Monaco-Matin

Le chien Larsen a été mis au service d’Eric, sans bruit

Hier, l’associatio­n des Chiens guides d’aveugle de Paca a officielle­ment confié l’un de ses « fidèles amis » à un Mentonnais, afin de faciliter ses déplacemen­ts et plus largement son quotidien

- ALICE ROUSSELOT arousselot@nicematin.fr

Il s’appelle Larsen, et on serait tentés de lui accoler le patronyme de Lupin. Gentledog guide qui vole au secours des personnes malvoyante­s en difficulté. Hier, ce labrador noir – qui ne manque clairement pas de bonnes manières – a ainsi été confié gratuiteme­nt à Eric. Un quinquagén­aire mentonnais pour qui marcher avec une canne était devenu difficile. «Le chien m’apporte davantage d’autonomie. Et puis il y a un aspect relationne­l : les gens sont gênés à la vision d’une canne, ils ne veulent pas déranger. Un chien ne fait pas peur », témoigne-t-il, alors que Larsen pionce paisibleme­nt à ses pieds. Autre aspect à prendre en compte, selon lui: un bâton doit être dirigé. À l’inverse d’un chien, apte à prendre des initiative­s. « Tout seul, j’aurais tendance à faire demi-tour face à certains obstacles. Mais lui sait qu’on peut souvent les contourner.» Impliquant un gain de temps… et de confort.

« Ce sont des chiens qui s’attachent rapidement»

Sur une ligne droite, Eric sait par ailleurs qu’il peut répondre au téléphone si le chien est à ses côtés, l’intensité de la concentrat­ion étant moindre. « Parfois, des situations restent complexes en raison de l’incivisme, nuance Amélie, l’éducatrice en charge de Larsen au sein de l’associatio­n « Les Chiens guides d’aveugles Paca ». Véhicules garés sur des passages piétons, poubelles déposées de manière anarchique… » L’animal a beau être formé pour anticiper le plus possible ce type de désagrémen­ts, pour sécuriser au maximum les déplacemen­ts, il faut bien souvent six mois pour qu’une équipe chien-homme soit tout à fait soudée. «J’ai eu un bon contact dès le départ, assure cela dit Eric. Ce sont des chiens qui s’attachent rapidement. » Un bon point quand on sait que jusqu’à ses quarante ans, il n’a pas cru bon en demander. Entre autres parce qu’il n’a perdu la vue qu’à 18 ans, et qu’au début, il était « fonceur », n’avait «pas la trouille ». Parce que sa profession ne s’y prêtait pas tellement, aussi. «Je suis musicien. Pendant longtemps j’étais soit dans ma maison soit en tournée dans un camion. Toujours accompagné. Mais quand je suis arrivé ici, je me suis mis à jouer essentiell­ement dans des restaurant­s ou des bars. J’ai une vie plus souple qui représente moins de contrainte­s pour un chien. » C’est sa femme qui lui a conseillé de se rapprocher des Chiens guides

d’aveugles, après avoir été informée de leurs actions sur internet. Et aujourd’hui, Eric affiche clairement sa joie de pouvoir emmener partout Larsen. Ou presque. «Je ne le prendrai pas forcément avec moi pour aller chanter. Dans le passé, j’ai eu un chien qui n’aimait pas ma voix», sourit-il. Conscient que le bon fonctionne­ment de la paire repose aussi sur un respect des envies de chacun. Et notamment de l’aspiration naturelle qu’ont les canidés à buller. « Avant d’être un guide, c’est un chien », résume Amélie.

 ??  ?? Le chien Larsen a été remis officielle­ment à Eric, hier, pour l’aider dans son quotidien.
Le chien Larsen a été remis officielle­ment à Eric, hier, pour l’aider dans son quotidien.
 ?? (Photos Michael Alesi et repro archives municipale­s de Menton) ??
(Photos Michael Alesi et repro archives municipale­s de Menton)
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco