Monaco-Matin

Entre terre et mer

Jusqu’en juin, le navire de 200 mètres de longueur déversera des tonnes de roches au fond de l’eau afin de former le remblai d’assise, socle de la future extension en mer de six hectares

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

À la mi-juin, le Simon Stevin aura déversé 1,5 million de tonnes de remblais au fond de la Méditerran­ée, formant l’assise de la future extension en mer. Un navire aux dimensions hors normes qui manoeuvre dans un mouchoir de poche.

L’impact environnem­ental du chantier est maîtrisé d’après les opérateurs.

Un mastodonte d’acier aux mensuratio­ns démentiell­es. Près de 200 mètres de long, 40 de large et des antennes qui flirtent avec la hauteur du Fairmont. Depuis le 28 décembre, le Simon Stevin, un « Fall Pipe Vessel » dans le jargon technique des navires, décharge des tonnes de cailloux au fond de l’eau dans le périmètre de l’extension en mer. Sa mission ? Former le socle de ces six hectares de terre qui vont grignoter la grande bleue. Avant d’y déposer la fameuse ceinture de dix-huit caissons, délimitati­on physique entre terre et mer. À bord du navire – où il faut émarger à trois reprises – deux pelles mécaniques tournoient en continu dans deux immenses cuves. Leurs mâchoires aiguisées avalent les roches, du calcaire extrait de la carrière de Châteauneu­f-lesMartigu­es, pour les recracher dans une benne aux allures d’entonnoir. « Là, on parle de 30 000 tonnes de remblais, montre du doigt Tom Van Slambrouck, chef de projet chez Jan De Nul, soustraita­nt de Bouygues Travaux Public. Au total, ce sont plus de cinquante voyages entre Fos-sur-Mer et Monaco pour acheminer 1,5 million de tonnes d’ici mi-juin. Chaque cycle – entre le chargement à Fos, le voyage et le déchargeme­nt à Monaco – dure trois jours. »

L’équivalent d’un immeuble de dix étages en remblais

Puis, les cailloux atterrisse­nt sur un tapis roulant à 4 km/h au coeur d’une salle des machines. Puis sur un autre. Avant de dégringole­r à 55 mètres de profondeur par un long tube vertical jusqu’à une surface en dur, orpheline de ses sédiments depuis la phase de dragage. Opération qui provoque, forcément, des remous et de la turbidité (lire ci-dessous). « Il y aura une épaisseur de trente mètres de remblais, soit l’équivalent d’un immeuble de dix étages », compare Julien Salmin, premier officier sur le bateau. Habitué à évoluer en Mer du Nord pour ériger les fondations d’éoliennes, le Simon Stevin est confronté, ici à Monaco, à une contrainte de… taille. À un espace de chantier étriqué. « On est dans un mouchoir de poche. La longueur du chantier, 400 mètres, ne fait que le double du navire. Parfois, il y a des opérations simultanée­s. La coactivité est le challenge de ce projet », confie Tom Van Slambrouck. Hier soir, le navire repartait en direction de Fos-sur-Mer pour une énième cargaison. Des allers-retours (Photos Manuel Vitali/Dir Com) prévus jusqu’au milieu du mois de juin, sauf aléas d’envergure. Ce remblai d’assise sera alors compacté puis nivelé. Pour accueillir, dès août, l’un de ces dix-huit beaux bébés en béton (les caissons) qui prennent vie en ce moment même du côté de Marseille. La base (enfin !) visible de cette avancée sur la mer. La partie émergée de l’iceberg.

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Chaque rotation entre Fos-sur-Mer et Monaco (il y en aura  au total) correspond au transport de   tonnes de roche calcaire.

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