Premières municipales libres : la Tunisie vote sans enthousiasme
Les premières municipales libres de Tunisie ont été marquées hier par une importante abstention, lors d’un scrutin repoussé à quatre reprises et jugé crucial pour enraciner la démocratie dans l’unique pays rescapé du Printemps arabe en 2011. Les 5,3 millions d’électeurs tunisiens inscrits ont voté pour les conseillers des 350 municipalités à la proportionnelle à un tour, parmi 57 000 candidats. Ces conseillers devront ensuite élire les maires d’ici la mi-juin. À l’issue du vote, qui s’est déroulé sans incident majeur, le taux de participation était d’environ 34 %, selon l’instance en charge des élections (Isie), un revers pour la classe politique. Le Premier ministre Youssef Chahed a pris acte de cette abstention, estimant que c’était «un signe négatif, un message fort [...] pour les (Photo AFP) responsables politiques». Les résultats étaient attendus dans la nuit. Un institut de sondage a donné le parti islamiste Ennahdha légèrement en tête (25 %) devant le parti présidentiel Nidaa Tounès (22 %), loin devant les autres formations, une tendance que confirmaient des responsables des deux bords. Sept ans après la révolution, qui avait suscité de nombreux espoirs, beaucoup de Tunisiens se disent déçus en raison d’une situation économique difficile, avec une inflation proche des 8 %, et un chômage persistant audessus des 15 %. Ils rejettent aussi les «arrangements» entre partis, aux premiers rangs desquels l’alliance entre le parti libéral Nidaa Tounès du président Béji Caïd Essebsi et les islamistes d’Ennahdha.