Il y a ans, Yokina faisait ses premiers pas à Menton
L’OEuvre des chiens guides d’aveugles avait déjà rendu service à Menton il y a tout juste cinquante ans. Les chiens en question étaient alors éduqués dans une «ferme pilote» de Sospel, dont la cour permettait de reconstituer tous les obstacles de la vie quotidienne. De simuler tous les cas de figure, afin que le canidé s’y habitue avant d’être jeté dans le grand bain. L’article, écrit dans nos colonnes il y a une moitié de siècle, évoquait la nécessité
d’éduquer l’homme également. Puis l’homme et le chien ensemble, « car tout doit être harmonie entre ces deux êtres qui vivront ensemble ». Autant dire que rien n’a vraiment changé, bien qu’une papardelle de chiots guides d’aveugle ait été formée depuis.
« Spectacle joué par trois personnages »
Le journaliste – qui sous entendait qu’une telle opération relevait alors de l’expérimentation – soulignait que
l’équipe nouvellement constituée était ensuite lâchée dans la « grande ville », Menton. Prête à interpréter un
spectacle « joué par trois personnages : l’homme qui tâtonne, l’animal qui l’aide de son instinct et l’éducateur dont l’autorité, si présente aux premiers temps, s’estompe chaque jour davantage ». L’heureux bénéficiaire, en cette année 1968, était un certain monsieur Messager. Invalide de guerre âgé de 42 ans. Officier de la légion d’honneur, natif de Quimper. La chienne guide qui lui avait été offerte par la compagnie d’assurance contre les accidents, suivant les conseils du Lions Club, s’appelait alors Yokina. On comprendra aisément qu’il n’était pas évident de trouver un nom pour un animal de race l’année des Y… Le journaliste conclura, comme on pourrait le conclure aujourd’hui pour une nouvelle équipe, que «M. Messager et Yokina ont été présentés l’un à l’autre. Ils s’entendent très bien. »