Monaco-Matin

À Tende, on bétonne autour des dépôts illégaux d’anhydrites ...

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Le chantier semble définitive­ment hors de contrôle. Mardi, sur le site de percement du futur tunnel de Tende, on bétonnait autour des dépôts sauvages d’anhydrites dont le maire de Tende avait dénoncé la présence dans Nice-Matin. Les ouvriers italiens de l’entreprise Fincosit montent actuelleme­nt une canalisati­on en béton autour des tas pour, semble-t-il, contenir les eaux de ruissellem­ent potentiell­ement dangereuse­s. Le but vraisembla­ble : tenter de les empêcher de se déverser dans le vallon de la Canelle distant de moins d’une dizaine de mètres en dévers. Plutôt que de les évacuer, on semble donc vouloir pérenniser ces dépôts d’anhydrites. Voilà une nouvelle fois bravé l’accord internatio­nal France-Italie qui stipulait «qu’un chargement des anhydrites immédiat vers le centre de traitement» devait être effectué. «Ils devaient être évacués dans les 24 heures», rappelle le maire de Tende, Jean-Pierre Vassalo. «Tout le monde reconnaît qu’il y a danger, mais là on se met visiblemen­t en position pour une longue période. Depuis que j’ai interpellé la préfecture par courrier, je n’ai eu aucun retour ! Et les autorités françaises se désintéres­sent totalement de la situation. Aucun contrôle, aucun agent de l’État. Quand j’ai alerté, ces tas auraient dû être enlevés immédiatem­ent. On laisse faire !», s’insurge Jean-Pierre Vassalo. La préfecture affirme de son côté avoir répondu au maire par écrit. La parution d’une enquête de Nice-Matin, le 19 avril dernier, avait tiré de l’anonymat ces dizaines de tonnes de gravats non inertes entreposés depuis huit mois. L’enquête a provoqué l’apparition miraculeus­e – sur ce chantier à l’arrêt depuis huit mois – d’engins de chantier italiens deux jours après. Ils sont venus poser des canalisati­ons de drainage. Contrairem­ent à ce qui avait été affirmé par les autorités, les bassins de décantatio­n situés à proximité de ces tas n’étaient donc pas viables, aucun drainage n’ayant été prévu pour ramener les eaux de ruissellem­ent aux bassins. La sous-préfète Nice-Montagne, Gwenaëlle Chapuis, indique de nouveau que, «conforméme­nt à l’accord binational, l’Italie est chargée de l’enlèvement des déchets.» Elle souligne que lors de la Conférence intergouve­rnemental du 18 mai, elle portera ces sujets «avec force, notamment sur la question des anhydrites». Elle affirme que l’entreprise a déjà été sommée de faire les travaux de mise en sécurité du chantier. Le chantier de la honte, dans lequel l’État, Région et Départemen­t ont investi 80 millions d’euros, n’a pas fini de faire parler de lui.

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(DR) Les ouvriers montant une rigole en béton autour des dépôts sauvages et illégaux d’anhydrites.

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