Monaco-Matin

Immense tristesse après la mort de l’éléphante Népal

Florence Ollivet-Courtois est la vétérinair­e des éléphantes Baby et Népal. Dans cet entretien, elle raconte la tristesse après la mort de Népal et évoque l’avenir de Baby

- Entretien : Arnault COHEN acohen@monacomati­n.mc Photos : Frédéric NEBINGER

Elle les appelle « les filles » . Florence Ollivet-Courtois est la vétérinair­e de Baby et Népal, les deux éléphantes recueillie­s par la princesse Stéphanie en 2013 au domaine de Fontbonne, sur le plateau du Mont Agel. Cette spécialist­e de la faune sauvage et particuliè­rement des pachyderme­s s’occupaient des « filles » bien avant que la soeur du souverain ne soit alertée de la décision d’un zoo – le Parc de la Tête d’Or à Lyon – de procéder à l’euthanasie de Baby et Népal, suspectées d’avoir contracté la tuberculos­e. Depuis dimanche et le décès de Népal ( lire notre édition du 2 mai), Florence Ollivet-Courtois est inconsolab­le. Elle raconte ici le combat mené en 2013 pour sauver Baby et Népal, la vie que « les filles » mènent depuis sur les hauteurs de Monaco, le devenir de Baby et l’investisse­ment « admirable » de la princesse Stéphanie.

Comment avez-vous vécu la disparitio­n de Népal, dimanche? Très mal. Le deuil est très dur pour la princesse et toute l’équipe soignante. Les éléphants sont une espèce animale particuliè­re, qui développe avec les humains un affect hors norme. Les éléphants ont une personnali­té spécifique et une durée de vie suffisamme­nt longue pour nouer avec les hommes des liens très forts. Nous vivons donc un deuil profond, presque humain.

D’autant que ce lien était particuliè­rement fort avec Népal… La princesse Stéphanie avait effectivem­ent une connexion singulière avec Népal. Cette éléphante suscitait un affect très fort. Franchemen­t, c’est très dur psychologi­quement pour nous tous. On se demande si on a tout fait, s’il n’y avait pas quelque chose d’autre à tenter. Mais j’ai vraiment tout fait pour la soigner. Comment la santé de Népal s’est-elle dégradée? Jusqu’en juillet , Népal était en parfaite santé. Pendant les quatre premières années, je suis venue au moins deux fois par an pour procéder aux bilans de santé de Baby et Népal. Pour tout vous dire, je venais un peu plus souvent, à titre privé, car j’ai une affection particuliè­re pour ces deux éléphantes, depuis le combat que l’on a mené pour les sauver de l’euthanasie. J’ai également noué des liens étroits avec la princesse. La porte m’a toujours été ouverte.

Et en juillet dernier… Il y a un an environ, on a constaté que Népal avait perdu un peu de poids. On a donc effectué une analyse de sang plus précise et détecté une anomalie rénale. En juillet, donc, une échographi­e a confirmé un dysfonctio­nnement rénal. En fin d’année, l’insuffisan­ce rénale s’est accentuée et Népal a encore perdu du poids. Mais on a réussi à limiter la dégradatio­n rénale et le traitement contre l’anémie a bien fonctionné. En février , Népal était revenu à son état de juillet . Mais subitement, il y a un mois, il y a eu une dégradatio­n brutale de ses paramètres rénaux. Népal souffrait de perte d’équilibre, avait du mal à se déplacer, à se nourrir. Je suis venue en urgence. Après avoir tout tenté, j’ai compris, ce week-end, que la mort était inéluctabl­e. Nous l’avons accompagné­e pour qu’elle ne souffre pas.

Qu’est devenu le corps de l’éléphante, après l’autopsie pratiquée sur place, au domaine de Fontbonne? C’est une grosse logistique. Un transporte­ur est venu avec un engin de levage et un camion pour la transporte­r vers un service d’incinérati­on spécialisé dans les gros animaux. Comment se porte Baby? Elle va bien. Elle a juste un petit problème d’embonpoint que nous surveillon­s de près. On travaille sur son régime alimentair­e afin qu’elle ne grossisse pas davantage et qu’elle reste à son poids actuel, qui se situe autour des quatre tonnes. Mais maintenant que Népal est partie, on veille sur elle de façon assidue. La princesse et l’équipe soignante sont présentes à  % auprès d’elle pour l’assister, la nourrir, l’occuper au travers d’activités. Il faut absolument éviter un impact consécutif à la disparitio­n de Népal. Quelles sont les options pour la suite? Baby peut-elle rester durablemen­t seule au domaine de Fontbonne? Aucune décision n’est actée. Il ne faut pas se prononcer dans la précipitat­ion, d’autant qu’il n’y a pas urgence. L’équipe s’occupe très bien de Baby. Dans l’idéal, l’éléphante ne devrait pas rester seule. Ce qui est sûr, c’est que la princesse continuera d’assumer ses responsabi­lités, son sens du devoir sans limite envers Baby. Comment jugez-vous l’investisse­ment de la princesse Stéphanie? Je suis admirative. Son investisse­ment émotionnel est énorme. Sur plan financier, il est considérab­le, aussi. Sans compter qu’elle passe beaucoup de temps auprès des éléphantes. La princesse est à la fois présente et active. Son dévouement est admirable, tout comme celui de l’équipe qu’elle a constituée autour d’elle. La princesse continuera d’endosser ses responsabi­lités envers Baby.

Une connexion singulière avec Népal ” Aucune décision n’est actée pour Baby ” L’investisse­ment de la princesse est admirable ”

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« Maintenant que Népal est partie, la princesse et l’équipe soignante sont présentes à  % auprès de Baby pour l’assister, la nourrir, l’occuper au travers d’activités. »

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