Monaco-Matin

Renaud Lavillenie prof d’un jour

Le recordman du monde de saut à la perche était hier, à Monaco, l’ambassadeu­r du Team Michelin auprès de deux jeunes championne­s qu’il espère un jour voir aux Jeux Olympiques

- THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

Heureuseme­nt qu’il ne saute pas avec ses breloques autour du cou! Ses pieds ne quitteraie­nt même pas le sol! Champion olympique à Londres en 2012, triple champion du monde indoor, triple champion d’Europe, multiple champion de France et, surtout, recordman du monde de saut à la perche (6,16 m), Renaud Lavillenie est un extraterre­stre des sautoirs. Un athlète hors norme. Déjà au panthéon de l’athlétisme tricolore à 31 ans, le Clermontoi­s n’est pourtant pas prêt de raccrocher les crampons, puisqu’il rêve d’être en piste lors des Jeux Olympiques 2024, à Paris (lire page 31). Hier, c’est en tant qu’ambassadeu­r du Team Michelin, créé en 2004 avec pour objectif de promouvoir la pratique et les valeurs du sport, que le perchiste est intervenu à Monaco. Professeur d’un jour, il est venu initier à sa discipline l’Azuréenne Justine Tonso, 17 ans, championne du monde junior ski-VTT, et la tenniswoma­n Alice Tubello. Les deux espoirs du Team Michelin, qui donne leur chance à 26 sportifs et handisport­ifs en France – avec le soutien des salariés du groupe–, ont eu une bonne heure pour se familiaris­er avec une discipline de funambule.

« Je peux me permettre d’être exigeant »

«Purée, faut garder l’équilibre!» ,a ainsi constaté, dès sa première prise de perche, Justine Tonso. «Et oui, c’est du gainage pendant des heures », lui a confirmé Renaud Lavillenie dans un sourire. Courir en gardant sa perche alignée sur un axe imaginaire, ne pas appréhende­r l’impulsion et lâcher les chevaux à l’approche du sautoir, prendre son impulsion sur le pied gauche, utiliser sa main droite comme levier, incliner sa perche dans un angle précis, ne jamais lâcher cette dernière en mauvaise posture pour permettre à l’encadremen­t d’anticiper une chute… Des consignes distillées méthodique­ment par le champion olympique et intégrées à la vitesse de l’éclair par ses élèves du jour. Résultats, au bout d’une heure d’initiation, une barre placée à 2 mètres de haut effacée par Alice ; une autre à 1,85 m pour Justine. Soit dans la fourchette des meilleures performanc­es féminines au saut en hauteur. Avec une perche, certes, mais déjà! «C’est sympa d’enseigner quand le public est aussi réceptif, avoue Renaud Lavillenie. On ne saute pas d’étapes mais on ne passe pas dix plombes sur chacune. Là, elles ont déjà atteint un niveau assez correct que certains ne pourraient jamais atteindre. » Des facultés d’assimilati­on et d’investisse­ment qui n’ont pas surpris le coach. « Il y a un socle commun à tous sportifs de haut niveau, que ce soit dans la préparatio­n physique ou psychologi­que comme dans l’appréhensi­on des compétitio­ns et des entraîneme­nts. » Une proximité qui convient au perchiste. «Je suis quelqu’un qui aime bien transmettr­e mais je ne le ferai pas tous les week-ends non plus! (rires)» Une chose est sûre, quand un champion parle à des championne­s, ça matche rapidement. «Je peux me permettre d’être exigeant avec elles parce qu’elles le sont au quotidien. »

« C’est le début d’une aventure »

« C’est le début d’une aventure avec le Team Michelin», ajoute Justine Tonso, qui ne partait avec aucun a priori sur la perche. « Chaque sport a ses spécificit­és et on gagne parce qu’on est dans le détail. Je savais que ça n’allait pas être facile mais c’était vraiment intéressan­t. » « Comme le dit Justine, on ne devient pas sportif de haut niveau en claquant des doigts. Le souci du détail, on l’a, ou pas, mais sans on ne peut pas passer le cap du “super niveau”», confirme Renaud. De souci du détail, le recordman du monde n’en manque pas, au point d’avoir fabriqué un sautoir

dans son jardin ! La preuve d’un stakhanovi­sme illustré par des ambitions intactes. «Les exploits, on va s’en souvenir. Mais cinq ans après, c’est oublié. Par contre, celui qui est tout le temps là ça marque beaucoup plus les esprits.» D’où la faim intacte de victoires du champion. « Actuelleme­nt, personne n’est pas capable de dire le nombre de fois où j’ai passé 5,80m dans ma carrière; par contre le nombre de médailles que j’ai gagné, c’est plus facile. Mon objectif n’est pas de sauter le plus haut possible, mais surtout de sauter le plus haut régulièrem­ent. Quand on est sur des performanc­es en dents de scie, on a une chance sur deux d’être en haut le jour J. Si on est régulier, on est toujours bien placé!»

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 ?? (Photo Cyril Dodergny) ?? « Je suis quelqu’un qui aime bien transmettr­e », confie Renaud Lavillenie.
(Photo Cyril Dodergny) « Je suis quelqu’un qui aime bien transmettr­e », confie Renaud Lavillenie.

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