Monaco-Matin

«J’ai pensé à arrêter le foot»

Après 17 mois sur la touche en 2016-2017, Mickaël Le Bihan a dû surmonter une rechute de sa fracture de fatigue et près d’un an d’absence. Retrouver Montpellie­r ravive de beaux souvenirs

- WILLIAM HUMBERSET

Dix-sept mois après la première grosse blessure de sa carrière, Mickaël Le Bihan avait retrouvé le sourire et le chemin des filets contre Montpellie­r la saison dernière. Un doublé synonyme de victoire (-). Quelques semaines plus tard, une fracture du péroné, suivie surtout d’une rechute de la fracture de fatigue au tibia, en septembre, l’ont replongé dans la convalesce­nce et le doute. Avant ses retrouvail­les avec le MHSC, demain, l’attaquant de  ans décrit les émotions traversées dans ce nouveau combat et ses ambitions pour l’avenir.

Nice-Montpellie­r, c’est un match particulie­r pour vous, non ? (Il rit) C’est un beau souvenir. Même le meilleur depuis le début de ma carrière. J’attendais ce retour depuis des mois. Ma famille, mes collègues, le public, qui a scandé mon nom, aussi. Je ne pouvais pas rêver mieux dans le scénario. Je voulais rentrer et prendre du plaisir. Quand je marque le premier but, ça devient fou. Tout le monde m’attrape, tout est magnifique. J’ai la chance de mettre le deuxième qui donne la victoire, ça rend encore plus heureux. Tout était parfait, ce n’était que du bonheur ce soir-là.

Le prochain est aussi important sur un plan plus collectif. On a une cinquième place à aller chercher. Ça va être très dur, c’est vraiment une belle équipe. C’est un match qu’il ne faut pas perdre si on veut attraper l’Europe. On a la chance de le jouer à la maison, c’est très positif. J’ai l’image contre Paris l’an dernier, un stade rempli nous a beaucoup aidés à l’emporter. Il faut avoir cette ambiance-là dimanche. Le vestiaire sait comment aborder ce match, on sera à %.

‘‘ Je me sens déjà mieux que l’an dernier”

‘‘ J’ai tout pris comme une force. Même les phrases de supporters qui disaient que j’étais fini pour le foot”

Vous avez la sensation d’avoir raté une occasion de faire le break à Angers vu les résultats des autres équipes ? Surtout au vu du scénario du match. On se dit qu’en menant - à l’extérieur, on doit revenir avec les trois points. On garde un effectif très jeune, on ne sait pas trop si quand on gagne on doit tout fermer et dégager les ballons pour garder le résultat, ou continuer de garder notre jeu pour mettre le deuxième en prenant le risque de se faire contre-attaquer... Les résultats de nos rivaux nous permettent quand même de rester en course. On a fait un petit faux pas la semaine dernière, on n’a plus le droit à l’erreur ce week-end.

Le vestiaire va supporter le PSG en finale de Coupe de France ? (Il rit) C’est ça. On va regarder attentivem­ent ce match en espérant que Paris l’emporte.

Comment vous sentez-vous physiqueme­nt? Très bien. Je me sens déjà mieux physiqueme­nt que la saison dernière quand j’avais repris contre Montpellie­r. J’ai mis beaucoup de temps, mais grâce aux staffs médical et technique, je me sens très bien. Je suis encore loin des % mais mon objectif reste de prendre du plaisir, retrouver de bonnes sensations, de ne pas me sentir rouillé sur le terrain. Retrouver le chemin des filets le plus souvent possible et reprendre la saison prochaine à %.

Comme l’an dernier, vous avez marqué avec la réserve ( but). Ça redonne de la confiance ? C’est un soulagemen­t pour tout attaquant, parce qu’on joue pour marquer. Ça m’a fait beaucoup de bien. Surtout que c’est beaucoup plus compliqué de jouer en Nationale  qu’en pro. Les équipes sont regroupées, tu dribbles un joueur, il y en a trois autres qui arrivent derrière... C’est moins structuré. Mais ça forge, quand on prend le premier tacle en N et qu’on voit que ça tient, on se dit que c’est bon ! (Il sourit)

Vous avez été victime d’une rechute de la fracture de fatigue au tibia. C’est la blessure la plus difficile à avaler depuis votre arrivée à Nice ? Oui, ce fut très compliqué. La première fois, c’était ma première grosse blessure. Il y a eu des complicati­ons, ça a mis énormément de temps mais on revient et on se dit que c’est fini, c’est du passé. Et quand ça “pète” à nouveau, là ça met un gros coup. On voit que les examens ne sont pas positifs, c’est compliqué... On parle d’opération, mais ce n’est pas sûr, il faut monter à Paris... C’est une période très difficile. Je me rappelle être rentré voir ma femme et lui avoir dit : “Si je me fais opérer, j’arrête le foot”. Parce que je ne me sentais pas de repartir pour des mois et des mois. Puis on relativise vite, je vois mon fils dans le salon qui crie “Le Bihan”... On se dit qu’au final, le foot c’est tout ce qu’on a et qu’il faut repartir de l’avant.

La famille, c’est pour elle qu’on a envie de se battre ? Bien sûr. Parce que je n’étais pas forcément heureux chez moi pendant tout ce temps. J’ai dû être compliqué à vivre pour ma femme qui m’a toujours soutenu. Mon fils, c’est ma joie de vivre. Quand je le vois jouer au foot, je me dis qu’il faut que je revienne que pour lui. Maintenant j’ai une petite fille aussi, et c’est ce qui me donne de la force.

Des livres, des phrases, il y a des choses qui vous ont aussi aidé mentalemen­t ? On prend tout en fait. Le positif comme le négatif. Dans les livres, les films, les vidéos de motivation... J’ai tout pris comme une force. Même les phrases de certains supporters qui disaient que j’étais fini pour le foot, que je ne reviendrai­s jamais. Je me suis dit : « Eux, il faut qu’ils ferment leur bouche. Je vais revenir, ils vont la fermer et me demander mon maillot à la fin du match.”

On arrive à regarder le foot ? C’est compliqué. On vient au stade pour soutenir les copains, mais c’est dur. Les victoires, les supporters qui chantent, les cris de joie dans le vestiaire... On se sent exclu un peu. Il y a des périodes où j’ai coupé avec le foot. Mais j’ai eu la chance d’avoir un super groupe qui m’a toujours soutenu, des supporters qui m’écrivaient sur les réseaux sociaux ou m’interpella­ient dans

larue: « Tu reviens quand ? On a besoin de toi. » Ces mots gentils donnent la force de ne pas lâcher. Que l’on comprenne mieux, c’est quoi une fracture de fatigue ? C’est un point précis, on ne peut vraiment pas jouer avec. A chaque fois que l’on pose le pied au sol, on sent comme un coup de couteau dans la jambe. On a fait une grosse opération, avec une greffe osseuse pour que je ne sois plus embêté jusqu’à la fin de ma carrière.

Vous n’avez plus de douleur ? Du tout. On a fait un énorme travail avec le staff médical, que je remercie énormément. En particulie­r Delphine (Uhel), avec qui on a beaucoup travaillé. Sur le terrain ensuite, Bernard (Cora) m’a beaucoup aidé. Parce que le mental dit qu’on est prêt mais le corps ne l’est pas du tout en fait. Heureuseme­nt qu’il était là, sinon je pense que je me serais grillé en reprenant beaucoup trop vite.

Lucien Favre a toujours été élogieux à votre égard. C’est un soutien important ? Forcément ça donne encore plus envie de revenir. Il m’attendait, j’avais envie de lui prouver qu’il avait raison de le faire. J’ai vraiment envie de remercier le club dans son intégralit­é, que ce soit le coach, le président qui a toujours eu un mot à mon égard, les staffs, les gens dans les bureaux... Je sentais que tout le monde attendait mon retour. Je les vois aujourd’hui heureux pour moi, et ça c’est super important dans un club.

Rendez-vous dimanche pour donner la victoire au Gym ? J’espère. Ce serait le scénario parfait (il sourit).

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