Monaco-Matin

Manif des cheminots : grosse tension à Nice

Le rassemblem­ent régional des employés de la SNCF, devant la préfecture des Alpes-Maritimes, a dégénéré hier, lorsque des cheminots ont voulu rentrer de force. Lacrymo et coups de matraque

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Comment, en un souffle, sans prévenir, un rassemblem­ent certes revendicat­if, mais avant tout festif, a pu virer à l’affronteme­nt avec les forces de l’ordre? Valérie, cheminote à Nice, a son explicatio­n: « On n’était pas là pour se battre, ni pour casser des barrières. On était là pour dialoguer. Si le préfet était descendu nous voir, ce ne serait jamais arrivé »... La manif régionale des cheminots devant la préfecture des AlpesMarit­imes a tourné vinaigre, hier matin. Grosse tension, gaz lacrymo et matraque de sortie, alors que des manifestan­ts tentaient de passer le portail en force... « On est venus pour tous se faire entendre du préfet, on voulait qu’il descende nous parler. Mais non. Voilà, on est gouvernés par des gens comme ça. Qui restent bien protégés dans leur tour de verre » , s’énerve un cheminot de l’Unsa ferroviair­e. Seule une délégation de 9 personnes, représenta­nts tous les syndicats engagés dans la lutte, a été reçue. Comme cela était d’ailleurs prévu... « Mais nous, ce qu’on voulait, c’est qu’il vienne nous parler à tous », revendique un cheminot.

Un début bon enfant

Ça avait pourtant bien commencé devant le Centre administra­tif départemen­tal à Nice-Ouest. Manif bon enfant. Presque l’allure d’une mini-fête de l’Huma. Sur un « car podium », Nux Vomica, le groupe niçois, donne de la voix, face à la danse des drapeaux syndicaux. Ça chante dans les rangs. Environ 300 cheminots de toute la région Paca, sont là pour, une fois de plus, dire « Non » à la réforme Macron. Au micro, un syndicalis­te marseillai­s parle statut, manque d’investisse­ment, maillage territoria­l sacrifié. Et explique leur combat. Haro sur cette réforme « qui ne change rien sur le fond mais qui détruit les droits sociaux des cheminots et qui ne sera pas bonne pour les usagers non plus ». Autour, alors que les Nux Vomica continuent leur tour de chauffe vocal, quelques fumigènes rouges sont lancés, pour le fun. Sur des tréteaux, des chips et à boire. Ce n’est pas la lutte finale... « Non, on n’est pas démotivés du tout. Bien au contraire, on ne lâche rien. Macron ne peut pas nous ignorer et passer en force comme ça. On ira jusqu’au bout » , lâche Sofiane, cheminot varois. « Moi je suis là parce que je suis contractue­l. On est 14000 dans mon cas en France à, déjà, ne pas avoir le statut des cheminots. Et bien c’est déjà la galère pour nous. Pour la médecine du travail, pour le déroulemen­t de carrière, on est mis de côté » , témoigne Saïd, employé à la gare de Nice Riquier. « J’ai même écrit à Macron, on ne peut pas laisser faire ça. » Extension du domaine de la lutte... sans aucune lassitude. « Le combat syndical, ce n’est jamais facile, encore moins lorsque l’on a ce type de gouverneme­nt en face. Loin de nous affaiblir, ça renforce notre volonté » , commente Marc.

« Les coups, la réponse du pouvoir actuel »

« On est là en tant qu’artistes mais surtout en tant que citoyens pour la conservati­on des services publics. Pour les cheminots, mais au-delà, pour la santé, l’éducation. C’est mal parti avec ce gouverneme­nt qui dirige par ordonnance­s et qui n’écoute pas les gens », se positionne Louis Pastorelli de Nux Vomica, solidaire du combat. Et puis, soudain, sans prévenir, le rassemblem­ent prend une autre forme. Des cheminots tentent de forcer les barrières de la préfecture. Cordon de CRS pour comité d’accueil. Pas question qu’ils mettent un pied à l’intérieur. Le face à face commence... Mais les cheminots poussent un peu trop... Réplique de la police à coup de gaz lacrymogèn­e. La petite bousculade devient grosse. Coups de matraque au milieu d’un gros chaos.

À terre, la barrière d’entrée de la préfecture en fait les frais... « Pour libérer la tension, il aurait pu descendre le préfet » , se désole encore un Cgtiste. Et la foule de continuer de scander: « Le préfet, le préfet...» Michael Albin, délégué CGT Nice, montre des marques rouges sur son dos. À côté de lui, des camarades ont les yeux cramoisis. « L’ouverture à la concurrenc­e? Réponse : la gazeuse. Le statut des cheminots ? La matraque. Les coups, voilà des réponses à la hauteur du pouvoir actuel » , peste le syndicalis­te. « On continue le combat. »

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Les CRS ont utilisé le gaz lacrymogèn­e pour empêcher les manifestan­ts de pénétrer dans l’enceinte de la préfecture. (Photos Sébastien Botella)
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