Scandale de l’anhydrite : travaux d’urgence à Tende
Jeudi, Nice-Matin publiait une enquête sur le scandale des dépôts illégaux d’anhydrite sur le site de percement du futur tunnel de Tende. Un ouvrage totalement à l’arrêt depuis la révélation, il y a un an, d’une vaste affaire de vols de 200 tonnes de matériaux. Coïncidence ou non, alors que le chantier est au point mort – la justice italienne ayant même demandé au géant du BTP italien, Fincosit, de quitter les lieux avant fin mai –, un bulldozer s’est activé avant-hier. Il intervenait sur l’un des deux dépôts sauvages d’anhydrite, objet de toutes les inquiétudes. Les ouvriers s’affairaient notamment sur un bassin de décantation dont Nice-Matin avait décrit l’état d’abandon total. Le maire de Tende, JeanPierre Vassalo, s’est rendu sur place. Selon les ouvriers italiens, rien n’était prévu pour drainer les ruissellements issus du tas d’anhydrite vers le bassin de rétention, comme cela aurait dû être le cas. « Seul existait le caniveau, en bordure de route, pour les eaux pluviales venant de la colline», constate Jean-Pierre Vassalo. Selon le maire de Tende, les travaux d’hier consistaient donc à installer en urgence une canalisation viable pour drainer les eaux de
ruissellement vers le bassin de rétention.
Absence de drainage
Une absence de drainage qui semble confirmer les craintes des associations environnementales. Sans lui, l’anhydrite risque, en effet, de s’écouler dans la nature. En jeu : l’eau potable de 200 000 personnes à Menton, Vintimille et Monaco. Interrogée sur ce point, la sous-préfète Nice-Montagne, Gwenaëlle Chapuis, soulignait,
avant-hier, que les mesures de sécurité incombent à l’Italie dans le cadre de l’accord binational. «Ainsi en estil des bassins de décantation existants que vous mentionnez.» Jean-Alain Vernet, expert niçois en géologie, fin connaisseur de la vallée de la Roya, soulignait jeudi dans NiceMatin qu’extraire les anhydrites du tunnel et les entreposer à l’air libre au contact des eaux de pluie et de ruissellement, accélère le processus d’érosion. «Une eau polluée
par ces anhydrites serait séléniteuse, impropre à la consommation, car ils contiennent des sulfates de calcium. Si jamais ils impactent les nappes phréatiques et les sources d’un site, il faut plusieurs dizaines d’années avant d’être épurées.» La sous-préfète Nice-Montagne le réaffirme après ce dernier épisode : « La qualité des eaux n’est pas affectée. » Malgré ces travaux, la présence des dépôts d’anhydrite reste hors la loi.