Monaco-Matin

Huit mois de prison pour les agresseurs d’un policier en civil

- G. L.

Un mauvais regard. Voilà pourquoi S. B.A., 21 ans et K.R., 22 ans s’en seraient pris à un policier, le 19 mars dernier. Une altercatio­n avait éclaté après qu’une Clio eut frôlé un jeune homme traversant la route, le long de la Coulée verte à Nice. Il était adjoint de sécurité, mais en civil ce jour-là, et se trouvait accompagné d’un groupe de personnes, dont son frère de 15 ans. La présidente du tribunal correction­nel de Nice, Catherine Bonnici, avoue avoir du mal à comprendre le mobile : « Un mauvais regard, c’est quoi pour vous ? » S.B.-A., qui était passager de la Clio répond : « Quand ce monsieur [le policier en civil, ndlr] m’a regardé, j’ai comme eu l’impression qu’il me disait sale arabe. » Consternat­ion et murmures dans la salle. À observer ce jeune Cannois de 21 ans, rien ne pourrait, en effet, laisser préjuger une appartenan­ce maghrébine. Ce jour-là, la voiture s’est arrêtée quelques mètres plus loin. Le passager est descendu en premier rejoindre l’adjoint de sécurité qu’il semblait avoir reconnu, même sans uniforme. «Sale bâtard de schmidt » [policier en argot, ndlr]. Les insultes pleuvent. Puis sort une matraque télescopiq­ue, et là ce sont les coups qui pleuvent sur le policier.

La matraque chez les prévenus

Puis le conducteur se mêle à la bagarre. Les deux automobili­stes seron arrêtés un peu plus tard. La matraque a été retrouvée dans la boîte aux lettres du conducteur. Eux prétendent qu’elle appartenai­t au policier et qu’ils lui auraient arraché des mains. Les explicatio­ns sont alambiquée­s et ne semblent guère convaincre le tribunal. Me Valérie Février, avocate du jeune adjoint de sécurité de 21 ans a décrit ses états de service irréprocha­bles : « C’est quelqu’un de parfaiteme­nt honnête, adjoint de sécurité depuis septembre 2017, pompier volontaire depuis l’âge de 15 ans. Il fait de la natation, des championna­ts, il est médaillé. » Elle a dénoncé la «rocamboles­que version de la matraque ». Le procureur de la République, Jean-Michel Prêtre, n’a émis de son côté aucun doute sur la responsabi­lité des deux prévenus, évoquant une «co-action» ,et une «agression violente». L’adjoint de sécurité souffre encore de lésions aux genoux et se trouve toujours en arrêt maladie. Il est apparu éprouvé à l’audience.

«Trop de doutes»

«Ils se sont attaqués à un homme parce qu’il était policier», a affirmé le procureur à plusieurs reprises. Il a requis dix mois, dont quatre avec sursis et maintien en détention. Me Hubert Zouatcham a souhaité faire le distinguo entre l’action de son client, conducteur de la voiture, et celle du passager qui est descendu en premier. Selon lui, K. R. n’a fait que s’interposer pour calmer le jeu. Il a demandé la relaxe. L’avocat du passager, Me Jean-Philippe Pazzano a estimé que si les actes de son client étaient «inacceptab­les», trop de doutes pesaient dans le dossier et qu’ils devaient profiter à son client. Le tribunal n’a, lui, finalement pas fait de distinctio­n. Il les a tous les deux condamnés à huit mois de prison, dont quatre mois ferme, avec maintien en détention. Ils se sont également vus signifier une interdicti­on de porter une arme et une obligation de travail et d’indemniser la victime.

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