Olivier Dacourt partage sa «part d’ombre» avec l’ASM
En l’absence de cadres, de jeunes Asémistes batailleront ce soir (21 h) à Louis-II, face à Saint-Etienne, pour reprendre la 2e place à Lyon. Des espoirs sensibilisés à la pression par l’ancien international
Ce sont tous des joueurs dits fuoriclasses. Des champions incontestables, des surdoués, des idoles. Leurs noms évoquent des moments de grâce, des colères, des victoires, des buts, des polémiques, des titres… Pourtant, le chemin de leur ascension n’a pas été pavé de roses. Leur réussite pas toujours regardée d’un bon oeil. Par leur faute, parfois, par incompréhension ou préjugés du public, souvent… Ils s’appellent Thierry Henry, Zlatan Ibrahimovic, Franck Ribéry, Eric Abidal ou Antonio Cassano. Ils n’ont jamais gagné le Ballon d’Or, même si certains sont passés tout près, mais tout fan de foot qui se respecte déborde d’anecdotes et de souvenirs à leur sujet. Ils ont tous accepté de témoigner à coeur ouvert dans un documentaire signé Canal + et orchestré par l’ancien international et triple champion d’Italie, Olivier Dacourt.
«Si ça touche, c’est bien»
Dacourt, un besogneux du rectangle vert aujourd’hui consultant TV et missionnaire auprès des écoles de journalisme comme des centres de formation. Dernièrement, c’est aux jeunes de l’Academy monégasque que l’exigeant professeur est venu faire la leçon. « On est vraiment dans la transmission, se servir de sa carrière pour pouvoir les aider. Si ça touche quelques jeunes joueurs c’est bien. » Alors que la pluie tombe sur le Louis-II, la projection de Ma part d’ombre se tient dans les salons d’honneur ce jour-là. Une toile à l’abri. Sans pop-corn ni boisson, mais avec passion. La lumière s’éteint, le silence règne durant 1 h 30. Seules quelques saillies d’Ibra décrochent des rires. Quelques actions d’anthologie ou paroles font briller les yeux mais le ton est dur à l’écran. Critique. Les champions défilent sur la bobine pour raconter leur «part d’ombre». Cette cicatrice enfouie – ou apparente (Ribéry) – transformée en moteur, en supplément d’âme. Pourquoi Ibra se dit victime de « racisme » en Suède. Comment la famille d’Adebayor a pillé son argent jusqu’à lui donner des envies suicidaires. Comment Abidal a survécu à un cancer du foie; Ribéry surmonté les moqueries, Henry les quolibets et Cassano payé sa folie. Comment, aussi, Dacourt a rebondi après la perte d’un coéquipier au centre de formation. « Ils ont pu voir à quel point certains
joueurs rencontrent des difficultés et en font une force », témoigne Dacourt avant de tendre le micro.
« L’exemple Secret Story »
Les langues peinent à se délier, alors celui qui a fait ses armes à l’époque du RC Strabourg de Gilbert Gress provoque. « Si vous n’arrivez pas à parler maintenant, ça va être compliqué de faire carrière. On voit déjà ceux qui ont une personnalité… » Bim! Face à lui, de jeunes adultes qui, pour certains, évoluaient encore avec un certain Mbappé la saison dernière. Un extraterrestre devenu cas d’école sur le tableau noir de Dacourt. « La presse peut conditionner certaines choses, bonnes comme mauvaises. Il faut faire abstraction de ça. On vous monte et vous descend mais la vérité c’est le terrain
(...). Il y a aussi les réseaux sociaux qui polluent. Mbappé a été vendu 180 millions alors qu’il y a un an et demi personne ne le connaissait. Aujourd’hui, il est reçu par Macron avec George Weah. Si le gamin n’a pas la tête sur les épaules, ça peut être destructeur. » D’autant que le sport collectif le plus populaire est aussi le plus égoïste. « L’exemple, c’est les Secret Story, au bout de trois semaines ils se disent tous je t’aime. Là, tu vis pendant des années avec des joueurs et le jour où tu pars tu n’as plus de nouvelles. Quand tu changes de club ou que t’es blessé, plus personne ne t’appelle… »