Monaco-Matin

Muriel, réinsérée par le CCAS après avoir frôlé la rue

En situation d’urgence, avec de maigres revenus, cette Beausoleil­loise a bénéficié d’un logement temporaire. Avant de retrouver un emploi stable

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

La vie ne tient parfois à pas grand-chose. L’dage n’est en rien exagéré. Pour Muriel (1), une quinquagén­aire de Beausoleil travaillan­t sur Monaco comme auxiliaire de vie, rien ne laissait présager une telle descente aux enfers. Fin 2016, pourtant, tout bascule. Alors qu’elle travaille de nuit, ses journées se transforme­nt en vilain cauchemar. Ses fenêtres donnent sur un immeuble en travaux, où les décibels sont crachés en continu par des engins de chantier. « Je ne pouvais plus dormir. Mes nuits étaient très agitées. En période d’essai, j’ai alors rompu mon contrat avec la société de placements » ,explique-t-elle. Le début de la fin. Dans la foulée, elle déménage à Antibes dans un modeste studio, pour se former aux métiers de l’agricultur­e et à la connaissan­ce des végétaux (2). Sans salaire mais avec les droits rechargeab­les de Pôle Emploi. Jusqu’au jour où ces derniers cessent de tomber sur son compte en banque. «En janvier 2017, du fait de ma démission récente de mon emploi à Monaco, Pôle Emploi ne m’a plus indemnisé. » Du jour au lendemain, plus aucune source de revenus. Mais toujours une formation et un loyer de 530 euros à régler. Branle-bas-de-combat pour Muriel qui multiplie les dossiers. Le sursis viendra du Départemen­t, via le fonds social européen. « Ils ont pris en charge ma formation et j’avais de quoi payer mon loyer. Pour le reste, ma petite soeur m’a aidé financière­ment. Au moins pour manger et payer l’électricit­é… », remercie Muriel. En août, retour aux sources à Beausoleil. D’abord hébergée chez une amie, elle « squatte » ensuite à droite et à gauche dans certains lieux qu’elle ne souhaite pas mentionner. Moins d’intimité et l’impression de déranger. Avc ses 540 euros de RSA, elle peine à vivre décemment. «J’ai même dormi sur une plage trois jours », souffle-t-elle, sans plus s’épancher sur cette période noire. La rue n’est pas loin pour celle qui, quelques mois auparavant, avait une stabilité.

Urgence, parcours et critère d’insertion

Décembre 2017, elle pousse alors la porte du CCAS de Beausoleil, rue Jules-Ferry. En quête d’une issue salutaire. Elle ne le sait pas encore, mais cela sonne le début de la renaissanc­e. Les deux travailleu­rs sociaux, Morgane Mottura et Sandra Delene, déclenchen­t les dispositif­s d’hébergemen­t d’urgence. L’État finance deux semaines de nuitées dans un hôtel Mentonnais. Puis, la Croix-Rouge de Monaco et le CCAS lui payent la troisième. Le 22 décembre, les clés de l’un des cinq logements temporaire­s gérés par l’organisme lui sont remises. « Les critères sont l’urgence, le parcours de la personne et le critère d’insertion. Le délai ne peut pas dépasser un an et le locataire signe une convention où il s’engage à payer la somme correspond­ant à un 1/5 de ses revenus, soit 108 euros pour Muriel», détaille Céline Tavares, directrice de la structure. « Cela m’a apporté une stabilité. J’ai pu me poser, prendre du temps pour moi, me reposer mentalemen­t. Et surtout remettre un pied dans l’engrenage », reconnaît Muriel. Elle passera Noël seule, certes, mais sous un toit. Bien au chaud. Des liens sont tissés lors d’ateliers solidaires. Reste à dégoter un emploi, plus délicat avec l’adresse du CCAS sur le curriculum vitae. « Finalement, au bout de quelques entretiens, j’ai obtenu un CDI comme auxiliaire de vie chez un particulie­r à Monaco », sourit-elle. Le bout du tunnel. Alors qu’elle pouvait continuer à bénéficier du logement temporaire jusqu’en fin d’année, elle le quitte le 30 avril pour amorcer un nouveau chapitre de sa vie. «Je voulais ma terrasse, mes plantes… Et puis, une fois tirée d’affaire, je n’avais aucune raison de profiter de ce logement. » L’appartemen­t vidé de son occupante, c’est une nouvelle personne en situation d’urgence qui bénéficie de ce toit temporaire. En espérant la même issue positive que Muriel. «C’est simple, sans le CCAS, sans ces gens formidable­s, je ne serais sans doute plus de ce monde… » 1. Nous utilisons un prénom d’emprunt pour préserver son anonymat. 2. Adema (novembre et décembre 2016) puis SIL Evert’Mentiel (janvier à fin mai).

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(DR) Les deux travailleu­rs sociaux du CCAS de Beausoleil ont accompagné Muriel jusqu’à sa récente réinsertio­n dans le milieu profession­nel. Ici, dans le logement temporaire géré par la structure.

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