Monaco-Matin

Dental Access : enquête après un décès suspect

Elle a été ouverte par le procureur de Grasse. Le 26 mars dernier, une Cannoise de 75 ans succombait, deux jours après un malaise cardiaque et des soins dans le centre dentaire cannois

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Le procureur de la République de Grasse vient d’ouvrir une enquête après la mort, jugée suspecte, d’une patiente d’un centre de soins dentaires, «Dental Access», à Cannes. Cette cannoise de 75 ans est décédée après avoir été victime de deux malaises, lors de deux interventi­ons distinctes, à plus de cinq semaines d’intervalle, dans le cabinet de la rue des Serbes à Cannes. Elle décédera le 26 mars dernier, deux jours après son admission à l’hôpital. Fabienne Atzori, procureur de la République de Grasse, explique avoir été saisie de ce décès par l’Agence régionale de santé (ARS). Elle a chargé la brigade de recherches de la gendarmeri­e de Cannes de l’enquête. Trois membres de la famille de la patiente ont déposé plainte.

«Une cabale»

«Les conditions de décès de cette dame méritent d’amples vérificati­ons», commente Fabienne Atzori. L’enquête est ouverte pour «déterminer les causes de la mort et vérifier les conditions d’exercice de la profession de dentiste». Dans le même temps, l’Agence régionale de la santé a ordonné la fermeture pour une semaine du centre de Cannes, toujours effective hier. Cette affaire intervient dans un contexte de tensions exacerbées entre chirurgien­s dentistes et cabinets dentaires «low cost» (lire ci-dessous). Dental Access compte une quinzaine de salariés et deux centres, l’un à Cannes, ouvert en 2015, l’autre à SaintLaure­nt-du-Var, inauguré en 2017 et affirme avoir déjà soigné 3500 personnes. «Tout ceci est une cabale menée par l’ordre des chirurgien­s dentistes dans un dossier qui ne repose pour l’instant sur rien», affirme Me Sophie Jonquet, avocate niçoise de Dental Access. «La mise en place d’une recherche des causes de la mort par le parquet de Grasse est une excellente chose pour aboutir, hors pression et autre vindicte, à la manifestat­ion de la vérité. Cela est important pour la famille mais également pour Dental Access et les praticiens qui y officient.» Dental Access (Photo Patrice Lapoirie) avait réclamé, le 4 avril dernier, une expertise indépendan­te sur les causes de la mort auprès du premier président de la Cour d’appel. Alexandre Nairi, président du syndicat dentaire des Alpes-Maritimes s’en remet à l’enquête. Idem pour le président de la Fédération des syndicats dentaires libéraux (FSDL), Patrick Solera. «Je ne suis pas là pour dire qu’il y a eu faute opératoire. Une enquête le déterminer­a». Un communiqué de la Fédération, publié mardi, semblait pourtant déjà accréditer la faute : «Le scandale retentissa­nt des centres Dentexia aurait dû alerter les pouvoirs publics. Des milliers de patients escroqués et pour la plupart mutilés n’a pas été un message suffisamme­nt audible ! » De son côté, la présidente de Dental Access, Lyssia Chanaï, se défend ardemment et se dit très touchée par le décès de sa patiente. «Je comprends tout à fait que la famille dépose plainte. Si j’avais été à leur place, dès le départ, j’aurais souhaité avoir des réponses.» Lyssia Chanaï dénonce en revanche « l’acharnemen­t » de l’ordre des chirurgien­s dentistes sur un dossier qui, selon elle, n’a pour l’instant relevé aucun manquement. «Ils cherchent juste à tenter de prouver par n’importe quel moyen qu’on peut mourir avec des soins à coûts modérés.»

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Lyssia Chanaï, présidente de Dental Access, dont le centre dentaire de Cannes se trouve sous le coup d’une enquête après le décès d’une patiente.

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