Monaco-Matin

USA: Macron met en garde contre le repli nationalis­te

Devant le Congrès américain, le président de la République français a pris le contre-pied de la vision protection­niste et isolationn­iste de Donald Trump

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Le président français Emmanuel Macron a lancé hier un vibrant appel aux parlementa­ires américains pour le multilatér­alisme et le maintien des États-Unis sur la scène internatio­nale, dans un discours au Congrès en forme de critique de «l’Amérique d’abord» de Donald Trump. Le chef de l’État français, dans un discours en anglais de trois quarts d’heure, a plaidé contre la tentation nationalis­te. «Nous pouvons choisir l’isolationn­isme, le retrait et le nationalis­me. Ce n’est pas une option. Ce peut être un remède tentant à nos peurs. Mais fermer la porte au monde n’arrêtera pas l’évolution du monde », a-t-il déclaré, après une introducti­on appuyée sur l’ancienne amitié franco-américaine, dans la lignée des autres dignitaire­s français ayant reçu les honneurs du Capitole depuis le premier d’entre eux, le marquis de Lafayette en 1824.

«Il n’y a pas de planète B»

Son entrée s’est d’ailleurs faite sur une ovation de trois minutes des représenta­nts et sénateurs, dont plusieurs

centaines étaient présents. Face à ce Congrès contrôlé par les républicai­ns, il a défendu l’utilité des institutio­ns internatio­nales fondées depuis la Seconde Guerre mondiale avec le soutien des États-Unis, jouant sur les sensibilit­és républicai­nes en insistant sur la lutte contre le terrorisme… et plus encore sur celles des élus démocrates, lors de passages sur la défense de la science et du

climat – répétant, au grand plaisir de ces derniers, qu’il n’y avait pas de «planète B». «Je suis certain qu’un jour les États-Unis reviendron­t dans l’accord de Paris » sur le climat, a-t-il aussi dit, faisant bondir de joie les démocrates, dont certains criaient « Vive la France », tandis que les républicai­ns restaient les bras croisés, non sans un sourire face aux légères impertinen­ces de leur hôte. Sur le commerce, il a redit qu’il était favorable à un «commerce juste et équitable », mais rejeté comme pas « cohérente » toute guerre commercial­e entre alliés, allusion aux taxes sur l’acier et l’aluminium envisagées par Donald Trump contre l’Union européenne.

« Socialiste militarist­e globaliste »

« Je ne m’attendais pas à une opposition aussi directe au président [Trump]», a déclaré l’élu démocrate Adam Schiff. À la fin du discours, nombre de démocrates se sont attardés pour serrer la main du dirigeant. À l’inverse, l’élu républicai­n ultraconse­rvateur Thomas Massie a qualifié le président français de « socialiste militarist­e globaliste alarmiste sur la science ». Dans la foulée, au terme du troisième et dernier jour de cette visite d’État à Washington, Emmanuel Macron a pratiqué un sport oratoire qu’il adore: un débat à bâtons rompus devant des étudiants à l’université George-Washington, comme il l’a déjà fait en Inde et au Burkina Faso.

 ??  ?? « Fermer la porte du monde n’arrêtera pas l’évolution du monde », a déclaré le chef de l’État français. (Photo AFP)
« Fermer la porte du monde n’arrêtera pas l’évolution du monde », a déclaré le chef de l’État français. (Photo AFP)

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