont faire le choix de rester vivre à Béroulf et Sainte-Sabine. Et combien ne le peuvent pas ou ne le souhaitent pas. La voie d’accès pédestre – étroite – n’est pas aisée à emprunter. Cailloux, rochers, ronces. Infaisable pour certaines personnes âgées. « C’est un choix de vie que vous allez devoir faire», prévient Marie-Christine Thouret. Rester… ou partir.

« C’était prévisible depuis des années »

« J’ai besoin de savoir combien vous êtes à vouloir un relogement », demande la maire qui s’est déjà renseignée pour les hébergemen­ts auprès de l’Auberge Provençale et du camping du Mas Fleury. « Vous avez l’après-midi pour vous poser la question : pendant un mois et demi, deux mois, est-ce que je me sens de rester vivre ici et si oui, comment vais-je m’organiser ». La municipali­té cherche également

à savoir de quoi les gens qui feront le choix de rester chez eux auront besoin. « Quelles solutions peuvent être envisagées ? », demande un habitant de Sainte-Sabine. Pêle-mêle sont évoqués les problèmes de gaz, comment monter les bonbonnes ? Pourquoi ne pas se cotiser pour un hélitreuil­lage afin de descendre les voitures coincées sur le plateau et permettre aux gens d’aller travailler ? Et si on installait un treuil pour monter les courses? Et pourquoi pas un ravitaille­ment à dos de mulets ? La maire compte aussi beaucoup sur l’entraide et la solidarité… «Ça

va faire du bien», lâche un riverain. Face aux services de l’Etat, du Départemen­t et de la municipali­té, les habitants sont posés et raisonnabl­es. Pas de craintes réelles. Pas de ressentime­nt. Tout juste l’un d’entre eux évoquera-t-il la route qui s’est effondrée « comme ça devait arriver». Petit malaise, mais tout le monde convient que ce n’est pas le moment de la polémique. Cette polémique qui viendra certaineme­nt. Même Marie-Christine Thouret en convient : « Depuis des années, c’était prévisible. »

 ?? (Photos Julien Avinent) ?? Marie-Christine Thouret (au centre) est allée, hier matin, à la rencontre des habitants des quartiers de Sainte-Sabine et de Béroulf. De gauche à droite : Annie,  ans, Jacques, entreprene­ur, Alain et Mauricette,  ans.
(Photos Julien Avinent) Marie-Christine Thouret (au centre) est allée, hier matin, à la rencontre des habitants des quartiers de Sainte-Sabine et de Béroulf. De gauche à droite : Annie,  ans, Jacques, entreprene­ur, Alain et Mauricette,  ans.

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