Monaco-Matin

OPEN DE GRASSE « La formation d’un joueur ne s’arrête pas à  ans »

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN BOISAUBERT

Souvenez-vous. RolandGarr­os 1987. Insouciant. Jeune. Talentueux. Tarik Benhabiles empochait le premier set d’un huitième de finale parisien perdu face à la terreur suédoise Mats Wilander (5-7, 61, 6-3, 6-3). Si sa carrière s’est évaporée prématurém­ent pour une vilaine déviation des vertèbres, Tarik Benhabiles excelle depuis quelques années dans un costume bien différent, celui d’entraîneur. Nicolas Escudé, Andy Roddick, Richard Gasquet, Tatiana Golovin, Gaël Monfils, et maintenant, le jeune espoir Matteo Martineau (19 ans). Croisé dans les travées de l’Open de Grasse hier matin, Tarik Benhabiles a pris le soin de se confier, sur la jeune génération actuelle.

Tarik, parlez-nous de votre poulain, Matteo Martineau… Matteo est un jeune avec un gros potentiel. Dans sa façon de jouer, il est un peu différent. Il a un jeu à l’ancienne, comme Cédric Pioline ou Michael Stich à l’époque. Il aime jouer vite, aller vers l’avant, monter à la volée. C’est un vrai attaquant. On a commencé notre collaborat­ion ensemble en septembre dernier, en Asie. L’objectif est de le former, pour qu’il atteigne le plus haut niveau d’ici deux à trois ans.

Quel regard portez-vous sur la génération actuelle ? Je suis agréableme­nt surpris. Il y a énormément de joueurs de qualité. Mais je suis déçu d’en voir certains livrés à euxmêmes. Il est grand temps de comprendre que la formation d’un joueur ne s’arrête pas à dix-huit ans, mais plutôt vers vingt-deux, vingt-trois ans. Il faudrait donner à ces joueurs un petit coup de pouce financier. Même quand un joueur remporte le tournoi ici, il perd de l’argent. Entre les billets d’avions, la nourriture et l’hôtel, il est déficitair­e. Voyez-vous un jeune capable de prendre la relève de la génération dorée des Gasquet, Monfils, Tsonga ? Je ne pense pas. La nouvelle génération est différente. Richard, Gaël, Jo-Wilfried étaient déjà hors-norme plus jeunes. On a des supers joueurs, qui on espère, par le travail, pourront rattraper le retard. (Photos Romain Boisaubert) Prenez Cédric Pioline. A vingt-ans, il avait à peine le niveau pour faire les qualificat­ions ici. Ce qui ne l’a pas empêché, quatre ans plus tard, de faire une finale à l’US Open. Le tennis d’aujourd’hui a évolué. La moyenne d’âge des cent premiers est de trente ans. Les fédération­s ont énormément investi à travers le monde. Le volume de joueurs est bien plus dense. L’entonnoir s’est resserré. Il est de plus en plus difficile de se faire une place.

Les mentalités aussi ont changé ? Le principal problème des jeunes, aujourd’hui, c’est la concentrat­ion. Peut-être à cause des nouvelles technologi­es. Mais c’est un phénomène planétaire, qui n’est pas que français. Les mentalités ont changé dans le monde entier. Disons que c’est une nouvelle jeunesse.

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Tarik Benhabiles coache aujourd’hui le prometteur Matteo Martineau.

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