Monaco-Matin

Un jardin imaginaire à la villa Sauber

L’artiste Latifa Echakhch s’est penchée sur les collection­s du NMNM pour proposer une interpréta­tion d’un paysage abandonné et romantique. Et c’est plutôt réussi

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Si, dans le jardin pour gagner l’entrée, les fleurs embaument déjà d’un parfum printanier, c’est à l’intérieur de la villa Sauber que se déploie depuis quelques jours un jardin qui mérite une promenade. Un jardin mécanique, nom de l’exposition proposée par Latifa Echakhch. L’artiste franco-marocaine, 44 ans, qui vit et travaille en Suisse a été lauréate en 2013 du prix Marcel Duchamp. Un « oscar » dans le monde de l’art qui sert sa réputation internatio­nale et l’emmène dans des projets à travers le monde. Dont celui de Monaco, où son imaginatio­n a fait escale pour développer cette singulière exposition à la villa Sauber. Comme à son habitude, le Nouveau Musée national de Monaco a proposé à l’artiste de jouer avec ses collection­s. Dans une inspiratio­n romantique, Latifa Echakhch a ainsi fait pousser dans les salles du musée son jardin mécanique. Fruit d’une consultati­on des maquettes de décors de théâtre conservées dans les archives du NMNM.

Les automates en scène

« Elle est venue une première fois en 2016 et s’est intéressée à ces maquettes démontées que nous conservons à plat. C’est ce qui a dirigé son travail, en prenant des fragments de ces décors », commente Célia Bernasconi, qui signe le commissari­at de cette exposition, d’abord imaginée pour une salle ou deux et qui habite finalement toute la villa, avec une série d’oeuvres créées pour ce rendezvous. Le noir de théâtre qui recouvre les murs plonge le visiteur dans la coulisse de cette représenta­tion onirique. Là un bosquet, un peu (Photos Jean-Sébastien Gino-Antomarchi) plus loin, une colonne. Le décor semble abandonné, se prenant recto-verso au regard des visiteurs qui déambulent comme des promeneurs. Quarante panneaux découpés de motifs paysagers ont été réalisés à partir des décors de l’opéra de Monte-Carlo du début du XXe siècle. En parallèle, l’artiste s’est intéressée à la collection des automates, qui naguère emplissait les vitrines de la villa Sauber. Ces poupées articulées, aujourd’hui remisées, ont trouvé une nouvelle vie dans une série de films qui rythme les décors installés dans les salles. On retrouve le Pierrot écrivain ou la danseuse orientale. La caméra filme au plus près ces automates comme des personnage­s vivants dans ces courtes séquences qui laissent voir le travail d’orfèvrerie de ces objets. Le tout porté par les roulements de mécanismes enregistré­s, bande sonore qui accompagne la visite. À l’étage l’ultime salle propose, enfin, une dizaine de toiles signées Echakhch, qui a reproduit des cartes postales de vues du Jardin exotique taille XXL sur des toiles enduites de béton qu’elle a ensuite gratté, ajouré comme un marqueur du temps qui passe. De toutes les réflexions d’artistes qui se sont penchés sur les collection­s du NMNM, cette exposition est sans doute l’une des plus réussies. Notamment pour la délicatess­e avec laquelle Latifa Echakhch remet en lumière cette collection de Galéa, qui a bercé l’enfance de nombreux visiteurs de la villa Sauber dans son ancienne configurat­ion. Une belle façon aussi de servir cette villa Belle Époque qui devrait fermer pour rénovation dans quelques mois… Savoir + Latifa Echakhch, « Le jardin mécanique », à la villa Sauber jusqu’au 28 octobre. Tous les jours de 10 heures à 18 heures. Entrée : 6 euros. Rens. www.nmnm.mc

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Dans les salles du musée, des fragments de décor d’opéra créent l’atmosphère d’un jardin pensé par l’artiste.

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