Monaco-Matin

Fausses allégation­s de viol : la complainte des policiers

Une femme a déposé plainte le week-end dernier pour viol. Il s’est avéré qu’elle avait menti. Un cas de figure de plus en plus fréquent qui exaspère les enquêteurs

- CH. P.

Est-ce un effet pervers de l’affaire Weinstein qui eut la vertu de libérer la parole des femmes agressées ? Les policiers de la brigade criminelle de la Sûreté départemen­tale de Nice constatent qu’ils sont trop souvent confrontés à des plaintes fantaisist­es pour viol. Dernier exemple en date : dimanche, une femme se présente en pleine nuit à la caserne Auvare . Elle se plaint d’avoir été abusée par l’un de ses amis avec qui elle a passé la soirée. Elle décrit des scènes teintées de sadomasoch­isme particuliè­rement violentes. « Aussitôt, la brigade de nuit procède à plusieurs auditions », précise le commissair­e Aurélien Froget, de la Sûreté départemen­tale. Le suspect est placé en garde à vue. Lui se défend et parle d’une relation consentie. « Plus de six enquêteurs vont être mobilisés sur cette affaire », rappelle le commissair­e. Des prélèvemen­ts sont effectués pour être envoyés en analyse. Des analyses coûteuses. Au fil des auditions de la jeune femme, des incohérenc­es apparaisse­nt. Finalement, la soi-disant victime l’admet : elle a menti. Elle souhaitait cacher à sa compagne, cette relation hétérosexu­elle passionnée d’un soir . Elle redoutait de mettre son couple en péril !

Un innocent en garde à vue

Le parquet a aussitôt levé la mesure de garde à vue. Un innocent s’est retrouvé pendant deux jours privé de liberté. La plaignante a été convoquée devant un officier de police judiciaire pour un rappel à la loi. Cet exemple n’est pas un cas isolé à tel point que régulièrem­ent, les enquêteurs en ont assez. Face à ces fausses allégation­s, l’exaspérati­on gagne les rangs de la brigade criminelle qui a bien d’autres dossiers à traiter. « Tout ce temps et cette énergie perdus auraient pu être consacrés à des victimes bien (Photo F. Bouton) réelles celles-là », insiste le commissair­e Froget. Comment lutter contre ces plaintes fantaisist­es ? Qui pour se débarrasse­r d’un petit ami gênant ? Qui pour régler ses comptes lors d’un divorce conflictue­l ? Qui encore parce que l’ivresse était telle, que la plaignante ne se souvient plus très bien si elle était consentant­e ou non ? Les policiers rappellent qu’un dépôt de plainte n’est pas un acte anodin. « Sur ces affaires à caractère sexuel, toute plainte fait l’objet d’une enquête. Une déclaratio­n mensongère laisse une trace. Imaginons que dans le futur, cette femme qui a menti soit réellement victime. Il y aura forcément au départ un doute sur sa crédibilit­é », insiste Aurélien Froget. La personne accusée à tort peut également déposer plainte à son tour en exigeant des dommages et intérêts pour une garde à vue injustifié­e. Le parquet, pour l’instant, est plutôt souple avec ces prétendues victimes. Cela ne durera sans doute pas.

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Le parquet, pour l’instant, est plutôt souple avec ces prétendues victimes. Cela ne durera sans doute pas. C’est autant d’affaires bien réelles celles-là qui restent en souffrance.

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