Monaco-Matin

«Dropped»: la société de production condamnée

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C’est la première décision de la justice française dans l’accident mortel d’hélicoptèr­es survenu lors d’un tournage en Argentine en 2015: la société de production de l’émission de téléréalit­é «Dropped» a été condamnée au civil pour «faute inexcusabl­e » et devra indemniser la famille d’une victime. Le Tribunal des affaires de sécurité sociale (TASS) des Hauts-de-Seine a en effet condamné la semaine dernière, at-on appris hier, la société SAS Adventure Line Production­s (ALP) à verser à la veuve, à la mère et aux deux jeunes enfants du caméraman Laurent Sbasnik un total de 120000 euros de dommages et intérêts. ALP devra en outre rembourser à la Caisse primaire d’assurance-maladie des Hauts-de-Seine près de 400000 euros de majoration­s de rente.

« Manoeuvre interdite »

Le crash des deux hélicoptèr­es, le  mars  en Argentine, avait été fatal notamment à Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine. (Photomonta­ge AFP)

le tribunal dans sa décision. Cela comportait donc «des risques particulie­rs pour sa santé et sa sécurité» sans qu’il ait «obtenu l’informatio­n et/ou la formation appropriée», souligne le TASS, rappelant qu’« un accident d’hélicoptèr­e avait déjà eu lieu quelques jours auparavant au cours de la même production, sans faire de victime». Se fondant notamment sur les conclusion­s du rapport d’enquête administra­tive rendu en décembre 2015 par le Jiaac argentin (équivalent du BEA français, le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile), le tribunal a donc estimé «que l’accident du travail dont a été victime» le caméraman

était «dû à une faute inexcusabl­e de la SAS Adventure Line Production­s». Me Solenn Le Tutour, qui défend les intérêts de la famille de Laurent Sbasnik, a salué «une première décision de condamnati­on qui était très attendue par les familles de victimes». Cette décision «rappelle vigoureuse­ment » qu’ALP, en tant qu’employeur, «devait tout mettre en oeuvre pour assurer la sécurité de ses salariés», a-t-elle souligné. L’avocate a ajouté que le tribunal avait retenu, comme elle l’avait pointé à l’audience le 27 novembre 2017, le fait «que le vol rapproché avec des passagers à bord est une manoeuvre interdite par la réglementa­tion argentine» .De son côté, ALP «s’étonne» de la décision rendue et «n’exclut pas» de faire appel, précisent les avocats de la société.

« Éléments parcellair­es »

La condamnati­on par le TASS «se fonde sur un système de présomptio­n de responsabi­lité attachée à l’obligation dite “de sécurité de résultat” due par tout employeur à ses salariés, ce qui est très différent de la reconnaiss­ance d’une faute intentionn­elle», soulignent-ils, regrettant que le tribunal n’ait eu accès qu’à «des éléments parcellair­es» pour se prononcer. Elle avait demandé que le TASS remette à plus tard sa décision en raison de l’instructio­n, toujours en cours à Paris, pour «homicide involontai­re par violation manifestem­ent délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence», mais le tribunal de Nanterre n’y a pas fait droit. Saisi au civil, dans le cadre de ce même accident, pour la mort de la journalist­e Lucie Mei-Dalby, le TASS de Paris a, à l’inverse, reporté sa décision dans l’attente de l’issue de la procédure pénale.

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