Monaco-Matin

Un prix Nobel au TEDx de Sciences Po

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Pour la deuxième année consécutiv­e, le campus mentonnais de Sciences Po organisait cette année un TEDx. Kesako ? Un petit cycle de conférence­s dont l’objectif est de partager des idées dans un format de temps réduit. Généraleme­nt moins de 15 minutes par intervenan­t. Sous les arcades du splendide bâtiment, tout a été prévu pour l’accueil : puisque tout le public n’est pas forcément polyglotte et que les intervenan­ts parlent français, anglais et arabe, des casques ont été prévus pour la traduction simultanée. Un vrai travail de pro. À l’intérieur, la scène est éclairée aux couleurs de l’ONG TED, en rouge et blanc. Sur scène, un duo d’étudiants, l’une francophon­e, l’autre anglophone, présente l’événement et les règles basiques de politesse : on ne sort pas pendant les «talks» et on ne rentre pas non plus : «Les portes seront fermées» prévient-on. Claustroph­obes s’abstenir. Pourvu qu’il n’y ait pas le feu.

Étudiants et Nobel ensemble

Sur scène, pour parler sur le thème « des murs et des ombres », vont se succéder plusieurs orateurs, étudiants et personnali­tés influentes. Parmi lesquelles Mohammad Naciri, directeur régional à l’ONU-femmes du bureau pour les États arabes. Premier homme à occuper ce poste, il s’est dit fier d’être féministe et de travailler avec et pour les femmes. Il a pointé du doigt une nouvelle particular­ité sociétale : «Quand j’étais enfant, dans les films

d’actions américains, je détestais les personnage­s de méchants russes qui parlaient avec un fort accent. Et aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est moi qui suis devenu ce stéréotype. Comment les gens de ma région sont-ils devenus l’archétype des méchants qui veulent absolument s’en prendre aux autres ? » Avant de soulever cette question cruciale : « Tout le monde veut de l’éducation pour tous. Mais s’interroge-t-on vraiment sur quelle éducation donner ? » Kaz Tomazawa, étudiant originaire d’Hawaï, aux origines multiples (Japon, Irlande, France) et qui a partagé son expérience de l’influence du contexte sociétal sur la perception de la différence : « A Honolulu, j’étais comme tous les autres. En Inde, j’étais le parfait étudiant

américain, et ici en France, tout le monde me demande d’où je viens et d’où vient mon père. » Également présente, Ouided Bouchamaou­i, prix Nobel de la Paix en 2015 et dirigeante du patronat tunisien. Première femme à occuper un poste de cette ampleur dans le monde arabe, elle est venue parler de la situation de la femme en Tunisie. Devant une salle pleine, les intervenan­ts se sont succédé pour parler de tolérance et offrir des pistes de réflexion. On regrettera juste que la population se soit si peu mêlée aux étudiants pour cette journée riche en horizons et perspectiv­es.

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Kaz Tomazawa a lancé une réflexion sur l’identité culturelle et sa perception. (Photo Michael Alesi)

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