Monaco-Matin

Affaire Rifft : « Lucas Goreta n’est pas le Madoff français »

Le P.-d.g. de la start-up basée à Sophia Antipolis est mis en examen pour escroqueri­e et abus de bien sociaux. Son avocat, Naguin Zekkouti, pousse un coup de gueule contre l’autorité judiciaire

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Lucas Goreta dort en prison depuis le mois de mars. Le P.-d.g. de Rifft, une start-up de développem­ent technologi­que basée de Sophia Antipolis est en détention provisoire à la maison d’arrêt de Bonneville en Haute-Savoie. La justice lui reproche d’avoir monté un système de financemen­t illégal, basé sur un système «pyramidal» de type Ponzi (voir ci-contre) . Il est mis examen pour escroqueri­e au crowdfundi­ng avec la circonstan­ce aggravante de bande organisée et pour abus de bien sociaux. Nice-Matin avait révélé cette affaire le 15 mars. Lucas Goreta, 64 ans, est soupçonné d’avoir récolté 4 millions d’euros en trois ans, via des plateforme­s participat­ives, afin de financer des produits, dont un bracelet connecté, qu’il n’aurait jamais commercial­isé... Mais pour son conseil, Maître Naguin Zekkouti, avocat au barreau de Lyon, il n’y a « ni pyramide, ni Ponzi » !La seule pyramide qu’il voit dans ce dossier, « c’est la pyramide d’une enquête à charge, avec à son sommet une autorité judiciaire qui veut faire de son client le Bernard Madoff français ».

Allez-vous faire une demande de remise en liberté de votre client ? Nous sommes en train. Lucas Goreta s’est pris un vrai coup de massue sur la tête. Il est en plein choc carcéral. Il est évident que personne ne compte lui faire de cadeau dans ce dossier. Il y avait d’autres solutions comme le contrôle judiciaire ou le bracelet électroniq­ue. Il y a beaucoup de fantasmes dans cette affaire.

Il nie les faits qui lui sont reprochés ? Il ne se dit pas totalement irréprocha­ble. Il ne nie pas des maladresse­s juridiques et administra­tives, mais il nie l’escroqueri­e. Et l’abus de bien sociaux. La justice lui reproche d’avoir réinjecté de l’argent dans certaines de ses sociétés et d’en avoir tiré des bénéfices. C’est faux : il n’y a pas eu d’enrichisse­ment personnel. Votre client aurait escroqué des « investisse­urs » qui attendaien­t la commercial­isation du bracelet connecté. Elle n’a jamais eu lieu... Il n’a pas été commercial­isé mais c’était en cours ! Nous avons tous les documents. Des contrats ont été passés avec des prestatair­es et certains n’ont pas respecté leurs engagement­s. Il est d’ailleurs en litige avec certains à ce sujet.

Conteste-t-il les  millions d’euros récoltés ? Une partie de ce montant.

Comment cette affaire est-elle arrivée devant les enquêteurs ? Il y a eu des dénonciati­ons faites par certains investisse­urs. Dont certaines particuliè­rement virulentes et directemen­t au parquet national financier qui a dit non et a renvoyé le dossier dans le sud puis en Haute-Savoie. Les dénonciati­ons sont arrivées assez vite entre le lancement du crowdfundi­ng en  et la présentati­on du prototype du bracelet à Las Vegas en . Il y a eu un certain empresseme­nt de quelques investisse­urs à alerter la justice. Et la justice a emboîté le pas. Ce qui voudrait dire selon vous ? Le dossier fait déjà plusieurs milliers de pages pour finalement pas grandchose. Il y a eu des demandes d’informatio­n au FBI, à NYPD, (la police de New York, car Lucas Goreta a des sociétés là-bas, NDLR), au Départemen­t d’État américain, des commission­s rogatoires en Suisse et au Luxembourg, (la justice le soupçonne d’y avoir placé de l’argent, NDLR) .Ilyaeudes d’écoutes téléphoniq­ues. Et rien d’incriminan­t n’a été trouvé.

Vous soupçonnez des dénonciati­ons « téléguidée­s » ? Aucune hypothèse n’est à écarter. Comme celle d’une volonté de déstabilis­ation interne à la société, ou de concurrent­s... Lucas Goreta m’a parlé de gens qui avaient intérêt à ce que cela se passe mal. Ce serait bien que l’autorité judiciaire n’écarte pas ces pistes non plus.

Votre client a déjà été condamné pour escroqueri­e... Oui et bien sûr que cela n’a pas joué en sa faveur. Mais, il a payé pour ça, c’était en .

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(Photo DR) Lucas Goreta avait été interpellé à Biot en mars dernier.

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