Monaco-Matin

 ans de prison ferme pour le couple aux faux billets

Un quinquagén­aire indien et sa supposée assistante russe ont été respective­ment condamnés à deux ans et 12 mois de détention pour avoir écoulé 350 fausses coupures à la roulette du Sun Casino

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Ils étaient venus au Sun Casino pour miser à la roulette 350 coupures de faux billets de 100 euros. Ils étaient repartis avec des liasses de vrais billets verts cette fois, représenta­nt un gain de 35 000 euros… Mais c’était sans compter sur « le bonus» du tribunal correction­nel ! À l’issue du délibéré, les juges ont condamné à deux ans de prison ferme le quinquagén­aire indien vivant à Dubaï, et douze mois pour son « assistante » russe de 26 ans, avec mandats d’arrêt. Ils devront également verser respective­ment à la SBM, constituée partie civile, les sommes de 35000 euros et 10 000 euros. Transparen­t à l’audience, le couple (absent) avait joué le plus simplement du monde à la roulette. Aucun système sophistiqu­é ou technique d’empalmage pour amasser le jackpot! Et surtout pas question de venir miser avec des faux jetons ! C’était trop risqué avec le regard avisé du croupier! L’étrange manège était très bien rôdé et difficilem­ent décelable à première vue.

Une réputation d’aristocrat­e indien

Ce 2 juin 2016, l’homme et la femme remettaien­t les coupures falsifiées mêlées à des « L’individu évoque un contact dans un bureau de change officieux de Milan afin d’obtenir un meilleur taux », (Photo Michael Alesi) exemplaire­s authentiqu­es de la monnaie unique. En échange, ils recevaient des (vrais) jetons. Ils en déposaient une dizaine sur les tapis verts monégasque­s, en prenant bien soin d’alterner entre le rouge ou le noir pour noyer le poisson… Rien de plus facile, ensuite, de retourner chez le caissier afin d’échanger jetons ou plaques contre de vraies espèces sonnantes et trébuchant­es. Du gagnant-gagnant à coup sûr ! Jusqu’au lendemain, quand un responsabl­e de la SBM dépose plainte après avoir contrôlé la recette de la veille. L’enquête, confiée aux limiers de la Sûreté publique, avait vite permis d’identifier les deux joueurs, pourtant considérés comme des « bons clients ». Car Monsieur s’était fait une réputation d’aristocrat­e indien connu pour ses affaires florissant­es à Dubaï. Le 30 décembre 2016, grâce à des indics, les enquêteurs coincent l’escroc au Fairmont.

« Interpellé et placé en garde à vue , commente le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e, l’aigrefin clame son innocence et charge sa collaborat­rice. Comme elle s’était occupée de changer des francs suisses en euros, il ne savait pas que les billets étaient faux… Il aurait d’ailleurs porté plainte contre son assistante après un vol d’argent… » Mais, dans le domaine du renseignem­ent, très peu d’informatio­ns restent confidenti­elles. Le faussaire avait commis des faits identiques le 21 juin 2015, au casino de Salzbourg, avec 451 faux billets de 100 euros.

« Un maillon d’une mafia organisée »

« Interpellé pour cette affaire, poursuit le magistrat, l’individu évoque un contact dans un bureau de change officieux de Milan afin d’obtenir un meilleur taux. Là-aussi, il ignorait que les billets remis étaient faux. La justice autrichien­ne avait prononcé un non-lieu pour insuffisan­ce de preuves…» Me Thomas Giaccardi, au nom de la partie civile, présentait la note : « 35 000 euros de remboursem­ent plus 5 000 euros de dommages et intérêts.» Quant au premier substitut Olivier Zamphiroff, il parlait «d’un maillon d’une mafia organisée pour réaliser d’énormes profits. Ne soyez pas impression­né par le classement sans suite de mes collègues autrichien­s. Condamnez-les respective­ment à deux ans et douze mois ferme, avec mandats d’arrêt. » Le tribunal a suivi les réquisitio­ns du ministère public.

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a rappelé le magistrat en l’absence des prévenus à l’audience.

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