Monaco-Matin

Scandale de l’anhydrite à Tende : le retour aux fontaines

- GRÉGORY LECLERC glecerc@nicematin.fr

L’enquête que Nice-Matin a consacrée dans ses éditions d’hier au scandale des dépôts d’anhydrite, laissés à l’abandon, à l’air libre, sur le chantier de percement du futur tunnel de Tende, a suscité de nombreuses réactions. A commencer par les habitants de la vallée de la Roya, scandalisé­s que plusieurs tonnes de gravats classés soient laissés ainsi à l’abandon en bordure d’un fleuve alimentant 200 000 personnes en eau potable. Hier, alors que des médias nationaux venaient enquêter, les casiers de bouteilles sont ressortis des caves des habitants de la vallée. Direction les fontaines. Plus question pour certains de boire l’eau du robinet, jusqu’à nouvel ordre. Plusieurs Tendasques se sont ainsi retrouvés à la fontaine Sainte-Catherine, qui ne tire pas son eau de la Roya, pour remplir les récipients. «La préfecture peut dire que tout va bien, tant que nous ne savons pas la vérité, tant qu’ils ne font pas le nécessaire pour enlever ces tas de gravats, il n’est pas question de boire l’eau du robinet», expliquait hier une Tendasque, Laurence Sarfati, qui a puisé l’eau de Sainte-Catherine. «A l’épicerie, certains achetaient des packs d’eau ! Des packs d’eau à Tende alors que la Roya est à côté ! » Selon le maire de Tende, l’eau potable de sa commune n’est toutefois pas tirée de la Roya. Ce qui n’est pas le cas de Menton, Vintimille et Monaco.

Stabilité chimique selon la préfecture

Hier, la préfecture des Alpes-Maritimes a de nouveau assuré qu’il n’y avait pas de risque pour l’homme. «Après quatre ans de travaux, les analyses de contrôle sanitaire des sources

existantes ont permis de constater une stabilité de la chimie des eaux, ce qui contredit l’hypothèse d’une incidence des rejets du chantier sur la qualité de l’eau potable du secteur.» Dans son communiqué, la préfecture admet en revanche que le tas est bien composé d’anhydrites, ce que la sous-préfète Nice Montagne avait nié la veille dans notre enquête. Le communiqué le confirme, Gwenaëlle Chapuis portera la problémati­que de l’enlèvement des déchets lors de la conférence intergouve­rnementale au mois de mai. Le maire de Tende, JeanPierre Vassalo, ne se satisfait pas de cette réponse. «J’attends toujours que la préfecture me réponde officielle­ment. Si elle ne réagit pas rapidement pour faire enlever ces gravats dangereux, je serai obligé de déposer plainte. Pourquoi attendre ? Le danger est là, il faut agir en urgence.» Le Mentonnais Laurent Lanquar-Castiel, candidat EELV aux dernières législativ­es, est également

monté au créneau. «Votre enquête est très révélatric­e de l’inaction des autorités publiques. En ce moment, l’actualité de la Riviera française est cernée par la pollution, entre les dépôts illégaux d’anhydrite, la pollution marine due au dégazage d’un camion qui a provoqué la fermeture de la plage de Menton, la pollution du littoral avec les poussières des agrégats et les fuites du chantier de l’urbanisati­on en mer de Monaco.» Quoi qu’il en soit, le doute et l’inquiétude se sont installés dans la vallée. Qui ne pourront être levés qu’avec l’enlèvement des tas d’anydhrites qui bordent le fleuve.

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(Photo Cyril Dodergny) Le maire de Tende, Jean-Pierre Vassalo, face au dépôt d’anhydrite qui menace l’eau potable de la vallée.

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