SNCF: les syndicats veulent «mettre la pression»
Les syndicats de la SNCF ont affiché hier leur unité et leur volonté de «mettre la pression» sur le Premier ministre Édouard Philippe, en annonçant des rassemblements le 3 mai à Paris et en régions, quatre jours avant les rendez-vous de Matignon. L’intersyndicale CGT-Unsa-SUD-CFDT se réunissait au lendemain de l’annonce par M. Philippe qu’il les recevrait, en même temps que leurs responsables confédéraux, le 7 mai en réunions bilatérales. Une invitation à « mettre au crédit du rapport de force », a redit mercredi Laurent Brun (CGT-cheminots). Le chef du gouvernement devra « clarifier » une réforme ferroviaire «brouillonne» et « très idéologique », a résumé le responsable du premier syndicat de la SNCF, depuis le siège de la CFDT-Cheminots à Saint-Denis.
L’exécutif écarte toute « reprise en main »
« Nous n’imaginons pas que
le Premier ministre nous convoque pour nous dire que rien ne changera et que les négociations sont closes » ,at-il poursuivi. Les syndicats veulent « avoir affaire à celui qui a le dossier en main » et « enfin » négocier «sur la base d’un projet viable » socialement et économiquement, a ajouté Erik Meyer, de SUD-rail. Pour eux, les rencontres à Matignon sont l’occasion de repartir d’une feuille blanche. Mais pas pour le gouvernement,
qui présente l’événement comme la suite logique des concertations menées depuis deux mois. «C’est la “phase deux” qui va s’ouvrir le 7 mai à Matignon, en présence du Premier ministre et de la ministre des Transports (Élisabeth Borne) qui aura ensuite la responsabilité des suites de la discussion », a déclaré hier le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. Officiellement, l’exécutif écarte en effet toute « reprise en main » du dossier SNCF par Matignon. Si Édouard Philippe s’implique, explique-t-il, c’est uniquement parce que les débats se focaliseront sur la question de la dette du groupe ferroviaire.
Reprise de la dette: pas de hausse d’impôt
L’État s’est en effet engagé à reprendre progressivement, à partir du 1er janvier 2020, une partie « substantielle » de la dette de SNCF Réseau, qui était de 46,6 milliards d’euros fin 2017 et continue de s’alourdir. À ce sujet, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a assuré hier que la reprise par l’État se ferait non seulement sans « impôt nouveau », mais aussi sans « augmentation d’impôt » : «Nous le ferons en diminuant la dépense publique», a-t-il ajouté, sans préciser la part de la dette que l’État allait reprendre à son compte, et par conséquent l’effort qu’il devrait réaliser en matière de baisse des dépenses.