Une vidéo pas du goût de Solidaires
Il pense également à un autre écueil, « la peur que certains employés pourraient avoir de l’immixtion de l’entreprise dans leurs revenus. Je sais que je vais devoir rassurer certains. L’entreprise a une obligation de confidentialité. Elle percevra l’impôt dû seulement sur la rémunération et ses périphériques, intéressement, participation, abondement». Au-delà de la situation dans son groupe, il redoute d’une manière générale « un impact négatif sur la consommation ».
Un salaire net d’impôt ? Pas tout à fait
D’accord avec le DRH sur cet impact macroéconomique, Patrick Mignano, directeur général de Montaner Pietrini, est en revanche sceptique sur l’efficience de ce prélèvement : « J’ai de grosses interrogations sur la fiabilité du système, car il y a des gens qui ont plusieurs sources de revenus. Comment cela va-t-il se passer pour eux ? » interroge-t-il. Un avis partagé par quelques collaborateurs. « En tant que comptable, je pense que c’est quelque chose de plutôt positif, estime Francis Ramonet. Ma situation est simple, je n’ai que mon salaire. Mais ce sera peut-être différent Pascal Mourat, responsable de la logistique : «C’est compliqué pour les jeunes».
pour ceux qui ont d’autres revenus. » Et d’argumenter, le concernant: « C’est un taux individualisé appliqué sur les fiches de paye. En tant que contribuable, je paye l’impôt trimestriellement, et si mon revenu augmente, l’impôt augmente, s’il baisse, l’impôt baisse. Je n’aurai pas à attendre la fin de l’année, voire le début de la suivante, pour être remboursé. On pourra aussi, dans le couple, individualiser l’impôt quand il y a une grosse disparité de salaires. En revanche, ce ne sera toujours pas du salaire net d’impôt, car il restera la taxe d’habitation Morgane Long, service comptabilité : « Je n’aurai pas une somme importante à sortir ».
à payer, la taxe foncière si on est propriétaire, et autres taxes… »
Encore plus dur pour les petits salaires
S’il est mensualisé pour le paiement de l’impôt sur le revenu, Pascal Mourat, responsable de la logistique, ne voit pas d’un bon oeil le prélèvement à la source : « Je préfère toucher plus chaque mois. Pour ceux qui ont des fins de mois difficiles, ça va être encore plus dur. C’est compliqué pour les jeunes. Mais on n’a pas le choix, on nous l’impose. On ne se révolte pas assez dans ce pays ». Maxime Thomas, cariste, est dans l’attente d’informations, mais le dispositif ne le dérange pas. « J’ai d’autres revenus que mon salaire, je vais avoir des ajustements en cours d’année. Je m’interroge, j’attends de voir comment cela va être organisé. Étant mensualisé, je pense que je continuerai à être prélevé chaque mois pour les autres revenus. Pour moi, ça ne changera pas grand-chose ». Au service comptabilité clients, Morgane Long examine le pour et le contre : « C’est une bonne chose car n’étant pas mensualisée, je n’aurai pas une somme importante à sortir. Mais avec le salaire diminué, les fins de mois seront plus difficiles. C’est déjà compliqué pour les charges de tous les jours. Je pense que ça sera à l’avenir encore plus complexe pour obtenir un crédit ou accéder à une location avec des salaires plus bas. Énormément de gens seront impactés ». Et la jeune femme de conclure, fataliste : «Mais de toute façon, on n’a pas le choix, on ne nous a pas demandé notre avis ». Sur le site Internet impots.gouv.fr, une vidéo permet en deux minutes de se familiariser avec le prélèvement à la source. Solidaires Finances Publiques n’a pas aimé le film : «Infantilisant ». Il « sous- estime », regrette ce syndicat, « le travail des agents des finances publiques, lesquels expliquent malgré des moyens en constante diminution (rappel : suppressions d’emplois depuis ) une fiscalité complexe ». En fait, « le prélèvement à la source n’est ni une mesure de simplification, ni contemporain : les réductions et crédits d’impôt ne seront pris en compte que l’année suivante ».