À Tende, on bétonne autour des dépôts illégaux d’anhydrites ...
Le chantier semble définitivement hors de contrôle. Mardi, sur le site de percement du futur tunnel de Tende, on bétonnait autour des dépôts sauvages d’anhydrites dont le maire de Tende avait dénoncé la présence dans Nice-Matin. Les ouvriers italiens de l’entreprise Fincosit montent actuellement une canalisation en béton autour des tas pour, semble-t-il, contenir les eaux de ruissellement potentiellement dangereuses. Le but vraisemblable : tenter de les empêcher de se déverser dans le vallon de la Canelle distant de moins d’une dizaine de mètres en dévers. Plutôt que de les évacuer, on semble donc vouloir pérenniser ces dépôts d’anhydrites. Voilà une nouvelle fois bravé l’accord international France-Italie qui stipulait «qu’un chargement des anhydrites immédiat vers le centre de traitement» devait être effectué. «Ils devaient être évacués dans les 24 heures», rappelle le maire de Tende, Jean-Pierre Vassalo. «Tout le monde reconnaît qu’il y a danger, mais là on se met visiblement en position pour une longue période. Depuis que j’ai interpellé la préfecture par courrier, je n’ai eu aucun retour ! Et les autorités françaises se désintéressent totalement de la situation. Aucun contrôle, aucun agent de l’État. Quand j’ai alerté, ces tas auraient dû être enlevés immédiatement. On laisse faire !», s’insurge Jean-Pierre Vassalo. La préfecture affirme de son côté avoir répondu au maire par écrit. La parution d’une enquête de Nice-Matin, le 19 avril dernier, avait tiré de l’anonymat ces dizaines de tonnes de gravats non inertes entreposés depuis huit mois. L’enquête a provoqué l’apparition miraculeuse – sur ce chantier à l’arrêt depuis huit mois – d’engins de chantier italiens deux jours après. Ils sont venus poser des canalisations de drainage. Contrairement à ce qui avait été affirmé par les autorités, les bassins de décantation situés à proximité de ces tas n’étaient donc pas viables, aucun drainage n’ayant été prévu pour ramener les eaux de ruissellement aux bassins. La sous-préfète Nice-Montagne, Gwenaëlle Chapuis, indique de nouveau que, «conformément à l’accord binational, l’Italie est chargée de l’enlèvement des déchets.» Elle souligne que lors de la Conférence intergouvernemental du 18 mai, elle portera ces sujets «avec force, notamment sur la question des anhydrites». Elle affirme que l’entreprise a déjà été sommée de faire les travaux de mise en sécurité du chantier. Le chantier de la honte, dans lequel l’État, Région et Département ont investi 80 millions d’euros, n’a pas fini de faire parler de lui.