Une pétition lancée contre la fin des horaires papier de train
Depuis plusieurs mois, les dépliants de la SNCF ont disparu en gare. Scandalisée, la Mentonnaise Solange Huon demande le retour des fiches écrites et a déjà recueilli une centaine de signatures
Solange Huon est remontée comme un coucou. Et compte bien remettre les pendules à l’heure… « Il n’y a plus aucune fiche écrite avec les horaires des trains en gare de Menton. Comment peut-on arriver à une telle aberration ? », s’emporte la retraitée. En décembre dernier, la Mentonnaise s’est rendue en gare pour renouveler sa carte d’abonnement au train. « Puis, j’ai demandé les horaires pour pouvoir organiser mes déplacements, comme bon me semble. Et là, le guichetier m’a répondu que désormais plus aucune fiche n’était distribuée dans toute la région ! » Quelques semaines plus tard, Solange doit se rendre à Paris. « Pas de fiche non plus pour les trajets nationaux ! » En février dernier, le problème de la disparition des fiches avait déjà été soulevé par des usagers du train, à l’ouest du département. Depuis décembre dernier, le comité Cannes-Grasse a décidé d’éditer lui-même ses horaires sur papier (lire par ailleurs). La direction régionale de la SNCF justifie la suppression des fiches par les volumes de travaux sans précédent en Paca, lesquels imposeraient d’ajuster très régulièrement les horaires ou le régime de circulation des TER. « 18 % du réseau est en chantier sur 1 276 kilomètres de voie ».
« On oublie le service public pour tous »
Et la SNCF d’ajouter : « Éditer des fiches horaires représente un coût très important et ne permet pas de rentrer dans les objectifs écologiques que nous nous fixons. Avec plusieurs millions de réimpressions potentielles, l’aspect « Kleenex » de la fiche horaire papier n’est plus adapté dans ce contexte. » Autre argument avancé par l’entreprise ferroviaire publique française : s’adapter au train de vie des usagers. « Rappelons qu’aujourd’hui 80 % des clients TER Provence Alpes Côte d’Azur sont équipés d’un smartphone et peuvent disposer gratuitement de l’application SNCF, outil complet d’information, de vente de billets de trains, de services personnalisés. » Pour Solange Huon, cette décision bafoue la liberté des voyageurs. « Celle de pouvoir projeter librement ses déplacements ! Connaître les horaires des trains est un droit dont tous ne peuvent bénéficier. Il y a des usagers qui n’ont pas d’ordinateur ou de téléphone portable avec Internet. On oublie le service public pour tous. »
« Et la dimension humaine ? »
Au-delà de l’aspect « utile » d’une fiche papier, Solange Huon s’inquiète également de la dimension « humaine ». «Cette décision supprime également l’échange entre les gens. Car les procédures informatisées ne s’utilisent pas de la même manière que celle – naturelle – de lire un horaire imprimé. » La Mentonnaise compte bien rassembler le maximum de signatures pour se faire entendre auprès de la SNCF. « Il faut réagir, sinon quelle sera la prochaine étape ? La fin des guichetiers au profit des machines ? » Car oui, son train-train quotidien de proximité, Solange y tient.