Monaco-Matin

Plus de   morts lors

La ville fut assiégée sur terre par l’armée de Savoie et sur mer par la flotte anglaise dont le commandant en chef était le héros de la chanson «Malbrough s’en va-t-en guerre»!

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Malbrough s’en va-t-en guerre/ Mironton, mironton, mirontaine/ Malbrough s’en va-t-en guerre/ Ne sait quand reviendra... » Tout le monde a chanté cette chanson enfantine. Mais qui connaît l’identité de son héros ? Il s’agit d’un Anglais nommé Churchill, John de son prénom, duc de Marlboroug­h (devenu Malbrough dans la chanson), né en 1650, chef de file des forces alliées pendant la guerre de Succession d’Espagne. C’est lors de cette guerre qu’il fut en rapport avec notre région, étant commandant en chef de la flotte anglaise qui assiégea Toulon en 1707. Il supervisa l’opération depuis Londres, ayant envoyé sur place l’amiral Shovell. La guerre de Succession d’Espagne opposait la France de Louis XIV à la Grande Bretagne, l’Autriche, la Prusse et le duché de Savoie – duché de Savoie dont faisait partie le comté de Nice (voir encadré). Au milieu de l’année 1707, les ennemis décident donc de faire le siège de Toulon. La ville n’est pas prête à subir une telle épreuve. Si elle a été bien fortifiée - en particulie­r par Vauban - elle est beaucoup plus fragile côté terre. Voilà ce qu’en pense le maréchal Tessé, envoyé par Louis XIV pour défendre Toulon avec l’armée française : « Cette ville n’est pas une place forte mais un jardin. On n’a jamais songé aux fortificat­ions du côté de la terre, mais tout ce qui regarde la mer est en bon état ».

Deux mille paysans en renfort

Côté mer, le port est défendu à l’Ouest (vers la Seyne) par le fort de l’Eguillette et le fort Balaguier, à l’Est par la Tour Royale et le fort Saint-Louis (vers le Mourillon) et, par le fort Sainte-Marguerite vers la Garde (voir encadré). Sentant l’arrivée de l’ennemi imminente, le comte de Grignan, gouverneur de Provence, gendre de Madame de Sévigné et propriétai­re du château d’Entrecaste­aux, dans l’actuel départemen­t du Var, appelle la population à résister. Dans un communiqué daté du 3 juillet, il déclare: «Demain, l’armée des alliés, commandée par Monseigneu­r de Savoie, aura passé le Var, l’ennemi marchera sur notre ville. Il est du devoir de tous de coopérer à la défense de Toulon: Messieurs les nobles avec leurs équipages, Messieurs les bourgeois en formant une compagnie, tous les autres habitants en se portant partout où nous les appelleron­s. » Ses exhortatio­ns, faites « au nom du roi », sont relayées par l’évêque de Toulon, Mgr. Chalucet. Les Toulonnais s’arment de pelles et de pioches, renforcent les remparts, creusent des fossés. Deux mille paysans provenant des campagnes voisines viennent leur prêter mainforte. Deux camps sont aménagés pour installer les troupes attendues du maréchal Tessé: l’un, à l’Est, appelé « camp Sainte-Anne », l’autre à l’Ouest du Faron.

Maisons incendiées au Puget, au Muy et Vidauban

Pour financer les opérations, le comte Grignan fait fondre sa propre vaisselle en argent et en or et invite les nobles à faire de même.

arrivée en France de l’armée du duc Victor-Amédée de Savoie, forte de 40 000 hommes. Le col de Tende est franchi, les bords du fleuve Var atteints. La flotte anglaise et hollandais­e, commandée par l’amiral Shovell fait halte à son embouchure.

: L’armée ennemie gagne Cannes mais, pilonnée par les canons du fort de l’île Sainte-Marguerite, renonce à suivre le chemin du bord de mer. Au Cannet, elle massacre les habitants qui lui opposent résistance. Le soir, elle est à Fréjus.

: les troupes françaises du maréchal Tessé, parties du Dauphiné, arrivent à marche forcée à Tavernes dans le Var. Le but est d’atteindre Toulon avant l’ennemi. Le 22 juillet, elles empruntent un chemin inattendu que leur a indiqué le comte de Grignan, passant par la Roquebruss­anne et Montrieux, aidées au passage par la population. L’historien Laindet de La Londe raconte: «De Méounes au Revest, la marche fut très pénible. Les soldats, souffrant de la soif sous un soleil de plomb, montrèrent une constance remarquabl­e. La journée leur suffit pour franchir ce désert montagneux, coupé de ravins et hérissé de sommets abrupts, à travers lequel ils furent guidés par quelques charbonnie­rs, seuls habitants de ces solitudes. »

L’armée de Tessé arrive à Toulon avant le duc de Savoie. Celui-ci est surpris par la rapidité de déplacemen­t des Français. Il reconnaîtr­a par la suite : « Une marche si extraordin­aire me semblait impossible ; je ne comprenais pas comment l’armée française pouvait être déjà à Toulon, et comprenais moins encore par où elle était passée, puisque la cavalerie prussienne avait constammen­t surveillé la route. »

: l’armée du duc de Savoie arrive à Toulon. Récit du curé de Fréjus, nommé Girardin : «S ’étant reposée quatre ou cinq jours à Fréjus, l’armée mit le feu à quelques maisons du Puget, la plupart de celles du Muy furent brûlées ; les troupes incendière­nt le bourg de Vidauban et arrivèrent à la Valette, près de Toulon, où elles campèrent. » Le duc de Savoie s’installe dans le château de Joseph Thomas, marquis de la Valette.

Le duc de Savoie pilonne le fort Saint-Louis

début des combats. Les ennemis qui se sont installés sur les pentes du Faron attaquent depuis cette position. Leur nombre et leur puissance de feu font reculer les Français. Le duc de Savoie pilonne le fort Saint-Louis afin que la flotte anglaise puisse entrer dans le port.

en attendant, la flotte anglaise fait débarquer six cents hommes à Hyères. Ils construise­nt (DR)

vingt-quatre fours à pain, un hôpital de campagne dans l’église des Cordeliers aujourd’hui église SaintLouis, un autre au couvent des Récollets, un troisième dans la maison du maire Joseph Arennes.

le duc de Savoie ordonne un bombardeme­nt intensif de Toulon. Les dégâts sont considérab­les, mais autour du port, les tours Royale et Balaguier et les forts de l’Eguilette et de Sainte-Marguerite résistent, empêchant la flotte ennemie d’entrer dans la rade.

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Le port de Toulon défendu par le comte de Grignan et le maréchal Tessé résista aux assauts de la flotte anglaise envoyée depuis Londres par le duc de Marlboroug­h et commandée sur place par l’amiral Shovell
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