Monaco-Matin

Les sources de la Roya n’ont pas pollué l’eau

- ANDRÉ PEYREGNE

L’opéra de Monte-Carlo vient de réparer une injustice. Une grande, une incroyable injustice : l’oubli dans lequel était plongé depuis pl s d’un siècle et demi l’opéra de Verdi I Masnadieri. Cet ouvrage n’avait pratiqueme­nt plus été chanté depuis sa création en 1847 à Londres – devant la Reine Victoria s’il vous plaît ! Or cet opéra vaut autant que d’autres de Verdi. Il coule comme un long fleuve de bel canto, il vous emporte par la magie de son chant et la volupté de son orchestre. Pour les spécialist­es, on peut dire qu’il établit un lien entre Donizetti et Puccini. Militons pour la noble et juste cause des Verdi oubliés ! Nous avons découvert les « Masnadieri » jeudi soir en la Salle Garnier.

Querelle entre deux frères

Si une chose a plombé cet ouvrage, ce n’est sans doute pas sa musique mais peut-être l’invraisemb­lance de son livret. Pourtant, dans le domaine de l’opéra on en a vu d’autres ! L’histoire est celle d’une querelle de pouvoir et d’amour entre deux frères, dont l’un pousse l’autre à la déchéance et au banditisme. Dit comme cela les

choses semblent simples, en réalité elles sont plus complexes! Les « masnadieri » sont les « brigands » en italien. Ce qu’on a apprécié jeudi soir, outre la beauté de la musique, l’esthétisme de la mise en scène et des éclairages, c’est la somptuosit­é des voix. Un vrai festival ! Un ténor, Ramon Vargas, qui est l’un des meilleurs du monde ; un baryton époustoufl­ant, Nicola Alaimo ; une basse aussi profonde qu’impression­nante, Alexei Tikhomirov ; une jeune soprano aux vocalises lumineuses – à qui on promet de beaux jours sur les scènes internatio­nales, Roberta Mantegna. Autour des solistes, le vaillant choeur d’hommes faisait trembler les murs, vous donnait des frissons. L’orchestre, dirigé par Daniele Callegari, entretenai­t sans faiblir la flamme de la musique verdienne. Et c’est ainsi que, lors de cette ultime soirée de gala de la saison lyrique, le public chic déborda d’enthousias­me en cette Salle Garnier devenue repaire de Brigands ! Prochaines représenta­tions, demain à 15 heures et mardi à 20 heures. Tarifs : de 40 à 110 euros. Tél. 98.96.28.28.

 ??  ?? Pour la dernière soirée d’opéra de la saison le public a découvert avec éblouissem­ent I Masnadieri (les «Brigands ») de Verdi. (Photos Alain Hanel/Opéra de Monte-Carlo)
Pour la dernière soirée d’opéra de la saison le public a découvert avec éblouissem­ent I Masnadieri (les «Brigands ») de Verdi. (Photos Alain Hanel/Opéra de Monte-Carlo)
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