Grève SNCF : ils font face
À Monaco, les employeurs se montrent relativement tolérants envers leurs salariés impactés par la grève des cheminots. Aménagements horaires, télétravail ou covoiturage sont les solutions
Au treizième jour de grève, nous avons demandé aux entreprises et salariés monégasques comment ils s’organisaient. Télétravail, covoiturage et horaires décalés sont les principales solutions. Hier à Nice, affrontement entre les CRS et les cheminots.
Sur le calendrier, les dates sont cochées en rouge pour tous les usagers du réseau ferroviaire. Encore deux mois de grève des cheminots, a minima. Encore vingt-trois jours de réductions de trains et son lot de perturbations qui va avec (lire page suivante). Et ce, en dépit de la publication, la veille des jours de grève, de la grille horaire. Pour les entreprises monégasques du public comme du privé, dont beaucoup emploient des Français venus de l’est et de l’ouest des Alpes-Maritimes, l’impact n’est pas nul. Loin de là. Première conséquence: les retards répétés des salariés sur leur lieu de travail. A priori, sans conséquences disciplinaires, du moins à notre connaissance. « J’exerce depuis plus de quinze ans en droit du travail et je n’ai jamais rencontré de cas de salarié sanctionné ou licencié parce qu’il était arrivé en retard à cause d’une grève ferroviaire, rassure Delphine Frahi, avocate spécialisée en droit du travail et basée à Beausoleil. Les perturbations actuelles sont évidentes mais je constate plutôt une bienveillance de la part des employeurs de la Principauté à l’égard de leurs personnels. » Il semblerait qu’en effet ces derniers aient adopté un triptyque infaillible pour anticiper tout désagrément au sein de leurs entreprises.
La flexibilité
Une histoire de cuisine interne. Et de tolérance. Chez StajVélo, petite start-up ayant conçu un vélo à assistance électrique en composants avancés, la pointeuse ne fait pas partie du décor. Parfois, les jours de grève, le retard peut flirter avec les deux heures. « On est une petite équipe et on se doit d’être souple surtout quand les employés ont une information de la SNCF au dernier moment. Un petit coup de téléphone de leur part suffit, souffle Thierry Manni, le fondateur. La personne qui arrivera plus tard le matin repartira plus tard le soir. Et on n’aura même pas besoin de lui demander. » Au sein du groupe Novares, même flexibilité avec un aménagement des horaires orchestré par la direction des ressources humaines. « On les fait arriver à 8 h ou à 9 h au lieu des 8h30 traditionnels. Parfois les journées sont raccourcies. Cela a forcément un impact mais on ne peut pas le chiffrer », explique Magali Valery, responsable des ressources humaines. Chez QCNS Cruise, même principe, avec un échelonnement des arrivées et des départs. « Nos supérieurs viennent aussi en train, parfois. On ne récupère pas forcément les quelques minutes perdues. Ce sont les aléas de la grève et c’est d’un commun accord avec la direction » , salue Jonathan, un agent de voyage.
Le covoiturage
Si beaucoup de salariés usent de la solidarité salutaire du covoiturage en temps de grève, via des plateformes comme Blablacar ou Monacovoiturage, le Méridien Beach Plaza a mis en place une organisation interne lors des jours sensi- bles. « Les salariés qui covoiturent entre eux, à hauteur de trois personnes minimum, peuvent se garer sur une dizaine de places de parking de notre hôtel, habituellement réservées aux clients », détaille Sébastien Longhi, directeur adjoint des ressources humaines de l’hôtel. Des pourparlers seraient d’ailleurs en cours pour utiliser les places de stationnement d’autres hôtels avoisinants.
Le télétravail
Le 29 juin 2016, le Conseil national votait le projet de loi historique du télétravail entre la Principauté et la France. Un concept plus que salutaire les jours où le réseau ferroviaire est perturbé. À Novares, où le télétravail n’est pas encore institutionnalisé, la direction permet exceptionnellement aux salariés « de prendre les ordinateurs portables pour finir leurs tâches de chez eux. » À la SBM Offshore, où le télétravail est en vigueur pour 300 employés sur 850, une mesure unanime a été actée. « On leur permet de décaler leur jour de télétravail sur un jour où il y a une grève. Les retours sont positifs et cette décision de flexibilité a été très bien perçue » , se satisfait Didier Beynet, directeur des ressources humaines.