Monaco-Matin

Hassen Bouchakour : « Mon cheval a un don »

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Hassen Bouchakour n’est pas un dresseur comme les autres. Spécialist­e des spectacles de haute voltige, issu d’une des dernières familles de cavaliers fauconnier­s d’Algérie, il perpétue son art dans la région strasbourg­eoise où il est installé. C’est aussi un gymnaste de haut niveau et un contorsion­niste. Il se produit en spectacle dans le monde entier. Mais, hier, c’est une scène plus intime et plus humaine qu’avec Peyo, son étalon star : celle de l’Ehpad Les Jardins de Saint-Paul.

Comment avez-vous trouvé ce cheval si extraordin­aire ? C’est un animal de dressage avec qui je parcours le monde pour des compétitio­ns et des spectacles. Il est très nerveux et très rigoureux. Mais on s’est aperçu, il y a quatre ou cinq ans, qu’il avait une empathie pour les personnes très âgées et les enfants. Il allait vers eux en voulant les apaiser. J’en ai parlé à des psychologu­es, des chercheurs, des scientifiq­ues qui se sont intéressés à ce cheval capable d’accompagne­r des gens en fin de vie, des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou des enfants malades. Aujourd’hui, je suis aidé pour mener ce genre d’expérience dans les Ehpad et dans les hôpitaux. Ce sont toujours des visites très encadrées.

Pourquoi l’avoir appelé Peyo ? En fait, ce cheval vient du Gard. En patois, cela signifie serpillièr­e. C’est un cheval qui s’est beaucoup blessé. Quand c’était un poulain, d’autres chevaux l’ont maltraité. C’est de là que vient ce nom. Malgré ce qu’il a enduré, quelques années plus tard il est quand même devenu champion de France de dressage. Il s’est produit dans le monde entier, et souvent dans des opéras à Strasbourg, Mulhouse, Berlin, Sydney.

A-t-il déjà sauvé des vies ? Attention, Peyo ne fait pas des miracles comme à Lourdes! En aucun cas il ne guérit les gens. Peyo peut aider quelqu’un qui déprime ou a un coup de mou. Mais en aucun cas on ne se substitue à la médecine. On rentre dans les Ehpad ou les hôpitaux dans le cadre d’un programme scientifiq­ue de recherche. Rien d’autre. Pour l’instant on est associé aux « Sabots du coeur ».

Peut-on le définir comme un animal psychothér­apeute ? Thérapeute, oui. Mais il n’a aucun jugement. Vous savez, depuis des millénaire­s, on considère le cheval comme un animal protecteur. Il apporte un réconfort. Nous allons voir beaucoup d’enfants en fin de vie. C’est très dur. Peyo choisit une chambre et rentre. Il pèse  kg, que du muscle. C’est un étalon. Il a un caractère de feu. Je ne peux pas le contrarier. Il est libre, sans aucune contrainte.

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