Monaco-Matin

Déception caractéris­ée

C’est dans la tête et l’engagement que les Aiglons ont perdu le derby disputé au Vélodrome. Même émoussé, l’OM en voulait plus que le Gym. Un constat qui se répète au fil de la saison

- WILLIAM HUMBERSET

La scène est cocasse et résume bien la pression qui peut habiter le Vélodrome : une dizaine de journalist­es assiste à la fin de Caen-Monaco devant un téléviseur installé près du buffet presse. Puis le deuxième but de l’ASM et la bourde de Vercoutre suscitent soudain quelques onomatopée­s bruyantes. Un chargé de sécurité s’approche alors. « Messieurs, lors de la rencontre, pas d’effusions de joie en tribunes s’il vous plaît en cas de but niçois. Des supporters sont tout autour de la tribune de presse. Il y a déjà eu des problèmes contre Leipzig, si on peut éviter que ça se reproduise... » Excitées par la belle soirée de Salzbourg et l’enjeu européen que confère la fin de saison de Ligue 1, 55 000 personnes étaient prêtes à encourager l’euphorie chez les hommes de Garcia pour faire oublier la fatigue des 120 minutes disputées plus tôt. Pour les Aiglons, l’enjeu était clair avant le coup d’envoi : étouffer la grosse entame de match promise par les Olympiens, confisquer le cuir, les faire courir et les punir à la moindre opportunit­é.

« Avec cette équipe, on a l’impression de jeter une pièce en l’air... »

« C’est tout à fait dans nos cordes, confiait un intime du vestiaire. Le problème, c’est qu’avec cette équipe, on a l’impression de jeter une pièce en l’air. On ne peut jamais prévoir si elle va ou non répondre aux attentes et au plan de marche fixé. On l’a vu sur toute la saison, et encore sur la première mitemps à Strasbourg. » Même le talent de Balotelli et une dizaine de bonnes minutes dans la conservati­on n’empêchaien­t pas aux hommes de Favre de prendre l’eau dans les duels et l’engagement. « Sans qu’on ne sache vraiment pourquoi, » insiste une source proche du collectif. A force de répéter ce genre de couacs dans l’agressivit­é, la question d’un cruel manque de caractère dans ce groupe niçois s’impose. Face aux muscles de Zambo Anguissa, l’énergie de Bouna Sarr et Amavi, les Rouge et Noir sont passés pour des enfants. « Ça allait à deux mille à l’heure. On s’est fait bouger, » avouait un Aiglon en privé. Dante avait pourtant promis « qu’il fallait laisser sa peau » sur ce derby. Que comme les 37 et 38es journées, c’était une « finale pour l’Europe. » On ne voit pas comment ce collectif pourrait gagner une coupe s’ils disputent des finales avec cet état d’esprit-là...

Des erreurs en “Seri” chez Saint-Maximin

Dépassé derrière, le Gym a sombré au milieu de terrain. Seri, Cyprien, Lees-Melou, il n’y en a pas eu un pour sauver l’autre. Mais forcément quand le leader technique n’est pas au niveau, ses lieutenant­s coulent très souvent avec. Et l’Ivoirien, qui a récemment avoué avec beaucoup de lucidité être « déçu de sa saison » (1 but, 6 passes en L1), n’a pas trouvé les ressources pour se remobilise­r dans le sprint final. Au moment où le Gym en a le plus besoin. L’autre grande déception de la soirée concernait Allan Saint-Maximin. Et ça fait bientôt deux mois que c’est le cas. « Il y a une période où il a été très bon cet hiver, là il retombe dans le dur, confie un proche du joueur de 20 ans. Mais je trouve qu’on est trop dur avec lui en général. Il avait quand même ridiculisé la défense du PSG sur son but (1-2), quand il part de son camp. Très peu de joueurs peuvent faire ça à Thiago Silva, Marquinhos et Berchiche. Mais on attend qu’il fasse ça à tous les matchs maintenant ! Mais ça dépend aussi du centre, de la qualité de passes qu’il reçoit... Il dépend des autres lui aussi. Et quand ça va moins bien autour, forcément c’est plus difficile pour lui. » Auteur de 4 buts et 9 passes toutes compétitio­ns confondues (2b, 7p en L1), l’ailier droit est un joueur frustrant quand il livre des prestation­s brouillonn­es comme celle de dimanche soir au vu de ses qualités de vitesse et de percussion. « Les autres jouent à 18 km/h quand lui il fait tout à 32 à l’heure, poursuit notre interlocut­eur. Son souci, c’est qu’il veut courir, centrer, tirer et reprendre de volée en même temps ! Il n’a pas encore trouvé cet instant de tranquilli­té, il veut tout faire trop vite et ne freine jamais. Et quand il est arrêté, c’est fini... Il reste coincé contre la ligne, et si on ne lui donne pas le ballon tout de suite, il ne propose pas d’autre déplacemen­t et se retrouve oublié pendant 3-4 secondes. » Son potentiel incroyable doit laisser le temps faire son oeuvre. Mais une course à l’Europe a des impératifs autre que la patience.

Balotelli, l’OM et Puma

Seul Balotelli aura été au niveau de l’événement à Marseille. Buteur et très bon dans ses déviations, l’Italien a confirmé combien il était taillé pour les grands-rendez vous. Avec désormais 41 buts en 64 matchs sous le maillot du Gym, Super Mario s’offre le droit de rêver à un club plus huppé pour sa prochaine saison. C’est un acquis, il quittera l’OGC Nice cet été. Lui espère l’Italie et le fait savoir à qui veut l’entendre. Directemen­t ou par le biais de son agent, Mino Raiola. Giuseppe Marotta (directeur sportif) a déjà déclaré que ce ne sera pas à la Juve et que ce soit la Roma, le Milan, l’Inter ou Naples, personne n’a manifesté un intérêt respectif pour le moment. A défaut de retrouver la Serie A, l’attaquant de 28 ans pourrait retrouver la Nazionale. « Si Roberto Mancini est nommé sélectionn­eur, il le rappellera, décrypte Alessandro Grandesso, correspond­ant en France pour la Gazzetta dello Sport. Il a toujours eu une grande affection pour Balotelli. D’ailleurs quand Mario écrit quelque chose sur les réseaux sociaux, Mancini est le premier à “liker”. » La nomination pourrait intervenir ce mois-ci et favoriser la présence de Balotelli pour le France-Italie du 1er juin à l’Allianz Riviera. De quoi faire ses adieux officiels à Nice. Avant de rallier Marseille ? Son profil plaît beaucoup à Rudi Garcia et Super Mario adore la ferveur du Vélodrome. Un dernier argument pourrait favoriser l’opération : l’Olympique de Marseille va changer d’équipement­ier la saison prochaine et passer en Puma. Or, Balotelli est l’une des principale­s égéries de la marque allemande et elle pourrait bien participer financière­ment à l’opération pour en faire la tête de gondole de sa nouvelle aventure commercial­e sur le Vieux-Port.

 ?? (Photo PQR/La Provence) ?? Balotelli a marqué son but sous le maillot du Gym. Mais c’est l’OM d’Amavi qui avait le plus faim de victoire dimanche.
(Photo PQR/La Provence) Balotelli a marqué son but sous le maillot du Gym. Mais c’est l’OM d’Amavi qui avait le plus faim de victoire dimanche.

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