« On est fan des sportifs, de l’humain, des challenges »
Ancien responsable des chauffeurs de la famille princière, Jean-Marc Toesca s’est depuis mis au service des athlètes de haut niveau. Ambiance dans une salle de sport avec la crème de la boxe
Dans la salle de sport de « 39 Monte Carlo », les baffles crachent du bon son. Du rap américain comme l’aiment ces trois boxeurs. Les décibels pleuvent. Les coups, aussi. Une voix caverneuse prend le dessus. JeanMarc Toesca distille les directives à ses « petits » protégés aux muscles saillants. « Plus vite tu bouges les jambes, plus tu iras vite avec les poings. » Et encaisse, grâce à deux pattes d’ours, toute la puissance de frappe d’Hassan N’Dam, de Mehdi Amar et d’Hadillah Mohoumadi. Sur une machine de musculation, les moult ceintures de champions attestent du pedigree de ces troislà. «Je me fatigue autant qu’eux. Mais, c’est bien, je ne sers pas à rien », sourit, en sueur, Jean-Marc Toesca.
« Un mécanicien de la boxe »
Une question d’habitude pour cette belle bête à la barbe et crinière grisonnantes. Longtemps carabinier du prince – comme responsable du groupe de chauffeurs de sécurité de la famille souveraine – l’homme gérait aussi une cellule de combat libre. En costume la journée. En tenue d’entraînement le soir. Et le curriculum vitae ne donne pas envie de chercher des noises au solide gaillard. «Je fais du Shotokan-ryu, Yoseikan Budo, boxe anglaise, fullcontact, ju-jitsu, grappling… », listet-il. Du chinois, pour nous, mais les Comment passe-t-on de carabinier du prince à entraîneur de boxe ? De à , j’étais responsable du groupe des chauffeurs de sécurité de la famille souveraine et de ses invités. En parallèle, j’avais monté une équipe de combat libre et on se battait à l’étranger avec les règles de la MMA. J’en prenais des coups mais je ne gagnais pas un centime (rires). Je pensais, je rêvais combats. En , c’est le termes en imposent. Depuis plus d’un an, le tout juste quinquagénaire a monté à Londres la société Ambitious Expertise. Littéralement, « Expertise ambitieuse » pour décrire un staff personnalisé aux petits soins pour les athlètes de haut niveau. Boxeurs comme footballeurs. « Jean-Marc, c’est un peu un mécanicien de la boxe. Il fait tous les bons réglages pour que le corps aille bien avec la tête. Il sait canaliser l’énergie et trouver les bons mots pour apaiser », souffle Hadillah Mohoumadi, entre l’exercice de corde à sauter et la répétition des gammes.
Un staff personnalisé et disponible
Et puis, il y a Julien Cereghelli, étiopathe. Lui, nettoie la « carrosserie », manipule le corps pour effacer les tensions et éviter les blessures. « On leur fait retrouver la puissance, l’amplitude et la mobilité », explique le spécialiste. Ou encore Romain Goiran qui chouchoute le moteur. A savoir le cerveau. « Je suis coach mental. Avec les sportifs, on parle au quotidien. A l’instinct. On capte des informations sans qu’ils ne s’en rendent compte », explique-t-il. JeanMarc Toesca surenchérit : « Chaque mot a une importance. On rebondit, on creuse pour évacuer les blocages et les soucis du moment. Eux-mêmes cheminent pour trouver la solution. » Autour de ce trio, de ce noyau dur, gravite une pappardelle d’intervenants moment où j’ai basculé dans mon rêve. Je suis parti à la retraite et j’ai débuté ce métier pour lequel j’étais fait depuis longtemps.
Vous ne le regrettez pas ? Ma vie se résumait aux carabiniers et aux entraînements. La Compagnie des carabiniers du prince a toujours été clémente et a pu me dégager des heures pour que je parte en compétition avec mes gars. Dans la salle de sport, Jean-Marc Toesca prépare physiquement les boxeurs aux futures échéances. (Photos Frédéric Nebinger)
plus ou moins réguliers. Un réseau qui sait se rendre disponible a tout moment pour l’athlète. Naturopathe, énergéticien, nutritionniste, danseuse des ballets d’Athènes ou même professeurs de piano ou de langues… « On cordonne le tout, on réunit des infos en temps réel pour savoir Aujourd’hui, je suis avec les plus grands boxeurs mondiaux. Je n’ai donc aucun regret. Je suis heureux de cette transition, heureux de ce que j’ai fait et de qui je suis.
Avec Ambitious Expertise, vous suivez les boxeurs et les footballeurs, d’autres sports vont suivre ? Peut-être le tennis. C’est un sport où l’on peut apporter beaucoup de choses ! Avant de choisir
comment l’athlète se sent. Et ce, afin de répondre à ses besoins », poursuit Romain Goiran. Qu’il puisse avoir l’esprit libre, qu’il ne se concentre que sur la boxe ! » En bref, qu’il franchisse un cap dans sa carrière. Pour Hassan, Mehdi et Hadillah, les échéances européennes ou mondiales se rapprochent un sport, on est surtout fan des sportifs, des challenges, de l’humain. On aime les histoires humaines où il y a de la chair, de la sueur, du sang, de la douleur, des hommes. Si on n’est pas impliqué physiquement et émotionnellement, ce n’est pas la peine ! L’athlète nous choisit et on choisit l’athlète, c’est réciproque.
à vue d’oeil. Et si JeanMarc Toesca doit jouer le punching-ball humain pour que ses gars raflent un sacre, il le fera bien volontiers. Pour la gagne. Pour toujours tirer le meilleur de ses poulains.