Monaco-Matin

Eric Ciotti: «Certains ont des pudeurs de violette»

Le député LR niçois est en première ligne dans la bataille lancée par la droite contre le projet de loi Asile et Immigratio­n. Pour lui, cette dernière doit être limitée de façon bien plus ferme

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

La gauche considère le projet de loi trop droitier. Mais la droite n’en démord pas quant à elle, il ne va pas assez loin à son goût. Alors que la discussion à rallonge va se poursuivre ce weekend, les débats sur le projet de loi Asile et Immigratio­n voient les Républicai­ns pilonner le gouverneme­nt. Le député niçois Eric Ciotti en tête, qui dénonce des « mesures d’affichage », qui vont pérenniser à son sens la politique trop «naïve» conduite ces dernières années.

La ministre Jacqueline Gourault a réfuté la mise en oeuvre d’un plan de régularisa­tion massive des sans-papiers. Pourquoi vous crispez-vous à ce point sur cette question ? Ce qui est sûr, c’est que monsieur Collomb et madame Gourault ont refusé de répondre à cette question que je leur ai posée à l’Assemblée nationale. Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ! On voit bien qu’au-delà de l’affichage de fermeté, il y a comme toujours de la part du gouverneme­nt une volonté d’ouvrir le robinet d’eau tiède. Beaucoup de concession­s sont faites à l’aile gauche de la majorité. Le journal Le Monde a révélé des négociatio­ns secrètes entre le ministre de l’Intérieur et les députés LREM, parlant de  % de régularisa­tion des clandestin­s après le vote du texte. Quand on sait qu’il y a au moins   clandestin­s dans notre pays, on mesure la supercheri­e du discours du gouverneme­nt. En fait, ce texte et les débats à l’Assemblée nationale démontrent que Collomb est un faux dur. Tolbiac, Tolbiac la rouge, évacuée à l’aube par les CRS. Une heure a suffi. De l’autoprocla­mée « Commune Libre de Tolbiac », qui se rêvait en bastion de la lutte contre la « sélection », foyer de résistance à la « dictature macronienn­e », ne restent que des slogans – inspirés parfois, souvent indigents - aux murs des amphis, et des dégradatio­ns à réparer à grands  % de régularisa­tion, c’est peu ou prou la moyenne de ces dernières années. Est-ce vraiment la mer à boire ? Sur la durée de la présidence Hollande,   régularisa­tions de clandestin­s ont eu lieu. Ce n’est pas rien ! Les régularisa­tions lancent un message extrêmemen­t dangereux. Eh bien on va continuer dans cette folie. Si tous ceux qui veulent venir en France savent qu’au mieux ils seront régularisé­s, qu’au pire ils ne seront pas expulsés et que, cerise sur le gâteau, ils pourront obtenir la nationalit­é française sans donner des signes d’attachemen­t à la France, cela signifie que les flux vont continuer à augmenter. En fait, on voit bien que le gouverneme­nt est dans la continuité de la politique socialiste d’une extraordin­aire naïveté conduite ces dernières années, alors que la gravité de la situation devrait nous inciter à réduire drastiquem­ent l’immigratio­n en France.

Mais si le gouverneme­nt veut aujourd’hui donner quelques gages sur sa gauche, c’est aussi parce que cette loi penche plutôt à droite sur plusieurs points, comme la réduction des délais de traitement des demandes d’asile… Comme sur la loi Terrorisme, on est uniquement dans l’affichage. C’est du baratin ! On ne pourra pas réduire les délais en complexifi­ant les procédures. Cette loi ne changera absolument rien. Au mieux elle est inutile, mais je crains qu’elle soit dangereuse. frais. Blocage levé à Sciences Po Paris, aussi, sans même que la police ait à intervenir. Là comme ailleurs, il a suffi que les étudiants puissent s’exprimer sans contrainte, via Internet, et non dans l’ébullition d’AG habilement confisquée­s, pour que s’impose l’évidence : quoi qu’ils pensent de la réforme de l’accès à l’université, la majorité d’entre eux veulent Eric Ciotti mercredi à Paris lors de la présentati­on des propositio­ns de LR sur l’immigratio­n, auxquelles il a contribué. (Photo IP)

Elle contient, en effet, des mesures potentiell­ement explosives, notamment l’élargissem­ent du regroupeme­nt familial aux frères et aux soeurs pour les mineurs réfugiés. Cette dispositio­n va amener à nos frontières encore plus de mineurs exploités par des filières de traite des êtres humains. C’est totalement irresponsa­ble.

Les douze propositio­ns émises par Laurent Wauquiez sur l’immigratio­n sont sans surprise. Même la restrictio­n du droit du sol, qu’il présente comme une nouveauté, avait déjà été évoquée par Copé et Sarkozy, notamment… Nous n’avons malheureus­ement pas pu appliquer ces propositio­ns du fait de nos défaites en  et . Laurent Wauquiez aborde des sujets dont personne n’avait

d’abord travailler et passer leurs examens. Non,  ne sera pas un nouveau . Cours, camarade, la révolution est derrière toi. « Une seule étincelle peut mettre le feu à la plaine », disait Mélenchon il y a quelques jours. Lui et les siens y ont mis du leur, présents sur tous les fronts, soufflant sur toutes les braises. « Il faut tout conflictua­liser. TOUT conflictua­liser », professait-il en  dans une sorte de vade-mecum révolution­naire à l’usage de ses partisans (dont la vidéo virale vient de faire surface sur internet).

osé parler, je pense au retour de la double peine et à la volonté de dire que notre pays ne peut plus accueillir tous ceux qui menacent la France et en premier lieu bien sûr les islamistes. Nous devons avoir la volonté d’expulser ceux qui mettent en danger les valeurs de la République. Je pense également à la nécessité de revenir sur l’applicatio­n systématiq­ue du droit du sol, notamment pour les enfants de clandestin­s.

La double peine est aujourd’hui peu appliquée, mais existe déjà dans notre arsenal juridique… Ce que nous demandons, c’est un dispositif analogue aux peines planchers : pour tout étranger condamné, l’expulsion doit être la règle. Ce n’est aujourd’hui quasiment jamais le cas.

Dieu sait que les sujets de conflit ne manquent pas. SNCF, Air France, fonctionna­ires, gens de justice, etc. Mais voilà, jusqu’ici, jusqu’ici en tout cas, le feu ne prend pas. La spécificit­é des revendicat­ions catégoriel­les, l’absence de front syndical, les méfiances de la gauche politique envers les visées « impérialis­tes » de Mélenchon : tout cela fait que la coagulatio­n du mouvement Monsieur Collomb s’est glorifié d’avoir expulsé  étrangers radicalisé­s, alors qu’on en dénombre . C’est dire son efficacité téméraire. J’ai pour ma part proposé que les   étrangers inscrits au fichier des signalés pour radicalisa­tion terroriste islamiste soient expulsés. Je propose aussi que les étrangers incarcérés puissent purger leur peine dans leur pays d’origine. Dans la fidélité à nos valeurs et à nos conviction­s. Ces mesures, j’en suis convaincu, sont indispensa­bles pour que la France reste la France. Certains chez nous ont des arrière-pensées politiques. Moi, mes seules pensées sont tournées vers la France. Il faut avoir le courage de dire que si nous n’agissons pas aujourd’hui avec la fermeté qui s’impose, notre pays sera emporté dans un modèle communauta­ire que je récuse. Quand je vois ce qu’il se passe à Nice dans certains quartiers, notamment celui des Liserons, totalement ghettoïsé, livré à la loi de bandes ethniques et mafieuses, je me dis qu’il est déjà tard. Certains ont des pudeurs de violette et renient ce qu’ils ont prôné auparavant derrière Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas mon cas.

social reste pour l’heure un mirage. Et l’opinion n’en veut pas, qui s’inquiète plutôt de la montée du désordre et des atteintes à l’Etat de droit. En témoigne le relatif échec de la manifestat­ion du  avril - une de plus, une de trop ?-, qui devait être un moment de « convergenc­e des luttes ». Alors que la grève des cheminots s’essouffle et qu’un recul du gouverneme­nt paraît de plus en plus improbable, la CGT cherche à sortir de l’impasse en élargissan­t le front social. Cette stratégie de la tache d’huile ne marche pas davantage et les cortèges clairsemés de Paris ou Marseille montraient plutôt que la contestati­on tend à se replier sur le noyau dur des militants. De sorte que sur le terrain social, comme dans les université­s ou à Notre-Damedes-Landes, ce que doit redouter le gouverneme­nt, c’est moins l’embrasemen­t général, « le feu à la plaine », que la zadisation des conflits. C’est-à-dire la proliférat­ion de mouvements radicaux minoritair­es, d’autant plus radicaux qu’ils sont plus minoritair­es, refusant tout compromis, jusqu’à assumer de rompre avec la légalité. Il faut se méfier des feux mal éteints..

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Les propositio­ns de Laurent Wauquiez ont déjà suscité quelque émoi chez les modérés de LR. Comment allez-vous gérer les divergence­s ?

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