Affaire Rifft : « Lucas Goreta n’est pas le Madoff français »
Le P.-d.g. de la start-up basée à Sophia Antipolis est mis en examen pour escroquerie et abus de bien sociaux. Son avocat, Naguin Zekkouti, pousse un coup de gueule contre l’autorité judiciaire
Lucas Goreta dort en prison depuis le mois de mars. Le P.-d.g. de Rifft, une start-up de développement technologique basée de Sophia Antipolis est en détention provisoire à la maison d’arrêt de Bonneville en Haute-Savoie. La justice lui reproche d’avoir monté un système de financement illégal, basé sur un système «pyramidal» de type Ponzi (voir ci-contre) . Il est mis examen pour escroquerie au crowdfunding avec la circonstance aggravante de bande organisée et pour abus de bien sociaux. Nice-Matin avait révélé cette affaire le 15 mars. Lucas Goreta, 64 ans, est soupçonné d’avoir récolté 4 millions d’euros en trois ans, via des plateformes participatives, afin de financer des produits, dont un bracelet connecté, qu’il n’aurait jamais commercialisé... Mais pour son conseil, Maître Naguin Zekkouti, avocat au barreau de Lyon, il n’y a « ni pyramide, ni Ponzi » !La seule pyramide qu’il voit dans ce dossier, « c’est la pyramide d’une enquête à charge, avec à son sommet une autorité judiciaire qui veut faire de son client le Bernard Madoff français ».
Allez-vous faire une demande de remise en liberté de votre client ? Nous sommes en train. Lucas Goreta s’est pris un vrai coup de massue sur la tête. Il est en plein choc carcéral. Il est évident que personne ne compte lui faire de cadeau dans ce dossier. Il y avait d’autres solutions comme le contrôle judiciaire ou le bracelet électronique. Il y a beaucoup de fantasmes dans cette affaire.
Il nie les faits qui lui sont reprochés ? Il ne se dit pas totalement irréprochable. Il ne nie pas des maladresses juridiques et administratives, mais il nie l’escroquerie. Et l’abus de bien sociaux. La justice lui reproche d’avoir réinjecté de l’argent dans certaines de ses sociétés et d’en avoir tiré des bénéfices. C’est faux : il n’y a pas eu d’enrichissement personnel. Votre client aurait escroqué des « investisseurs » qui attendaient la commercialisation du bracelet connecté. Elle n’a jamais eu lieu... Il n’a pas été commercialisé mais c’était en cours ! Nous avons tous les documents. Des contrats ont été passés avec des prestataires et certains n’ont pas respecté leurs engagements. Il est d’ailleurs en litige avec certains à ce sujet.
Conteste-t-il les millions d’euros récoltés ? Une partie de ce montant.
Comment cette affaire est-elle arrivée devant les enquêteurs ? Il y a eu des dénonciations faites par certains investisseurs. Dont certaines particulièrement virulentes et directement au parquet national financier qui a dit non et a renvoyé le dossier dans le sud puis en Haute-Savoie. Les dénonciations sont arrivées assez vite entre le lancement du crowdfunding en et la présentation du prototype du bracelet à Las Vegas en . Il y a eu un certain empressement de quelques investisseurs à alerter la justice. Et la justice a emboîté le pas. Ce qui voudrait dire selon vous ? Le dossier fait déjà plusieurs milliers de pages pour finalement pas grandchose. Il y a eu des demandes d’information au FBI, à NYPD, (la police de New York, car Lucas Goreta a des sociétés là-bas, NDLR), au Département d’État américain, des commissions rogatoires en Suisse et au Luxembourg, (la justice le soupçonne d’y avoir placé de l’argent, NDLR) .Ilyaeudes d’écoutes téléphoniques. Et rien d’incriminant n’a été trouvé.
Vous soupçonnez des dénonciations « téléguidées » ? Aucune hypothèse n’est à écarter. Comme celle d’une volonté de déstabilisation interne à la société, ou de concurrents... Lucas Goreta m’a parlé de gens qui avaient intérêt à ce que cela se passe mal. Ce serait bien que l’autorité judiciaire n’écarte pas ces pistes non plus.
Votre client a déjà été condamné pour escroquerie... Oui et bien sûr que cela n’a pas joué en sa faveur. Mais, il a payé pour ça, c’était en .