Monaco-Matin

SNCF : le casse-tête de la reprise de la dette

- de DENIS CARREAUX Directeur des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Attention, un train de difficulté­s peut en cacher un autre ! Dans le débat sans fin sur l’avenir de la SNCF, la réforme votée, hier, à l’Assemblée éclipse une question au moins aussi cruciale que celle du statut de cheminot : celle de la dette faramineus­e de l’entreprise publique. , milliards : la somme, équivalent­e au budget de l’Education nationale, est hallucinan­te. Si la France ne renverse pas la vapeur en remettant la situation économique de la SNCF sur les rails, l’addition passera à  milliards dans huit ans. Du délire. Face à ce cassetête, le Président et son Premier ministre ont toutes les peines du monde à dissimuler leur embarras. « Cette dette, c’est un boulet qui fait que la SNCF n’est pas viable, reconnaît sans ambages la ministre des Transports, Elisabeth Borne. Cela fait des décennies que personne ne s’en occupe. On ne peut pas mener

la réforme ferroviair­e sans traiter le sujet. » Quand ? Comment ? L’histoire ne le dit pas encore. Pour la première fois, Emmanuel Macron a évoqué une échéance dimanche soir. « Oui, à partir du er janvier , l’Etat reprendra progressiv­ement la dette, de manière substantie­lle », a-t-il affirmé, précisant sur le champ : « Quand on dit l’Etat, ce

sont les contribuab­les... » A quelle hauteur faudra-t-il mettre la main à la poche ? Personne ne se hasarde à avancer le moindre chiffre. « Nous devons arriver à définir un modèle dans lequel on reprend la part de la dette qui n’est pas gérable », confie Elisabeth Borne qu’on a déjà connue plus précise... Edouard Philippe est tout aussi évasif. « Je ne peux pas discuter de la reprise de la dette sans être sûr qu’on ne recrée pas la même

chose. Ma grand-mère disait : “Quand ton vélo déraille, ce n’est pas la peine de pédaler à toute vitesse”...» Si le gouverneme­nt est à ce point gêné aux entournure­s, c’est que la reprise, même partielle, de cette colossale ardoise viendra immédiatem­ent gonfler la dette de la France et plomber le déficit public, au risque de devoir faire une croix sur la règle des  % imposée par Bruxelles. Un scénario impensable pour Emmanuel Macron qui se refuse, pour le moment, à évoquer un « chiffre magique» mais devra bel et bien trouver la martingale pour faire disparaîtr­e une dette qui s’élève déjà à plus de  € par Français.

« La reprise, même partielle, de cette colossale ardoise, viendra gonfler la dette de la France et plomber le déficit public. »

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