Monaco-Matin

Jardim : la philosophi­e comme remède

Quatre jours après la honte du Parc des Princes (1-7), Leonardo Jardim s’est présenté face à la presse. Falcao a embrayé avec une communicat­ion commune : il reste cinq finales à jouer

- MATHIEU FAURE

Ailleurs, le début de semaine aurait sans doute été différent. Comprendre moins calme, moins ensoleillé, moins serein. Violenté en prime-time dimanche soir par le PSG (1-7), le club de la Principaut­é a pourtant passé un début de semaine plutôt calme. C’est l’avantage du Rocher. Pas de supporters en colère au centre d’entraîneme­nt ou de pression médiatique XXL. Hier, pour le premier point presse depuis le naufrage parisien, il y avait quatre médias. C’est tout. Rien n’a changé malgré la plus large défaite du club depuis près de 60 ans. Jardim, lui, garde le cap et son calme. « J’ai connu l’Olympiakos, où tout est exacerbé en terme de pression, c’est parfois irréel, bizarremen­t les clubs les plus réguliers sont ceux qui connaissen­t des ambiances rationnell­es. Le plus important, ce sont les compétence­s des gens en place et la qualité du travail. La pression, tout ce qui se passe autour du club, c’est parfois négatif », a tenu à rappeler le coach portugais.

Confucius à la rescousse

Après les éléments de langage habituels sur le match du Parc des Princes (« match difficile à digérer » ; « personne n’est habitué à encaisser sept buts » ; « à 2-0, on a perdu de l’énergie et la tête n’y était plus » ; « le PSG a été efficace »), Leonardo Jardim a fait appel à un penseur. C’est sa marotte. Ce fut déjà le cas avec Edgar Morin et Rudyard Kipling. Hier, c’était une citation de Confucius, philosophe chinois du Vème siècle avant Jésus-Christ : « La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber mais de se relever à chaque chute. Le sport c’est ça. La vie, aussi. C’est notre philosophi­e de travail » . Une fois le confuciani­sme posé sur la table, le coach est allé à l’essentiel. A savoir Guingamp. Au club, le message est simple puisque Falcao, qui a pris la suite du Portugais face aux micros, a répété la même chose : « Il nous reste cinq finales, on doit être concentré. On a encore 4 points d’avance au classement, il faut en profiter ». Dans les faits, les Monégasque­s sont maîtres de leur destin. Ce qui est vrai. Le Colombien allant même un peu plus loin sur l’après PSG : «Leplus important, c’est de relever la tête. Le football donne la possibilit­é de passer à autre chose très vite. On ne peut pas changer le passé, ce qui compte, c’est ce que nous allons faire maintenant ». Du coup, on oublie le Parc des Princes ? Les Monégasque­s aimeraient bien. On les comprend. Mais tout le monde a vu le match. Après le concert de louanges reçu l’an dernier - à juste titre - les premières critiques pointent leur nez. C’était déjà le cas depuis janvier où Monaco impression­nait moins. « C’est facile de nous critiquer après cette défaite, d’avancer que certains joueurs ont déjà la tête à la Coupe du monde, que les recrues ne sont pas au niveau, etc. Malgré tout, Monaco est sur le podium depuis 5 ans, c’est la meilleure période du club depuis plus de 30 ans. J’ai confiance en mon équipe pour arriver au bout » avance Jardim pour repousser les critiques. Son équipe, il est vrai, n’avait plus perdu en Ligue 1 depuis 17 matches avant Paris. Mais l’ampleur du désastre parisien a tout changé.

Remettre l’église au milieu du village

Au gré de la discussion, Jardim a d’ailleurs été amené à se prononcer sur la baisse de forme de certains de ses joueurs, notamment sur l’éventualit­é que certains internatio­naux se préservera­ient en vue de la Coupe du Monde. Réponse : « Peut-être que certains sont influencés par le Mondial mais ils sont très profession­nels et défendront le club jusqu’au bout. Le football de haut niveau est simple, je ne connais aucun joueur capable d’être bon en n’étant pas à 100% à part les génies comme Cristiano Ronaldo. Les autres joueurs connaissen­t des cycles, parfois tout fonctionne, parfois non. Les joueurs capables de garder un niveau de permanence très élevé pendant toute une saison, c’est extrêmemen­t rare. Ce qui explique qu’en ce moment, certains sont moins bien.» Et quand on pose la question à Falcao, qui disputera cet été sa première Coupe du monde à 32 ans après avoir manqué celle de 2014 sur blessure, le Tigre est plutôt du genre direct : « Je suis concentré sur le championna­t. Je donne tout pour le club. Quand tu joues à un sport de haut niveau, tu ne peux pas calculer tes efforts. Pour gagner, réussir, il faut être à 100% sinon tu passes à côté. Le sport ne pardonne pas.» Et maintenant ? Il faut disputer cinq matches avant de penser à la Russie. Cinq finales. Guingamp est peutêtre le match le plus important des cinq car c’est celui « d’après ». « Cette semaine, on a peut-être plus parlé que d’habitude, on a aidé les joueurs à se relever, détaille Jardim. C’était un mauvais match, un mauvais jour. Il faut se relever. On est arrivé deuxième avec cette équipe. Je ne vais pas tout changer après une défaite. D’autant que mon groupe a beaucoup de blessés en ce moment. Tout le monde doit se responsabi­liser. » Pour conclure, Jardim a fait dans la philosophi­e : « Il faut surtout remettre l’église au milieu du village ». Comprendre s’occuper des priorités et remettre les choses à leur place. Quelque part, c’est l’orgueil qui parlera en Bretagne.

« Une catastroph­e de ne pas terminer deuxième ? C’est un mot un peu fort, non ? Le club est sur le podium tous les ans malgré les changement­s » De Radamel Falcao

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