Pour tous
Son visage, son corps portent les stigmates de ses abus. Lui aussi préfère échanger sur son expérience présente. On saura seulement qu’il a «vécu vingt ans dans l’alcool. » « Ici, je revis. J’ai perdu 30 kg ! Je remercie mon médecin de m’avoir envoyé vers le CSAPA.» D’autres personnes nous rejoignent. Vraie boulimie de paroles dont ils ont été – ou se sont – trop longtemps privés. «Cela fait deux ans que je suis ces séances, ça me détend… Le sport, j’en faisais, mais il y a très longtemps », raconte Stéphane, 48 ans. Jacques intervient : «Moi, je n’en avais jamais fait avant». Et puis, dans un grand sourire, Chaque séance ( h par semaine) est coanimée par un coach sportif (Emmanuelle, à gauche) et un intervenant du CSAPA. Aujourd’hui, il s’agit d’Alexandre, assistant social à gauche).
Loïc conclut, approuvé par les autres : « On est venu pour avoir les compliments d’Emmanuelle… Ca fait du bien à l’amour-propre.» Emmanuelle, « leur coach sportif » au sourire et aux mots très doux lorsqu’elle les encourage et souligne les progrès réalisés depuis la séance précédente. Des mots qui retricotent aussi du lien. Et c’est fondamental pour des motifs que rappelle Vincent Laroche, psychologue au Csapa. « Chez la personne qui souffre d’addiction, quel que soit le produit ou le comportement, la relation
de dépendance prend le pas sur toutes les autres relations. Il y a une rupture des liens autant avec les autres qu’avec soi-même… Un repli sur soi qui favorise la sédentarité. » Et son lot d’effets néfastes sur la santé physique et psychique.
Un des objectifs : améliorer la qualité de vie
La séance achevée, tous les adhérents se retrouvent pour échanger pendant trente minutes. Un groupe de paroles propice à la verbalisation des sensations ressenties.
Mais aussi destiné à prolonger la relation aux autres. « L’activité physique ne doit pas être envisagée sous le seul angle du sevrage et de l’abstinence. Le but premier est d’améliorer la qualité de vie et relancer les capacités psychosociales », insiste Vincent Laroche. Et Olivier Laroche, médecin au CSAPA de conclure: « L’addiction est une maladie chronique qui requiert une prise en charge sur le long cours, compte tenu des nombreux désordres à traiter: dépendance, conséquences somatiques, sociales, familiales… Ces patients Le Centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) « Odyssée » est un établissement du comité des Alpes-Maritimes de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie. Cette association est reconnue d’utilité publique et agréée d’éducation populaire. Le centre accueille toute personne, mineure ou majeure, en difficulté avec une consommation d’alcool, de tabac, de cannabis ou de toutes autres substances psychoactives, ou encore pour un problème lié à un comportement (jeu pathologique, troubles des conduites alimentaires…). Contact : 04.93.62.62.10.
complexes doivent bénéficier d’une prise en charge globale, intégrant tous ces aspects.» L’activité physique, une pierre à l’édifice de la reconstruction. Une reconstruction qui pourra prendre du temps. Beaucoup de temps. Mais c’est la notion même de temporalité que l’addiction impose de revisiter.
1. Les prénoms ont tous été modifiés.